Cry Baby Cry, Let Your Mother Die
Je n'ai pas du tout accroché à Super Meat Boy, par contre j'ai rapidement été conquis par Binding of Isaac que j'avais pris par curiosité. Le gameplay est pourtant très simple sur papier : tirer sur tout ce qui bouge en explorant un donjon old-school. Mais il est considérablement enrichi grâce à la multitude des ennemis et items bonus (ou malus) fort bien trouvés, le tout servi par un humour omniprésent (comme par exemple le bonus qui baisse les prix des objets appelé "Steam Sales"). On peut même lier un pacte avec le diable pour avoir des changements de gameplay à première vue sympas mais souvent contraignants. Et oui, c'est bien un diable.
Tout le jeu est en random, et vous n'aurez donc jamais la même partie : la structure du donjon, les items, les ennemis, les pièces secrètes... tout change complètement d'une partie à l'autre. Le jeu est court mais difficile, on passe donc notre vie à chopper des game over et recommencer. Mais on ne ressent rarement cette impression de déjà-vu lassante typique des die & retry, grâce à ce système de random qui renouvelle l'expérience du jeu. On ne sait jamais sur quoi on va tomber en lançant une partie, le joueur doit se préparer à s'adapter à toutes sortes d'éventualités.
Malheureusement, Binding of Isaac se trimbale un paradoxe particulier : ce random qui est la plus grande qualité du jeu devient également son plus gros défaut du gameplay. Même si un certain skill est exigé, le sort du joueur est décidé la plupart du temps par sa chance. Au bout de quelques parties, j'ai compris comment le jeu fonctionne : au début, le jeu décide aléatoirement la chance qu'on a par rapport aux apparitions des items de vie, améliorations de l'arme, bombes, argents, clés... Personnellement, les seules parties où je suis arrivé au bout sont celles où je trouvais facilement les items qui rallongent la barre de vie. Même si j'étais peut-être lent, pauvre et mon arme peu puissante, qu'est ce que je m'en fichais vu que j'avais la barre de vie avec 16 cœurs remplis ? Au contraire, d'autres parties complètement injustes m'ont obligé à progresser avec 60 pièces d'argent que je ne pouvais même pas dépenser car je n'avais aucune clé. Ma barre de vie se résumait à 3 pauvres cœurs à peine remplis. Du coup je me suis tapé une mort pitoyable dans la solitude et la richesse inutile. Une vraie vie de riche quoi.
Certains diront que ça fait parti du charme, je dirais oui et non car y'a quand même quelques parties ultra frustrantes où on a l'impression qu'on se fait troller par le jeu.
L'univers est glauque et trash, avec un côté très gribouillis d'enfant. Certaines des trouvailles sont particulièrement folles : un cintre enfoncé dans le crâne d'Isaac augmente sa quantité de larmes, tandis que la tête de son chien arraché agrandie leur taille... La seule chose que je trouve dommage est ce traitement en flash complètement lissé qui ne colle pas trop avec le côté sombre de l'univers. J'aurais largement préféré un traitement plus "manuel" comme Machinarium, ou tout simplement comme la pochette de la BO du jeu : http://f0.bcbits.com/z/29/78/2978701030-1.jpg
En parlant de la BO, Danny Baranowsky nous livre des morceaux forts sympathiques, avec un côté old-school et un peu dark qui colle parfaitement avec le gameplay arcade du jeu.
The Binding of Isaac est donc un jeu sympathique qui ne se prend rarement au sérieux. Le gameplay à l'ancienne est agréable et riche, le challenge promet une rejouabilité énorme, et tout ça s'accompagne d'un humour particulièrement travaillé. A prendre avec l'extension Wrath of the Lamb qui enrichie encore plus l'expérience.