Des humains, des esprits, du mana : un J-RPG
Le J-RPG est-il mort ? La question hante les esprits des aficionados comme moi depuis que les licences occidentales ont pris le pas sur la sortie de nos RPG nippons favoris. Et la discussion n'est pas vaine. Depuis quand 'n'a-t-on pas eu un bon J-RPG qui fait l'unanimité ?
En fait, je pense que nous n'en auront plus, car le genre porte en lui les caractères génétiques qui font que aujourd'hui, avec un jeu vidéo plus adulte, plus mature, un J-RPG peut difficilement être unanimement apprécié.
Pour ma part, Tales of Xilia est le premier opus de la série des Tales Of a passer entre mes patounes. J'avais vu un peu au hasard la bande-annonce durant les grandes vacances, et ça a titillé ma sensibilité d'amateur de J-RPG.
Et s'agissant de ce genre, Tales of Xilia va faire une mixture avec les ingrédients les plus traditionnels et les plus anciens qu'on connaissent, sans atteindre pour autant (il faut bien l'admettre à ce moment de l'écriture) l'excellence dans le classique du récent Xenoblade Chronicles.
Un J-RPG, ce sont d'abord des personnages qui répondent à un code précis. Le code est dument respecté, puisque notre duo de héros (parmi lesquels vous pourrez choisir un personnage principale en tout début d'aventure) sera constitué d'une belle jeune femme bien habillée cosplay (tendance mini-jupe et longues jambes) avec une bonne tête d'héroïne Japan-Fantasy (cheveux longs avec plusieurs couleurs) et d'un jeune chercheur a priori très brillant car il semble être devenu chercheur à 16 ans, très timide (mais bien bagarreur) dont notre aventure va servir de voyage initiatique.
Déjà, on est pas perdu ! Mais ce n'est pas tout, car dans Tales of Xilia, vous aurez également droit :
- au chasseur de prime vainqueur du 1er prix de la nonchalance, dont les motivations resteront bien mystérieuses jusqu'à un certain point de l'aventure
- au patriarche de la bande au passé glorieux, mais devenu depuis un humble serviteur, au fort charisme et adepte du romantisme
- à la fille un peu niaise ami d'enfance du héros, un peu amoureuse de lui et potentiellement jalouse de sa relation avec l'héroïne principale
- à la gamine qui ne connait pas son passée, accompagnée de la peluche bizarre et barrée, mais qui maîtrise déjà à 12 ans les arts occultes
Et je vous passe la galerie des méchants, tous mieux habillés et coiffés les uns que les autres (sauf les méchants un peu moins inquiétants qui sont surtout ultra-baraqués).
Et l'histoire fera également dans les chemins bien connus du registre, puisqu'il sera question de la co-existence des humains et des esprits, ainsi que de mana. Un scénario qui fera bien entendu la part belle aux rebondissements, et qui rappellera un peu celui de Final Fantasy VI, pour ceux qui connaissent.
Attention, je ne voudrais pas que mon ton un peu ironique envoie de mauvais messages : ce manque d'originalité apparent de ToX n'est pas une tare en soi. Juste un constat qu'on est dans un genre qui a parfois du mal à se renouveler.
La principale critique que je ferais à Tales of Xilia est un calibrage perfectible du rythme du jeu. En effet, la première grande partie du titre se développe de façon très lente, à la fois dans le scénario et dans le gameplay. L'histoire, dont on sent le potentiel, avance à tous petits pas, et à part faire de l'exploration de lieu, il ne se passe pas grand chose. Et vous aurez la même impression pour le gameplay, car les combats (dont nous reparlerons plus tard) ne se dérouleront pas à équipe complète, ce qui en changera considérablement l'équilibre. Au surplus, il y a tout au long du titre quelques petits problèmes de narrations, avec des évènements qui arrivent un peu comme ça, avec une faible mise en scène, alors qu'ils constituent des avancées notables dans le scénario ou le background des personnages.
Fort heureusement, avec un peu de patience (une dizaine d'heure quand même avec un rythme moyen), le moteur va accélérer et vous rentrerez plus intensément dans l'aventure.
Et vous allez découvrir, rassurés, que le jeu est plutôt agréable à jouer. L'aventure, une fois qu'elle se développe, est certes classique mais bien menée. Coté dialogues, il y aura bien sur une part d'échanges un peu niais sur l'amitié ou l'intérêt de sauver le monde, mais il y aura aussi tout une part de discussions assez drôles ou décalées avec un côté un peu sexy-provocateur ou encore les interventions parfois surréalistes de Millia, notre héroïne qui est en fait l'incarnation du seigneur des esprits et n'a en conséquence par nature aucune empathie ni aucun caractère vraiment ... humain. Amusant !
Mais un J-RPG c'est aussi et avant tout un système de combat. Pour le coup, c'est plus du côté de Star Ocean 3 que ToX va chercher son inspiration. Pas de tour par tour ici mais un système en action directe avec ciblage sur l'ennemi à occire et, en plus de l'attaque classique, la possibilité d'affecter un certain nombre de coups spéciaux en raccourcis. Bien entendu, vous aurez la possibilité de créer divers combos à partir de ces combinaisons. Puis, en vous liant avec d'autres personnages, vous aurez également la possibilité de lancer des combos groupés, puis une espèce de fury composée de plusieurs combos.
Le système de combat est assez réussi même si les premiers combats, notamment quand on ne dispose pas de l'ensemble de son équipe, semblent un peu vides et sans intérêt. Avec l'ensemble de vos 4 personnages, ça valdingue dans tous les sens et ça enchaine les combos et les fury. Un joyeux bordel, agréable à jouer. A noter que, en ce qui me concerne, les combats sont quand même très orientés vers l'attaque, les mouvements de défense n'étant pas particulièrement intuitifs à placer. Pas grave ...
Côté technique, on ne peut pas spécialement dire que Tales of Xilia soit particulièrement beau. Ça sent un peu l'ancien, comme Xenoblade à l'époque, sauf que là, en plus, on est en HD (enfin 720p). Cette petite faiblesse sur les graphismes ne nuit néanmoins pas trop au plaisir de jeu, si ce n'est que quand les développeurs en rajoute en nous sortant certains environnement relativement pauvres, on se met par moment à pester.
Fort heureusement, vous parcourez de nombreux lieux exotiques, assez remplis, avec de nombreuses interventions de votre équipe et de nombreux dialogues à écouter ... ou pas. Un point positif pour l'immersion et l'accroche avec les personnages. Au niveau de la musique, rien de désagréable mais - je trouve - peu de choses extra-ordinaires et surtout, l'impression que certaines musiques, notamment dans les lieu de liaison entre deux endroits stratégiques, reviennent un peu trop souvent.
Et pourtant "elle tourne" ! Malgré ses défauts et un classicisme parfois prononcé, Tales of Xilia fonctionne. Beaucoup de contenus, des mécaniques de jeu et de combat qui ont fait leurs preuves, un monde agréable à explorer (avec possibilité bienvenue d'utiliser des raccourcis par moment), une quête principale assez bien menée pour nous accrocher.
Tales of Xilia est un bon jeu, recommandé à tous les amateurs de J-RPG, mais qui ne saura définitivement pas convaincre ceux qui n'ont jamais trouvé d'intérêt au genre. C'est dans ses gènes !...
- Critique écrite après 30 heures de jeu, sans l'avoir fini -