Je l'attendais, cette suite à The Banner Saga, un jeu de stratégie au tour par tour dans un univers nordique où l'on commande une caravane de réfugiés qui fuient une catastrophe venue du Nord, qui déverse sur le pays des hordes d'ennemis sans visage engoncés dans une armure, les Dredges. Le premier opus avait une direction artistique au charme fou, et déjà Canard PC lui avait accordé un 6/10 mesquin.
Pour ceux qui ont joué au 1, je commence par lever un doute : ce jeu n'est pas le dernier de la série. Il se termine sur une fin qui appelle un 3e épisode.
C'est donc la suite, vous pouvez importer les sauvegardes du premier opus pour continuer, et cela changera un peu le scénario selon que vous ayez gardé en vie Alette ou Rook à la fin du premier. La première heure de jeu est un peu mollassonne, car comme dans ces sagas en plusieurs tomes, on passe un peu de temps à refaire l'exposition de ce qui s'est passé précédemment, ce qui rend le jeu inutilement bavard (ceux qui ont lu Les enfants de la Terre de Jean M. Auel sauront de quoi je parle).
Le jeu reste globalement le même, avec de nouvelles mécaniques : des barricades destructibles, de nouvelles classes avec de nouveaux pouvoirs bien pensés (j'y reviendrai), une nouvelle race, les horsebornes (des centaures à la peau colorée). Le récit est encore polyphonique : on conduira tantôt Rook/Alette, tantôt Bolverk, un berserker qui se bat à 2 haches, un personnage plus froid et calculateur à la tête de ce qui reste des Corbeaux de Boersgard.
A noter que le jeu, malgré qu'il soit sorti en retard, comporte encore des glitches, notamment liés à l'invisibilité : certains ennemis pouvant devenir invisibles, cela crée dans les batailles de la fin des moments où les animations des personnages disparaissent de leurs cases. Idem, il arrive que le recadrage de la caméra dans les cinématiques de dialogues connaisse des a-coups. J'espère qu'ils patcheront.
Mais sinon, l'ambiance est toujours là, et c'est bien le principal. Il y a un peu moins de thèmes musicaux marquants que dans le premier, mais ça fait bien le travail. En revanche, le sentiment d'urgence est moins présent, car désormais certains des villageois pourront faire de la cueillette, ce qui facilie la gestion des vivres de la caravane (dommage, ça nivelle un peu par le bas le défi). D'ailleurs au début, on n'est pas à pied, mais en bateau.
L'évolution des personnages est différente : passer au niveau supérieur (on peut désormais dépasser le niveau 6) coûte moins de points de renommée. A partir du niveau 6, le personnage peut débloguer une 2e capacité. De plus, une fois le niveau maximum d'une capacité atteint, on peut améliorer à l'intérieur des capacités annexes (un % de chance d'éviter une attaque de force, d'armure, de faire un coup critique, etc...). Les objets aussi jouent offrent un éventail de modificateurs plus élaborés.
Le jeu est généreux, avec des capacités intéressantes : une mage qui peut faire apparaître sur des cases aléatoires d'une zone donnée des boosts à attraper avant la fin du tour ; des centaures archers qui peuvent empoisonner ; un voleur (dont j'ai mis du temps à comprendre l'utilité) qui peut se rendre invisible pour porter un coup critique à travers les lignes ennemies ; Bolverk, qui peut porter deux coups, le 2e étant sur une cible immédiate aléatoire, ce qui fait que ses alliés ont plutôt intérêt à rester à distance ; un personnage jusque-là peu important, Eirik, gagne en cours de partie la capacité d'appeler un ours de combat (oui oui) ; un barde qui augmente certaines capacités ; un scalde qui insulte les ennemis pour leur faire passer leur tour. Il y a aussi des talents propres aux centaures (charge, ruade...), qui ont la capacité de se redéplacer après leur attaque.
L'éventail des ennemis est aussi considérablement renouvelé : si ceux du premier volume étaient peu renouvelés, ici vous allez découvrir la faune dredge dans toute sa splendeur : bêbêtes qui peuvent se rendre temporairement invisibles, sorciers qui peuvent enduire toutes les armures dredges d'éclat qui vous reviennent dessus en cas d'attaque, mages transférant sur un allié les dégâts que vous leur infligez. Mais il y a également divers centaures, ours de combats, habitants des marais, qui vous poseront problème. Et vous allez être confronté à un nouveau Sundr, Yeux-clos, qui peut posséder les morts et disparaître de votre champ de vision.
L'intrigue politique est toujours aussi impitoyable, avec cette fois un salopard de service, j'ai nommé Rugga, l'ex-gouverneur de Boersgard, l'image même du politicien populiste qui attend son heure. Mais la menace venue du Nord se précise, et l'on revoit notre ami le serpent. Surtout, ce jeu est plus généreux en cinématiques animées que le premier, et comporte son lot de moments mémorables (Ne les lisez pas, je les mets juste pour moi-même) :
- La traversée d'un précipice par la caravane marchant sur des blocs soulevés par le mage Eyvind.
- La découverte du corps de Bellower dans le mystérieux coffre convoyé par Bolverk
- La traversée des mines de Bindal par Bolverk et sa caravane et le duel contre Closed-Eyes.
- Le combat contre le serpent.
- Le duel Iver-Bolverk.
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Je suis curieux de voir ce que donnera l'épisode 3, qui j'imagine amènera une conclusion. Cet épisode 2 de The banner saga enrichit considérablement l'univers du premier et offre un gameplay aux plus nombreuses possibilités, tout en gardant le charme du premier. Je recommande à ceux qui ont aimé le premier.