Critique garantie 100% sans spoiler
Dernier projet de Sam Barlow, le créateur du très original Her Story, Telling Lies reprend le même principe que son aîné, à savoir une base de données dans laquelle on recherche des vidéos en FMV à l’aide de mots-clés. Au fur et à mesure des vidéos, les contours de l’histoire finiront par se dessiner, jusqu’à comprendre toute l’intrigue. On reste donc en terrain connu. Mais les moyens bien plus importants mis en œuvre suffisent-ils à corriger les défauts de Her Story et à en faire un meilleur jeu ?
Une bonne histoire, ambitieuse, bien écrite et bien jouée
Il faut comprendre avant tout que Telling Lies est bien plus ambitieux que Her Story en ce qui concerne l’histoire et les personnages. Fini l’unique salle d’interrogatoire avec l’unique actrice à l’écran, place à une bonne dizaine d’acteurs, dont les 4 principaux, place également à de nombreux lieux en intérieur et extérieur, et donc, logiquement, place à une histoire plus vaste plus complexe et plus complète que dans Her Story. Enfin, précisons aussi que les acteurs embauchés ne sont pas des complets inconnus, ce qui explique aussi le budget plus important.
Sam Barlow a donc passé la vitesse supérieure pour son nouveau projet et c’est tant mieux parce qu’il s’en sort très bien. L’histoire, dont je ne dirai rien ici, est intéressante à suivre et totalement crédible, le jeu d’acteur est excellent et c’est un réel plaisir de suivre la vie de ces personnages à chaque vidéo et d’essayer de comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire. De plus, grâce à la plus grande complexité de son histoire, on évite le principal défaut de Her Story dont le twist final se découvrait finalement assez rapidement et rien d’autre ne venait apporter de nouveaux éléments à l’histoire. Ici il y a beaucoup à découvrir et ce n’est qu’à la toute fin ou presque qu’on a enfin compris le pourquoi du comment.
Encart : c’est mieux à deux
Comme Her Story, j’ai joué à Telling Lies avec ma femme. Honnêtement, j’aurais eu du mal à le faire seul. Ce n’est pas le jeu le plus gai qui soit et il est beaucoup plus long que son prédécesseur. Alors enchaîner les vidéos les unes après les autres, c’est bien plus agréable à deux, surtout qu’on peut débattre, réfléchir à l’enquête, proposer des idées. Alors si vous en avez la possibilité, jouez-y à deux.
Un concept similaire toujours aussi efficace
Dès qu’un mot nous paraît important, il suffit de le taper dans la base de données pour qu’apparaissent toutes les vidéos dans lesquelles ce mot est mentionné. Le principe est simplissime et toujours aussi ergonomique. Sauf que cette fois-ci, le jeu est entièrement traduit en français. Les vidéos restent en anglais (tant mieux pour le jeu d’acteur), mais elles sont sous-titrées et il suffit de taper les mots en français pour rechercher les vidéos. C’est un vrai plus par rapport à Her Story.
Mais des bugs et soucis d'ergonomie non réglés
Si je m’arrêtais là, Telling Lies aurait un 8 amplement mérité. Mais c’est sans compter sur le suivi absolument honteux de l’éditeur Annapurna et/ou des développeurs. Sorti en août, le jeu avait dès le début un bug bloquant sous Windows 7. Un patch beta a été diffusé 2 mois plus tard. Aujourd’hui, soit 4 mois ½ après, c’est toujours en beta, c’est-à-dire que si tu n’actives pas l’option beta dans les propriétés du jeu sur Steam, le problème n’est pas résolu. Quand j’ai lancé le jeu la 1ère fois, j’ai eu droit à un écran noir. J’ai dû le relancer… La 2è fois, impossible de regarder les vidéos, elles sont toutes en accéléré et je ne peux rien changer. C’est le fameux bug sous Windows 7, un bug bloquant donc, qui t’empêche de jouer si tu n’as pas Win10. C’est très mal parti ! Une fois le patch bêta installé (donc toujours pas un seul patch officiel annoncé, je le rappelle), je peux enfin jouer dans des conditions décentes (avec toujours certains problèmes de lecture de vidéo, liés à Win7 j’imagine, mais bon, on va pas faire la fine bouche…). Puis je remarque au cours de ma partie que les succès Steam ne fonctionne pas à cause d’un bug, là aussi. Résultat, je n’ai débloqué aucun succès lors de ma partie.
Enfin, au-delà des bugs, il y a un vrai problème d’ergonomie dans Telling Lies. On doit quasiment à chaque fois rembobiner les vidéos qu’on regarde. Celles-ci font souvent 6, 7, voire 9 minutes et il faut rester appuyé sur la souris pour rembobiner comme sur une VHS à une vitesse extrêmement lente ! Pour une vidéo de 6min30, comptez 1 minute 30 à rester appuyé sur le bouton de la souris. C’est complètement absurde ! Et évidemment, aucun patch n’est venu ajouter une toute petite fonction pour revenir automatiquement au début de la vidéo ou pour accélérer le rembobinage.
Ces défauts strictement liés au suivi du jeu sont vraiment dommage parce qu’ils viennent entacher une expérience de jeu qui est par ailleurs de très bonne qualité.
Telling Lies est bien plus ambitieux que ne l’était Her Story. S’il reprend le même principe, il va plus loin en intégrant de nombreux personnages, tous extrêmement bien joué, plusieurs lieux, plusieurs histoires qui s’entremêlent. Résultat, de nombreuses révélations sont nécessaires pour enfin comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire très bien écrite. Telling Lies est donc bien un très bon jeu, même si le suivi désastreux vient ajouter une zone d’ombre au tableau, avec des bugs très gênants et des soucis d’ergonomie non résolus.