De l’eau a coulé sous les ponts depuis le jour où j’ai platiné Tales of Arise, la période n’ayant pas été propices à l’écriture d’une critique et mon rapport à la saga étant encore trop flou pour que je me sente légitime ou prêt à en faire une critique suffisamment constructive (je suis surement trop exigent envers moi-même) m’ont contraint à la laisser de côté. Or maintenant que j’ai bouclé et critiqué tant bien que mal les deux épisodes qui le précède à savoir Tales of Zestiria et Tales of Berseria, je me voyais mal laisser ce Arise sans son petit texte adéquat. Je vais donc faire au mieux avec les bribes d’éléments qu’il me reste en mémoire, vous me pardonnerez les possibles imprécisions et l’omission de certains détails.
Tout d’abord il convient de rappeler que Tales of Arise a bénéficié d’un développement assez long, ou du moins il est arrivé 5 ans après Berseria si l’on occulte le remaster de Vesperia (que je vous recommande aussi). Cette précision est importante car dans le cas d’une licence qui avait l’habitude d’enchainer les épisodes de manière industriel, et suite à des opus particulièrement décevant, cette coupure était une sage décision. Cependant, ce fut à double tranchant car cela a quelques peu conditionné les attentes de fans y voyant un signe d’espoir pour un retour sous les meilleurs auspices (#Pression). Mais quand est-il réellement, les fans ont-ils été comblé ou déçu ? C’est la question a laquelle nous allons tenter de répondre.
Graphisme/Design général :
La principale attente résidait dans l’aspect technique du jeu, en effet, si Tales of n’a jamais été une saga très resplendissante visuellement parlant, les deux derniers était, on ne va pas se le cacher, particulièrement désastreux. Ayant connu un développement cross gen tardif et un budget trop limité pour mettre à jour le moteur maison du studio, l’écart générationnel se faisait bien trop sentir et il était urgent de changer cela sans quoi ce nouvel opus se condamnait à un échec cuisant. Echec qui aurait sans nul doute mis fin à ses 25 longues années d’existence de la plus triste des manières. C’est déjà miraculeux que Berseria ait connu un certain succès suite au déplorable Zestiria dont la réputation n’est plus à démontrer, c’est probablement cet accueil inespéré qui a permis ce retour en fanfare. Car Tales of Arise fait effectivement preuve d’un énorme gap technique, même s’il convient de souligner que Bandai Namco n’a pas rajeunis son moteur et s’est finalement contenter d’utiliser le très célèbre Unreal Engine 4. Le jeu n’est sans doute pas la claque de l’année, d’autant qu’il arrive une nouvelle fois entre deux générations ce qui le place dans un certain inconfort, on pourrait dès lors lui reprocher d’avoir encore une gen de retard, pour autant, il serait mal avisé de ne pas s’attarder sur sa patte artistique qui comble largement cette légère lacune. Le jeu ne vous décrochera peut-être pas la mâchoire certes mais s’avère très plaisant à découvrir pour son univers chatoyant (pas mis en avant dans son introduction rocailleuse malheureusement) et ses couleurs oscillants entre le vif saturé et le pastel qui s’accordent parfaitement à son esthétique manga dans une sorte de mélange convainquant entre élément 3D et Cell Shading. On a l’impression de se balader dans un tableau aquarelle, qui plus est les map, ni trop grandes ni trop petites ne sont pas vides, la végétation, les animaux et les reliefs sont crédibles et donne vie à ce paysage bucolique.
Mais l’amélioration visuelle ne s’arrête pas là, les effets d’attaque et de sort sont également flamboyant et dynamise les combats sans les rendre illisible tandis que les animations des personnages lors de cinématique mettent davantage l’accent sur les expressions faciales afin de renforcer notre empathie et l’émotion qu’elles dégagent. En revanche la déception se fait ressentir concernant les Saynètes puisque celles-ci ne sont plus dessiné, ce qui enlève une bonne partie de leur charme et éloigne d’autant plus le jeu de ses fondations manga. Paradoxalement elles sont mises en scène façon bande dessiné avec un découpage en case, ce qui rattrape un peu le coup. Ajoutons également que du fait les saynètes ne soit plus dessinées mais uniquement stylisées en reprenant les modèles du jeu, celles-ci intègrent nos skin et accessoires, ce qui a l’avantage de renforcer leur cohérence car il est vrai que dans l’ancienne formule cela pouvait être étrange de s’habituer à un costume pour un personnage et de retrouver celui d’origine lors des saynètes. Concernant les (rares) cinématiques je vous rassure elles ont conservé leur animation et sont d’ailleurs plutôt soignées.
