Un voyage pour petits et grands
Alors que nous joueurs un peu cons, nous nous sommes rués cette année sur des consoles qu’ils valent un tiers de notre salaire pour jouer à des jeux indés et moult portages. Pendant ce temps-là, la PS3 fait sa dernière année officielle en mode baroud d’honneur en proposant une année 2014 dantesque avec des jeux comme Lighting Returns, Dark Souls 2, South Park, Mugen Souls Z… Merde. Attendez, je rectifie, 2014 c’est la Big Year des Roleplayiste pauvres (ta mère j’invente aussi des mots).
Bref, c’est sur ce festival de jeu de rôle qu’arrive en Europe avec SEULEMENT deux ans de retard par rapport à la version jap, Tales of Xillia 2. Ouep, 2 ans d’intervalle entre la sortie européenne et japonaise Why ? Parce que malgré que le J-Rpg reste généralement plus un jeu vidéo au sens propre que toute la plèbe des jeux AAA scripté occidentaux, il est moins populaire à cause de ces caractéristiques étriquées, on a beaucoup (trop) de blabla, le système de combat est certes ultra complet, mais bordélique bien souvent, les personnages sont stéréotypés au possible et le scénario malgré la tonne de lignes de script, c’est souvent chiant comme la pluie, dur dur à vendre pour le département marketing quand on est complètement aux antipodes de la production occidentale et des habitudes de consommation de ses joueurs.
Mais merde qu’est ce que c’est cool à jouer, généralement on est très peu déçu de cette catégorie de jeu si on prend le temps de s’y atteler, c’est la seule condition sine qua non pour y prendre plaisir. Bien sûr la saga Tales of fait partie des pionniers et des faire-valoir de la catégorie. Série de J-RPG populaire au Japon, connu que seulement une poche de fans en occident depuis 2004 avec la sortie du populaire Tales of Symphonia sur GameCube, cette licence depuis 1995 tient une ligne de conduite exemplaire, dans le sens où elle ne sait pas transformer en foutoire de artwork raté qu’est devenu Final Fantasy avec les travaux de Tetsuya Nomura, elle a toujours su resté simple à l’image de YS.
Le design des personnages et des décors de Kosuke Fujishima reste correct teinté de la culture animée, partie du business qu’il connaît vu qu’il est Mangaka et créateur de Ah My Godness! Les cutscene entièrement animés quant à elle sont produits comme pour le précédent épisode par le studio Ufotable qui a gagné huit fois d’affilées le nom d’entreprise le plus chelou de l’année devant Cochonou et Flunch.
La production du jeu est toujours assurée par Tales Studio, la musique est composée par Motoi Sakaruba (Tales of, Dark Souls) produit par Hideo Baba, chapeauté par Bandai Namco et conçu par le trio Okumura, Inomata et Fujishima, bref j’arrête les digressions techniques pompeuses pour me reconcentrer sur le jeu. Pour bien commencer et captiver le joueur amateur de fratricide, on commence le jeu par se prendre une branlée par son propre frère sur un port avec une esthétique jaune pisse qui n’est pas sans rappeler le très mauvais Deus Ex Human Revolution, finalement, on se rend compte que ça n’était juste un rêve. Notre héros se réveille habillé de son magnifique pant-cravate japonnais et se barre en courant voyant qu’il était en retard pour l’école, sans prendre de douche, sans rien manger, sans faire sa crotte du matin, bref on a affaire avec un ado extraordinaire.
Finalement, on se rends compte que son Bac ES, il a passé depuis belle lurette et se retrouve dans une grotte avec son frère et ses sbires pour la sacro-sainte épreuve de la corporation Spirius Corp, et là je m’arrête deux secondes pour pouvoir faire un CHOIX, des choix, il y en aura plein dans ce jeu, autant que Mass Effect 2 et aussi poussif qu’Heavy Rain, je crois que chez Bandai Namco, ils ont découvert que les jeux Bioware cartonnaient chez les occidentaux alors ils se sont tout bonnement dit, tiens ? Si on faisait la même chose ? Sauf que les développeurs ont poussé le trip à un niveau très élevé du genre à se poser la question que si Tales Studio n’a pas engagé David Cage en tant que consultant, à chaque question d’un des protagonistes, le jeu se met en pause avec un son de rasoir électrique en marche qui rase des poils de zboub et nous mets deux choix en parallèles, du genre qu’est ce qu’on va manger ? Du riz ? Des omelettes ? (exemple véridique).C’est fait avec une telle lourdeur d’un gros tas de merde de commercial coincé dans son bureau que je trouve le principe hilarant.
C’est d’ailleurs un des arguments de vente du jeu de la part du fameux département marketing en balançant de la punchline aguicheuse du genre : « jusqu’où irez-vous pour sauver le monde ? » « Vos choix comptent » etc etc. Bref finalement notre héros se fait niquer par une petite brunette et fail à son examen. En parallèle, on voit un père et sa fille se refaire la cutscene final de Red Dead Redemption sauf qu’a une micro différence près, le papa se transforme en un monstre ultra badass que si on le flingue entre 23h15 et 23 h 22, une sorte de Gremlins sans l’esthétique du duo Dante/Spielberg.
En une heure de jeu, on est plongé dans un univers relevé par un doublage en américain en demi-teinte, non sérieusement la première heure de jeu montre déjà finalement les gros défauts d’une production nippone, bien sûr le scénario et les dialogues sont lourds et intrusif, il y a des cutscene mollassonnes et l’heure qui suit me fait terriblement à Mass Effect 2, les développeurs ne se sont pas empêcher de pomper l’idée du héros qui a une dette envers les antagonistes, notre héros doit les frais de soin suite à un accident avec un odieux connard comme Shepard avec Cerberus, pour ne pas arrêter là, nos dettes bloques les déplacements du personnage, ce qui donne une relation chelou entre la banquière et le héros : « Dis je t’ai filer 20 000 balles je peux y aller – NON ! ». Mais il y a un truc qui fait que j’accroche toujours au moment même où j’écris la critique, le jeu a un cachet, une personnalité malgré le faîtes qu’il soit construit comme un animé tiré en longueur, le jeu me captive.
Il y a plusieurs raisons qui explique la réussite du jeu, je ne vais pas tous les énumérer ni vous violenter avec des phrases et expressions-chocs du genre Best game 2014, je vais plutôt me contenter de quelques points qui font mouches. Premier lieu, ce qui m’a agréablement surpris, ce sont les cutscenes, certes on est loin des cutscene à la mise en scène léché produit par un Kojima en furie, mais il y a des moments où les personnages se foutent sur la gueule de façon ultra épique comme dans un excellent épisode de Dragon Ball (genre 4 sur 500), la fibre nostalgique en prend un coup et on se réjouis comme un gamin face à ses improbables pluie de fist aérien. Les FMV animés qui parsèment le jeu sont quant à elle d’excellente qualité.
Le système de combat est cool, assez complexe, mais il ne s’empêche pas de vous envoyer des messages d’aides à la fin des combats. Mais je trouve dommage dans ce système, c’est qu’on peut très bien s’en sortir en spamant comme un crétin la touche d’attaque et quelques techniques, car on peut laisser nos compagnons en automatique, je trouve que le jeu ne pousse pas assez le néophythe et le noob à prendre part complètement au contrôle de la bataille au sens complète, de plus que quand on s’applique vraiment, le jeu en devient beaucoup plus simple. Après, il me semble que cela reste un parti pris des développeurs, un gameplay hybride permettant aux jeunes joueurs ou néophytes de prendre part à l’aventure tout en laissant champ libre aux experts du genre.
À l’image de Persona, le jeu vous laisse monté l’affinité avec votre équipe pour augmenter les stats afin d’utiliser des capacités communes pour fracasser des méchants. Le scénario enfin du moins, la narration du jeu brasse très large, on a notre Macguffin qu’est de sauver le monde et d’aller au pays de Canaan puis les parallèles, qui dans toute bonne série animée, nous donnes des histoires dans des histoires avec les personnages secondaires qui ajoute aussi des cutscene supplémentaires dans les cutscene, une sorte de serpent narratif qui se mort la queue en somme.
Tales of Xillia 2 est une excellente vitrine de la série, un J-RPG généreux qui conviendra à deux types de joueurs, les jeunes joueurs et les vieux routards, à l’image de YS memories of celceta, vous plongerez dans une aventure sans fan service et de sexualisation abusive. Le jeu vous proposera de quoi vous éclater durant les 40 heures de la quête principale, même si le scénario peut paraître vain et chiant comme la pluie, les personnages ont un petit grain qui les rend tous un peu attachants à leur manière.
PS : En bonus non négligeable, il est traduit en français, plus d’excuses cette fois-ci bande de sagouins !