Tekken, c'est l'histoire d'une famille plus ou moins maudite, mais surtout d'un homme, une enflure de première qui ne vit que pour la gloire et la puissance : Heihachi Mishima. Jaloux de son père, un maître artiste martial honorable et honoré, jaloux de son fils, possesseur du gène "devil" hérité de sa mère, morte en couche (autre motif de détestation du fiston), il finira par les tuer tous les deux, et tentera même d'écorcher son petit-fils, également porteur du gène. Un sympathique personnage en somme. Le mec tellement imbu de lui-même et sûr de sa force qu'il organise un tournoi de free fight où celui qui parviendra à l'emporter pourra l'affronter pour tenter d'obtenir une récompense plus qu'alléchante : la Zaibatsu Mishima Corporation, rien que ça…
S'il eût été intéressant de jouer les qualifications, on se contentera des huits finalistes, et c'est déjà pas mal. Bon, en vérité, on peut débloquer jusqu'à 10 combattants supplémentaires, dont Heihachi, pour un roster final très honnête de 18 combattants. Chacun représentant un art martial à part entière, les lauréats sont :
Kazuya Mishima, expert en karate style Mishima, qui compte bien faire payer à son paternel tout ce qu'il a enduré depuis tout petit, notamment sa chute d'une falaise à 5 piges lui laissant au passage une immense cicatrice Sagat-like sur tout le torse, lors d'un entraînement "un poil rugueux".
Paul Phœnix, rival amical (et un peu auto-proclamé) de Kazuya, utilisant le shidôkan karate, qui est un mix entre le judo, le karate et le kickboxing.
Marshall Law, grand ami de Paul et clone évident de Bruce Lee, maîtrisant logiquement l'art de son modèle, le Jeet Kune Do.
King, le catcheur mexicain qui a bien changé depuis l'époque d'Art of Fighting, est un adepte de la lucha libre. Car oui, quand t'es un combattant mexicain, t'as deux possibilités : si t'es un poids plume, tu fais de la boxe, si t'es un poids lourd, tu fais de la lutte. King avoisine les deux mètres…
Nina Williams, la tueuse venue d'Irlande, se sert d'un mix d'aikido, de hapkido et de koppojutsu pour parvenir à ses fins. Plus un outil qu'autre chose, elle a été envoyée par on ne sait qui pour assassiner Heihachi Mishima.
Michelle Chang, une amérindienne (ce que ne laisse pas vraiment supposé son nom), maîtrise différents arts chinois, principalement le kempo associé à plusieurs styles de kung-fu. Elle possède un pendentif ancestral qui intéresse fortement Heihachi.
Jack, malgré son nom à consonance anglophone, est un cyborg russe, dont le projet a débuté peu avant la chute de l'URSS. On dirait un peu le Terminator dans le corps de Dolph Lundgren, ou inversement (surtout dans les suites). C'est le bourrin de service, n'ayant pas vraiment de style bien défini autre que la force brute…
Yoshimitsu est également un peu à part, à mi-chemin entre l'humain et le cyborg, perfectionnant des techniques héritées du ninjutsu. Il se sert d'un sabre, qui fait un peu tâche quand on participe au tournoi des POINGS d'acier…
Le gameplay de Tekken est pour le genre assez inédit, puisque la base s'inspire plus ou moins du système utilisé dans la plupart des jeux d'un genre très voisin, la boxe virtuelle : chaque bouton d'action est ainsi dédié à un membre du corps, carré/triangle symbolisant respectivement les poings gauche/droit, tandis que X/O représentent les pieds gauche/droit. Pour les chopes et les coups puissants (car oui, Tekken est moins "réaliste" qu'un Virtua Fighter par exemple), il s'agira la plupart du temps de combiner deux boutons, plus parfois une direction. Si le jeu fait déjà une timide incursion dans les combos, le moveset est très moyen, les possibilités de juggles très limitées (excepté King), et la déchope pas encore d'actualité (ou alors je suis un vrai manche, mais il ne me semble pas avoir vu le CPU ou un pote déchoper ne serait-ce qu'une fois…). Dernier détail, on peut déplorer des barres de vie en plastique, qui peuvent fondre comme neige au soleil face à certains bourrins comme Jack…