Histoire/Personnages :
Avec toutes ces années de développement la communauté de fans s’attendait également à un scénario plus soigné, la série n’étant pas non plus réputé pour exceller en la matière. Malheureusement je suis au regret de vous annoncer que sur ce point l’évolution est assez minime. Comme le laissent présager les trailers et comme pour confirmer le virage entrepris par Berseria, les personnages sont plus matures et l’histoire plus sombre même si on reste dans un ton shonen. La première moitié du jeu notamment aborde la question de l’esclavage/de la soumission sous plusieurs formes, la notion de liberté en somme, c’est intéressant mais malheureusement extrêmement superficiel et uniquement en sous texte. Le dernier tiers du jeu en revanche part dans un délire assez étrange et résous trop rapidement ses sous intrigue de manière ultra capillotracté, le tout avec des couloirs de dialogue ou de lecture plutôt indigeste, sans compter que les ennemis deviennent de gros sac à PV dans cette dernière partie. Un final qui gâche en grande partie l’aventure déjà suffisamment en dent de scie. Ce n’est donc toujours pas avec cet opus que je ressors conquis, dommage, ce n’est pas passé loin cette fois.
J’ai déjà abordé le cas des saynètes dans la partie graphisme (puisque c’était surtout pour parler des leur apparence) je ne vais pas revenir dessus, toutefois j’ajouterais qu’une petite nouveauté s’est glissé dans cet épisode, il y a désormais des feux de camps dont le concept/la fonction est repris de Final Fantasy XV (profitez de ce moment de grâce, pour une fois je ne le cite pas en mal), y dormir donnera lieu à des conversations supplémentaires.
Au sujet des personnages, je me souviens avoir pas mal apprécié Rinwell et sa complémentarité avec Law, avoir été émue par la condition et l’histoire de Shionne et avoir été déçu par le cliché du héros amnésique. Kisara savait également se montrer attachante en plus d’être badass, en revanche Dohalim ne me plaisais pas des masses, je le trouvais relativement antipathique compte tenu de son snobisme. Sinon on se tape le sempiternel « rival » Dark Sasuke sans réelles aspirations et ça c’est vraiment dommage car comme dit l’adage
« une bonne histoire c’est avant tout un bon méchant »
et ce serait bien que Namco apprenne ce dicton pour leurs futur productions…
Gameplay/Contenu :
Là ou Arise sort vraiment son épingle du jeu c’est dans le gameplay, dépoussiéré, revisité, modernisé avec les bases esquissées par Zestiria et Berseria. On retrouve notamment le principe de transformation avec l’épée ardente bien que j’aie longtemps galéré à comprendre son utilisation. Les ennemis (surtout les boss) ont désormais des zones de point faible qui sont malheureusement souvent très compliqué à cibler (un point crucial à améliorer dans les futur jeux) et puisqu’on en parle, le bestiaire est assez faiblard et joue trop souvent la carte du « color swap ». Mais la vraie nouveauté se situe dans les attaques combinées, véritable spectacle pyrotechnique dont l’utilisation applique des effets à l’ennemis (ralentir ses coups, stopper ses Artes, diminuer sa défense, etc), le hic c’est que ces effets semblent à peine perceptibles et qu’on va devoir surexploiter ces attaques spéciales jusqu'à l’overdose… J’espère donc qu’à l’avenir ce concept sera conservé mais rééquilibré pour lui donner une véritable dimension stratégique car cela pourrait faire des merveilles.
Pour ce qui est des équipements, Arise dispose d’un système de forge très basique (ce n’est pas un reproche), pas de mini-jeu comme la transforge de la Dragon Quest XI (dieu soit loué), il suffit d’avoir les bons objets dont la collecte n’est généralement pas trop ardue ce qui permet de ne pas trop dissiper son attention sur du farm redondant dans l’espoir d’obtenir un objet rare. Le système dévolution est quant à lui assez cool et réinvente intelligemment le concept des titres, en gros chaque titre ajoute une roue comprenant 5 compétences plus ou moins cher en PC que vous pouvez dépenser comme bon vous semble. C’est souvent assez cher surtout sur la fin mais globalement la progression est constante et se ressent. Il vous faudra normalement plus d’une partie pour obtenir l’intégralité des titres et aptitudes associés, toujours dans l’optique d’accorder une plus-value de rejouabilité chère à la saga.
