The Conduit était à l'origine une projet ambitieux : réaliser un FPS exploitant au mieux le hardware (limité) de la Wii, accouplé d'une jouabilité tirant parti des possibilités de la wiimote. Un pari à moitié réussi...
Pour le premier point cité The Conduit passe un peu au travers, il faut le dire.
Cela vaut d'abord pour la direction artistique, tantôt moisie (n'ayons pas peur des mots) avec ses couleurs flashy, tantôt standardisée (les soldats, les aliens qui ne dégagent aucun charisme).
Cela vaut aussi pour les graphismes qui nous offrent quelques rares textures de haut niveau (sur les armes ou les ennemis) mais le plus souvent des décors aliasés et carrés. les développeurs n'ont clairement pas produit le plus beau jeu de la Wii comme ils l'espéraient. D'autant plus dommage que le jeu est fluide en toute circonstance rendant l'expérience agréable à jouer.
Pour la jouabilité par contre les promesses ont été tenues. La configuration de base est déjà excellente et customisable qui plus est, notamment en terme de vitesse de déplacement, de pointeur... jusque dans la manipulation du demi tour.
Oui la wiimote est bien l'outil de précision qui la positionne entre le combo clavier/souris du PC et les manettes traditionnelles des consoles HD. Viser au pointeur est parfaitement ergonomique et surtout bien plus agréable et immersif, le lancer de grenades au nunchuk est grisant et les coups de crosse en mimant le geste à la wiimote sortent bien.
Mais au delà des travers de la réalisation et des réussites de la prise en main, High Voltage Software a oublié qu'un bon FPS c'est aussi de l'intérêt, du ryhtme et de la variété (entre autres).
Hélas The Conduit souffre de maux qui empêchent le jeu de marquer les esprits, voir même de juste donner envie d'y rejouer.
Ainsi le level design se révèle insipide, à coups de couloirs débouchant sur des salles clonées qui déçoivent irrémédiablement. Traverser trois fois le même laboratoire, parcourir une trame de métro où les ennemis sont à chaque wagon disposés de la même manière... quel manque d'imagination !
D'autant plus que le jeu n'est pourtant pas très riche en niveaux et pas bien long à terminer (une huitaine d'heures en normal avec beaucoup de morts).
Cela aurait pu être compensé par des objectifs multiples et passionnants mais... non ! Le jeu se résume à avancer et détruire des ennemis qui "respawnent" tant que l'on pas détruit les fameux conduits. De temps en temps il y a des valves à tourner, des émetteurs à détruire... là encore cela ne va pas chercher bien loin.
Pour en revenir au procédé des conduits, on peut trouver ça agaçant que les créateurs utilisent ce moyen pour augmenter la difficulté et forcer le joueur à foncer dans la gueule du loup. Cela révèle encore une certaine paresse dans la créativité. Pourtant l'IA n'est pas à la rue, ce qui aurait dû pousser les développeurs à se passer de ce système agaçant. Les ennemis sont capables de lancer des grenades, de se planquer, de faire le tour pour venir vous surprendre ; et leur variété se trouve être aussi correcte avec des soldats diversement équipés, des aliens qui viennent vous sauter à la gorge, vous exploser à la tronche, vous "snipe" de loin...
En plus de toutes ces tares, The Conduit pêche dans l'intérêt (de ses missions et de son scénario risible) et manque de souffle. Ce souffle aurait pu être provoqué par des combats contre des boss lourdement armés et nécessitant une tactique bien particulière pour être abattu ; mais là encore le jeu échoue avec l'absence de réels boss et seulement de gros ennemis peu mobiles et peu dangereux que l'on descendra à coups de "je tourne autour et je bourrine".
The Conduit avait de quoi réussir car ses combats contre les "petits" ennemis sont réussis, l'intégration de l'œil aussi et la wiimote fait son job mais le jeu a oublié d'avoir un level design, de vrais objectifs de mission, des moments épiques briseurs de routine et une durée de vie un peu plus poussée.
Espérons que la suite prévue corrige cela même si l'on peut craindre déjà une direction artistique similaire et des graphismes à peine meilleurs (malgré une apparente plus grande diversité dans les niveaux).