Techniquement, si ça tient encore à peu près la route (bien plus que Virtua Fighter en tout cas), le poids des années se fait très largement sentir. Les décors "piquent les yeux" quand on les regardent d'un œil actuel, même si on apprécie de combattre dans des lieux réels, nommés et bien identifiés (Acropole, Venise, Chicago, Monument Valley…), ce qui reste une exception (à ma connaissance) dans la série. Quand aux combattants, ils sont détaillés mais étrangement "longilignes", effet renforcé par les persos atypiques que peuvent être Jack ou Kuma. Mais ce qui vient un peu ternir le tableau, c'est l'animation qui n'est pas des plus rapide, bien que l'ensemble soit parfaitement fluide ; cela donne une impression de lourdeur générale assez "désagréable", qui ne sera vraiment totalement corrigée qu'avec Tekken 3…
Un petit mot sur la musique, elle aussi assez atypique dans un jeu du genre, se démarquant énormément des Street Fighter et consorts en misant sur des thèmes très "atmosphériques" qui fonctionnent étonnament bien. J'en veux pour preuve les thèmes de l'Acropole et de Venise. La version PS propose même les thèmes à la fois tels qu'ils étaient en version arcade et en version remixée pour l'adaptation console. Quel dommage que ce parti-pris ait totalement disparu de la franchise depuis Tekken 3…
Enfin, ce qui trahi une dernière fois l'âge avancé du jeu, c'est son contenu. Malgré son roster plutôt honnête, même s'il pullule de doublons (Nina/Anna, Jack/P. Jack, King/Armor King…), Tekken version console est un portage pur et dur de la version arcade, et ça se ressent au niveau des modes de jeu : Arcade (le mode story quoi) et Versus, point. Et c'est pas beaucoup. Il faudra attendre Tekken 2 pour voir apparaître les Team Battle et autres Survival, de même que l'indispensable mode Training… Comment ? Oui, il y a aussi le mode Option, mais celui qui osera me dire que c'est un mode de jeu à part entière finira encastrer dans un arbre. Ouais je suis un violent. Mais en même temps, on est sur une critique d'un VS Fighting, pas sur celle d'un Mario. Quoique sur une critique Mario, je peux très bien vous encastrer dans un mur de briques ou une carapace koopa…
Bref, Tekken est un VS Fighting 3D très correct quand on le replace dans son contexte de 1995, mais qui a aussi très vite perdu de sa superbe à mesure que la baston 3D se codifiait. Aujourd'hui, un joueur n'y verra probablement qu'un jeu moche, lent, et assez limité. À l'époque, c'était un jeu honnête qui a surtout posé les bases pour le génial Tekken 2 et l'excellent Tekken 3…
EN BONUS, VOICI QUELQUES TRUCS & ASTUCES :
Débloquer Lee Chaolan : Finissez le mode arcade avec Kazuya Mishima
Débloquer Kuma : Finissez le mode arcade avec Paul Phœnix
Débloquer Wang Jinrei : Finissez le mode arcade avec Marshall Law
Débloquer Ganryu : Finissez le mode arcade avec Yoshimitsu
Débloquer Prototype Jack : Finissez le mode arcade avec Jack
Débloquer Armor King : Finissez le mode arcade avec King
Débloquer Kunimitsu : Finissez le mode arcade avec Michelle Chang
Débloquer Anna Williams : Finissez le mode arcade avec Nina Williams
Débloquer Heihachi Mishima : Finissez le mode arcade avec n'importe quel perso, sans utiliser de continues et en moins de 5 minutes 30. Un réglage un round gagnant/ difficulté easy est fortement conseillé.
Débloquer Devil Kazuya : Finissez les huit stages de Galaga à 100 % sans utiliser de continues. Notez qu'il doit y avoir un autre moyen, car j'ai bel et bien Devil Kazuya dans mon roster, alors que je ne me souviens pas avoir fini Galaga (je suis d'ailleurs une tanche aux shmups). Si quelqu'un a l'autre hypothétique solution, je suis preneur.
Double ship Galaga : allumez la console et maintenez X + Triangle + Haut sur la deuxième manette jusqu'à l'apparition du minijeu. Code un peu useless, dans la mesure où il bloque l'obtention de Devil Kazuya…
Dernière petite manip' pour finir, il est possible de remplacer l'écran de sélection de combattants du mode Arcade par celui, plus sobre, sans les photos, du mode Versus. Oui, ça ne sert à rien, mais je le donne quand même : il suffit de maintenir L1 + R1 en sélectionnant le mode Arcade.