22 heures à mon actif
J'ai adoré joué à Zenith qui proposait un héros qui se foutait royalement des ficelles scénaristiques et jouait littéralement avec les codes et les clichés de Fantasy et, plus généralement, des histoires d'aventures et de chevaliers. Donc, quand j'ai découvert que The Bard's Tale, développé par InXile Entertainment, dès les premières minutes de jeu, allait être du même gabarit, voire même plus, j'étais plus qu'aux anges - donc, il faut comprendre que l'on a à faire à un jeu de type Light Fantasy. Alors, qu'ai-je pensé de ce jeu, abandonné depuis plusieurs mois dans ma liste de jeux Steam jamais installés (comme quoi, on y revient toujours) ?
Nous incarnons le Barde qui pérégrine de villages en villages en quête d'argent et de jolies jeunes femmes quand, arrivé dans un énième bourg lugubre, il fait la connaissance du... scénario, littéralement (quand je vous dis que c'est du génie), qui lui indique que si il va dans la forêt, il devrait se retrouver embarquer dans une histoire de princesse à sauver et de sorcier à détruire.
Pas plus de spoil !
Donc, concernant l'intrigue dans sa matière la plus noble, c'est du vu et revu. Le jeune héros appelé par l'aventure en quête d'une princesse à délivrer, détenue par un sorcier assis sur son trône, bon... C'est un peu la base des romans de chevalerie et le scénario commun des films "moyens" de Fantasy. De ce fait, ce n'est pas tant l'intrigue en soi qui est intéressante, mais plutôt la manière que les protagonistes et le narrateur usent pour parodier l'aventure. Et pour cela, quelques situations cocasses non dénudées d'humour (typiquement : le butin que l'on peut trouver dans un loup que l'on vient de tuer, les quêtes qui sont désignées par un curseur sur la carte, les pièges et embuscades apparentes ou, encore mieux, les fameux Élus - meilleur running gag du jeu), des discussions protagoniste-narrateur mais surtout un énorme retournement de situation concernant la conclusion de notre quête qui nous prouve que les scénaristes ont quand même bien bossé leurs clichés. Un cocktail d'auto-dérision et d'éléments parodiques qui fonctionne à merveille !
Pour ce qui est des personnages, notre Barde est attachant dans sa manière d'être et de penser en héros solitaire devant combattre pour sauver, ou condamner, le monde. Car c'est un point que l'on souligne dès le début de l'aventure, c'est un héros solitaire - plutôt contre son gré. A quoi on va ajouter une fonction sympathique et intéressante concernant la construction de notre héros : ce dernier va en effet récupérer tout au long de son aventure des partitions qui, une fois qu'il les aura jouées, fera apparaître un compagnon (une quinzaine disponible, tous ayant leur spécificité propre ; de l'archère à distance au soldat en armure lourde en passant par la danseuse à moitié à poil qui va désarçonner l'ennemi à la vieille sorcière qui soigne). Et c'est vraiment intéressant, le fait d'accentuer la solitude de notre héros avec la multiple présence de personnes non réelles - techniquement, ce sont des illusions - tout en se focalisant sur les piques du narrateur se moquant des incapacités de notre héros à réussir quelque chose avec quelqu'un. Et cette fonction primordiale est presque tout le temps... aux fraises ! Alors oui, c'est une bonne idée, ça offre de la créativité et de l'inventivité dans la manière d'aborder les différents chapitres et affrontements mais dans la pratique, nos alliés sont soit complètement stupides soit totalement faibles, ce qui peut donner des séquences d'affrontement, dans un premier temps, amusantes mais qui peuvent rapidement exaspérer... Néanmoins, on saluera cette fonction et approche du jeu.
Ce sont donc des interactions croustillantes que l'on nous propose pour cette aventure qui saura briller par cet aspect.
A l'instar de Zenith, nous sommes évidemment face à un RPG, ce qui signifie des attributs et compétences à maximiser, du matériel à récupérer et il faut qu'on en parle dès maintenant mais quel est ce principe vraiment pas ouf consistant à vendre automatiquement tes armes quand tu en reçoit une plus puissante lors de la quête principale ? Concrètement, j'aimerais avoir la possibilité de décider par moi-même quand je dois/veux vendre mon arsenal et si je dois effectivement le changer, je ne souhaite pas que l'on m'impose ce genre de choix ! Alors, certes, on peut acheter du matériel dans les grandes villes, mais on va surtout être en permanence en train d'économiser pour acheter de vieilles cartes qui ouvriront des zones sur la carte du monde pour chopper de l'équipement unique et des amulettes augmentant définitivement nos statistiques. Et quand ce n'est pas pour quelques cartes, c'est pour dépenser nos deniers dans les tavernes en boissons, qui offrent des bonus non négligeables et surtout, à durée vraiment optimale ! En plus de cela, il y aura quelques petites quêtes secondaires mais trop peu à mon goût pour être véritablement appréciées...
