Maitre Iota
Il est des jeux qui remettent en question la conception qu'on se fait du jeu vidéo, Tearaway est l'un d'eux, et pour cette raison il ne pourra pas plaire à tout le monde. Parce que Tearaway propose...
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le 26 nov. 2013
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8
Tearaway démolit le très connu « quatrième mur » d’entrée de jeu en nous faisant bien comprendre que le petit héros de l’histoire, tout de papier vêtu, n’ira pas au bout de son périple sans notre aide. Et contrairement à d’autres expériences où cette pirouette scénaristique n’est que temporaire, ici le mur ne sera jamais reconstruit car tout l’intérêt de la chose se trouve justement dans la communication permanente entre le joueur et le monde virtuel. Un curieux passage entre notre monde et celui du jeu a été ouvert et Iota, une mignonne petite enveloppe destinée à délivrer un mystérieux message, a pour mission d’identifier le problème. Et si possible d’y remédier, son chemin étant guidé par le soleil où se situe notre visage, matérialisant ainsi le portail apparu quelques instants plus tôt.
Ici, l’influence du joueur sur le jeu va bien au-delà du simple contrôle du personnage. Elle est plus directe. Plus limpide. Plus explicite ! Telle qu’un doigt qui déplace une partie du décor, littéralement. Ce qui procure une sensation très étrange mais très amusante, le joueur étant assimilé à une entité supérieure quasiment omnipotente dont les actes provoquent toujours la stupéfaction de Iota et des autres habitants. Toutes les capacités offertes par la Vita sont exploitées (écrans tactiles, gyroscope, caméras,…), le jeu ne pourrait tout simplement pas exister sans ce support. L’idée est très chouette mais peut être assez déstabilisante si l’on préfère une jouabilité traditionnelle et exclusive aux boutons et aux joysticks. D’autant qu’il faut souvent intervertir entre les touches de la console pour diriger le personnage et des éléments à déclencher avec les doigts sur l’un des écrans tactiles pour libérer une partie du passage ou pour interagir avec quelque chose, ce qui fait parfois perdre légèrement la console des mains.
Le propos du jeu est loin d’être niais, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord. Le voyage que l’on entreprend aux côtés de Iota nous fait découvrir un monde de papier ingénieux et très convaincant. Je complimentais généreusement Yoshi’s Crafted World il y a quelques mois, mais c’était sans connaître le brillant travail de Media Molecule fourni six ans auparavant ! Visuellement le jeu fait preuve de beaucoup de créativité. Dans cet univers fantastique, on y rencontre des individus étranges, des situations amusantes et des lieux singuliers. Mais il apporte avant tout des petits plus qui permettent au joueur de laisser une véritable trace (bien que virtuelle) de son passage dans cet univers de papier : la possibilité de créer soi-même des éléments nécessaires à la progression, ainsi que les photos du monde réel prises au cours de l’aventure. Pour le premier cas, la surface de travail qui apparaît à l’écran propose différentes feuilles de couleur qu’il est possible de découper au doigt et de superposer afin de créer l’élément demandé. Les plus pressés et les moins créatifs d’entre nous trouverons tout de même leur bonheur dans la liste des éléments de personnalisation déjà existants.
Le roi écureuil, qui fût le premier à demander de l’aide à ma fibre créative, s’est donc retrouvé avec une jolie couronne toute neuve. Mais, en fin de compte, un peu ordinaire à mon goût. La faute à l’esprit formaté que je peux avoir parfois. Il faut faire preuve d’inventivité, s’amuser, sortir des sentiers battus. Après tout, le jeu est fait pour ça ! Le cochon désire un chapeau ? Le voici avec la casquette de Super Mario. Notre nouvel ami simiesque souhaite être plus élégant ? Le voilà vêtu d’un bikini flamboyant. Les flocons de neige sont trop communs ? Soit, il neigera des manettes de jeu vertes fluo sur la montagne. Le jeu n’est pas exigeant, on peut faire ce que l’on veut ! C’est tout l’intérêt. Du moins, avec la précision limitée permise par des doigts humains sur le petit écran de la console. Seuls comptent l’imagination et l’implication que l’on souhaite investir et qui font entièrement partie de l’expérience. Car voir ses propres créations apparaîtres de manière persistante dans le monde du jeu est la carotte qui pousse à aller plus loin dans l’aventure.
Un jeu vidéo est, basiquement, le fruit de l’interaction d’un joueur avec un système virtuel. Tearaway en est l’illustration parfaite ! Et j’ose croire que l’expérience amuserait n’importe quel type de public, aussi bien des enfants (à qui ce jeu est destiné avant tout) que des joueurs avertis, mais aussi des personnes qui ne connaissent pas le jeu vidéo. S’il y a un jeu à posséder absolument sur une Playstation Vita, pour peu que l’on soit sensible à la proposition, c’est bien celui-ci ! Tant il tire brillamment profit des différentes mécaniques offertes par son support. À mettre entre toutes les mains, petites et grandes.
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Créée
le 30 juil. 2019
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