Niveau contenue on a les habituels boss optionnels (monstres surpuissants), des mini-jeux plutôt sympa (pèche également reprise de FFXV et la recherche des hiboux qui octroie des cosmétiques), des quêtes annexes (fedex pour la plupart mais pas relou dans l’ensemble) et des donjons post game avec des boss (les fameux visiteurs d’ancien Tales of) franchement sympa a combattre (Cronos en particulier et si comme moi vous visez le platine il sera indispensable de le refaire plusieurs fois pour xp, le farm n’aura jamais été aussi plaisant). Le jeu est donc assez complet pour vous occuper un moment, comptez 40-50h pour finir le jeu, 80-90h pour obtenir le platine.
Musique/ Doublage :
Aaah, enfin des musiques orchestrales sur tales of ! Si les compositions de Motoi Sakuraba ne sont toujours pas au niveau des grand maitre du genre, elles prennent ici une nouvelle dimension avec plus de corps, de nuance, de complexité. Elles accompagnent très bien le récit, les joutes et nos balade champêtre. En revanche on regrettera leur nombre limité et l’absence de leitmotiv, c’est somme toute très sommaire mais ça fait le taf. Mention spéciale à la musique du château de Dohalim qui, par certaines sonorités et ses notes lancinantes, m’a rappelé un peu le style Koichi Sugiyama (Dragon Quest) ou Yoko Shimomura (Kingdom Hearts et FFXV) sans en égaler la virtuosité bien sûr.
Comme d’habitude, on a le choix entre un doublage Japonais ou Anglais, toujours de très bonne facture dans les deux cas, j’ai toutefois une grosse préférence pour le doublage anglais, plus nuancé. En contre partie de ce choix audio la synchro labial ne peut bien évidement pas s’adapter aux deux et est par conséquent assez sommaire et imparfaite mais bon, le style n’étant pas réaliste ce n’est pas vraiment dérangent ne vous inquiétez pas, la suspension consentie d'incrédulité se chargera de vous faire oublier ce détail.
Conclusion :
C’est regrettable qu’après 5 années ils arrivent sans moteur maison et avec des idées innovantes mais aussi mal exploités, on se demanderais presque ce qu’ils ont fait de ce temps supplémentaire. Voilà pourquoi je parlais de hype à double tranchant en introduction, on est à la fois content de l’évolution apporté et un tout petit peu déçu du résultat. Cette pause était salvatrice mais le résultat reste encore une demi mole, ça ne monte qu’à 6.5 dans mon pantalon (et oui ça va jusqu'à 10, ne soyez pas jaloux).
Sans révolutionner totalement la série, Tales of Arise modernise néanmoins la formule à tous les niveaux pour notre plus grand plaisir. Si le jeu n’a pas encore atteint la perfection, le pari reste donc majoritairement réussi pour le studio qui est parvenu à raviver la flamme de sa créativité et la passion de ses fans. Manifestement ce dernier né est le plus grand succès de la licence, touchant probablement un publique plus large grâce à son visuel plus attrayant et sa communication renforcé. La tactique s’avéra payante, comme quoi c’est ce n’est pas une mauvaise chose que d’écouter sa communauté et d’apprendre de ses erreurs passées. N’en reste pas moins quelques défauts d’écriture et d’équilibrage sur certains aspect mais c’est à mon sens le meilleur opus à ce jour et j’ai grande hâte de voir ce que la suite nous réserve tant cela promet un avenir radieux pour cette saga qui semble enfin reprendre du poil de la bête. Je conseille par conséquent à tous les néophytes de commencer par ce dernier, à moins que vous ne préfèreriez une approche plus old school en quel cas je vous recommande le remaster de Vesperia.
PS : Ce fut mon premier jeu next gen après la mise en bouche Astro’s Playroom et je dois dire que voir un jeu digne d’une PS4 tourner à 30fps en RT 4k fut une sacrée désillusion compte tenu des promesses faites par les constructeurs (d’autant que j’avais le même résultat sur la démo PS4 Pro). En revanche les chargements qui ne durent pas plus de 2s et l’installation du jeu ultra rapide c’est un vrai plaisir !