Pour le bestiaire, nous sommes obligés de parler des combats. En effet, nous avons un bestiaire plutôt étoffé suivant la région où l'on se trouve et ce dernier va une grande partie de notre temps de jeu vouloir nous pourrir la vie. Je m'explique : en dehors des différents tableaux/chapitres, nous circulons sur une carte qui fait drôlement penser à celle que l'on a dans le jeu Zenith : on voit le monde et nous, nous déplaçant dessus, mais on voit également les monstres se déplacer dessus et surtout, foncer sur nous dès le moment où on entre dans leur champ de vision, ce qui nous force à combattre des hordes aléatoire (en terme de nombre) d'ennemis. Des ennemis qui vont rapidement nous énerver sachant qui sont passionnés par l'ancestrale technique de la parade h24, et ça devient juste épuisant quand, au bout de notre quinzième frappe, la garde de l'ennemi ne flanche pas ; d'autant que l'ennemi (et nous compris) pouvons esquiver/parer les tirs d'arbalètes et d'arcs. Autant dire qu'au bout d'un moment, on en vient à insulter leurs parents... Et les combats, on en a vraiment partout et à deux endroits en particulier où on peut dire que c'est un peu abusé : premièrement, durant les séquences en radeau. Les plateformes sont terriblement lentes et les ennemis nous enquiquinent régulièrement, sachant que si l'on vient à être défait, il faut recommencer l'intégralité de la ballade sur l'eau (ai-je préciser que ces séquences de jeu sont horriblement longues et atrocement lentes ?). Deuxième point, et c'est plus une remarque qu'une critique négative : les tours. Durant notre périple, nous allons devoir vaincre trois gardiens nous attendant au sommet de trois tours. Chaque tour possède trois étages remplis de nombreux ennemis. Au sommet, le boss est à combattre et une fois vaincu, il faut redescendre les trois étages qui sont... de nouveaux remplis d'ennemis (des nouveaux, pas les anciens que l'on a tué - ceux sont bel et bien morts). Alors, pour la première tour, ça va encore : on découvre le jeu, on se dit que l'on va pouvoir collecter un maximum d'expérience, tout est génial. Mais au bout de la troisième tour, cela devient délicatement redondant et long... Surtout que ! Il y a une quatrième tour ! La dernière ! Dont le nombre d'étage correspondant au nombre de types de créatures que l'on a rencontré dans le jeu, soit une petite vingtaine. Alors certes, c'est une manière originale d'approcher la fin du jeu, mais quitte à faire, j'aurais aimé moins d'étages à cette fichue tour !
Donc, en clair, le système de combat n'est pas forcément le point fort du jeu et c'est dommage parce qu'on passe clairement son temps à se battre. Heureusement que l'auto-dérision nous permet d'oublier un instant que ledit système est quelque peu claqué au sol pour nous accrocher.
Concernant les graphismes, pour un jeu de 2005, force est de constater que ce n'est pas vilain, même si la vue de dessus nous empêche de voir le moindre relief sous un bon prisme. Mais dans l'ensemble, la patte graphique n'est clairement pas dérangeante.
Pour ce qui est des musiques, on arrive à une pépite. Déjà, les ambiances sont sympathiques, les quelques mélodies entrainantes mais surtout ! profession de barde oblige, tout au long de notre aventure, nous allons avoir le droit à quelques chansons pas piquées des hannetons ! Mention spéciale à ce propos aux chants consacrés aux Élus qui sont à chaque fois bienvenues !
The Bard's Tale fait donc parti de ces jeux clairement rafraichissants, qui se moque des conventions et des codes instaurés pour raconter les histoires d'aventure et réussit parfaitement sa parodie en proposant des séquences burlesques, inattendues et diablement efficaces. On regrettera cependant le système de combat qui est très clairement un frein à notre joyeuse et atypique aventure. De ce fait, je ne peux que recommander ce jeu comme j'avais pu le faire avec Zenith mais si, comme pour ce dernier, je tiens à souligner le fait que le style d'humour peut, là aussi, paraître parfois pesant et perçu comme un élément qui brise l'immersion du joueur. Mais pour ma part, c'est exactement ce qui m'a séduit !
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !