The Cosmic Wheel Sisterhood est un jeu d’aventure narratif développé par Deconstructeam, un studio indépendant situé à Valence, en Espagne connu pour Gods Will Be Watching (2014), The Red Strings Club (2018) et Essays on Empathy (2021).
Il est publié par les brillants Devolver Digital et se trouve désormais disponible sur Steam et Nintendo Switch depuis le 16 aout 2023 au prix de 17.49€ avec -10% pour le lancement.
Dans The Cosmic Wheel Sisterhood, on incarne Fortuna, une sorcière cartomancienne qui vit en exil sur un astéroïde depuis plus de 200 ans. Dans l’espoir de retrouver notre liberté et très clairement épuisée émotionnellement, on scellera un pacte avec une créature interdite que l’on appelle les béhémoth.
Grâce à son aide, il nous sera désormais possible de recréer un tout nouveau paquet de cartes de divination. Celles-ci nous avaient été confisquées par la patronne de notre loge de sorcière suite à une de nos précédentes séances de divination.
Fortuna ayant prédit la destruction pure et simple de notre loge et par souci de bienveillance, elle en avait informée les autres sorcières. Mal lui en avait pris, car la panique a gagnée la cœur et l’âme de nos sœurs et la patronne de la loge l’a bannie purement et simplement.
The Cosmic Wheel Sisterhood est avant tout une aventure qui se doit d’être jouée dans une seule sauvegarde, car il n’y aura pas vraiment de bons ou de mauvais choix. Il sera non seulement possible de choisir parmi énormément de voies narratives, mais également de suivre le tirage de nos cartes.
Je préfère directement préciser qu’il est possible de ressentir de l’anxiété ou encore de la culpabilité lors d’un tirage de carte décisive. Le résultat du tirage est non seulement aléatoire, mais il ne nous proposera que quelques interprétations (2 ou 3 au mieux) qu’il conviendra de choisir en son âme et conscience!
Rassurez-vous toutefois, The Cosmic Wheel Sisterhood n’est pas qu’un simulateur de mauvaises nouvelles et de prévisions de cataclysmes inexorables. Il sera surtout question de renouer avec nos meilleures amies sorcières et d’en rencontrer de nouvelles toutes aussi passionnantes.
Dans The Cosmic Wheel Sisterhood, pas de carte piège!
Il faut savoir que le jeu dispose d’environ 200 000 mots de dialogues, ce qui va impliquer pas mal de parties pour en voir les différentes fins possibles. Il existe un nombre de variations quasi illimité de cartes de tarot avec leur signification propre et leurs conséquences que l’on pourra qualifier de positives ou d’inéluctables.
Une fois que l’on aura passé un pacte avec Ábramar, notre mentor interdit, et accepté les 4 éléments nécessaires à la création d’un tout nouveau jeu de cartes à savoir l’Air, l’Eau, la Terre et le Feu, on pourra s’atteler à créer notre deck de cartes.
Ce qui est très intéressant dans The Cosmic Wheel Sisterhood , c’est que l’histoire va se créer grâce à l’influence des cartes que l’on va créer et de leur signification propre. Pour créer ces fameuses cartes, on aura besoin d’un grimoire dans lequel se trouvent 3 types d’images qu’il conviendra de combiner.
Le grimoire arcanique nous permettra d’obtenir des images puissantes, que nous pourrons utiliser lors de la conception de notre jeu de tarot personnalisé. Chaque image coûte de l’énergie magique lorsque nous l’invoquerons lors de la phase de création.
Les trois types d’images utilisables lors de la composition de vos cartes sont:
Les sphères pour l’arrière-plan,
les arcanes pour le sujet principal,
les symboles pour une touche de style.
Pour gagner de l’énergie magique dans The Cosmic Wheel Sisterhood, il faudra tirer certains types de cartes et ensuite choisir une de leurs conséquences. Cette méthodologie d’obtention des différentes énergies magique influera de prime abord sur certains de nos choix.
En effet, plus on obtiendra d’images puissantes, plus elles coûteront cher lors de la création de notre carte. Étant donné que l’on a 4 ressources différentes, il sera de bon aloi d’avoir un certain équilibre entre les 4. Ceci évitant de n’avoir que 2-3 archétypes de cartes à tirer.
Si le tout début peut être considéré comme un tutoriel, on sera très vite libre de créer autant de cartes que l’on souhaite ensuite. Forcément, plus on aura de cartes et plus les tirages seront variés et intéressants. On peut avoir jusqu’à 22 cartes en main, mais ce ne sera pas une mince affaire vu le coût des ressources.
Dans The Cosmic Wheel Sisterhood, la signification propre d’une carte, tout comme son influence dans l’histoire lorsqu’elle apparaîtra dans un tirage, varient selon les éléments magiques que vous avez combinés.
Charmed mais pour adulte
D’ailleurs, l’outil de création de cartes dans The Cosmic Wheel Sisterhood est fichtrement bien fait avec énormément de possibilités en matière de placement des différents éléments sur la carte. On peut déplacer l’image du fond à sa guise, rajouter des bouts d’image et les placer où on le souhaite.
Rajoutez à cela la gestion des niveaux de profondeur du moindre bout d’image et vous obtenez des heures de fun rien qu’en créant vos futures cartes. Mention spéciale aux images provenant des jeux de Devolver Digital comme blasphemous et bien d’autres.
Si l’attribution des caractéristiques des cartes semble tout sauf binaire, il reste qu’il est parfois compliqué d’y trouver une logique. J’ai, pour ma part, préféré me laisser aller au niveau artistique plutôt que de réellement essayer de donner une signification propre à mes créations!
C’est ensuite que l’on va commencer à se rendre compte que The Cosmic Wheel Sisterhood n’est pas qu’un simple simulateur de création de jeu de tarot divinatoire. L’histoire va, dès lors, se mettre tranquillement en place avec son lot de surprises, de belles rencontres, mais aussi de moments difficiles.
Histoire de la faire avancer, une inspectrice assermentée dont le but est de vérifier si notre sanction est justifiée (200 ans d’attente, c’est long!) viendra rompre notre isolement. Celle-ci nous permettra non seulement de tester notre jeu de carte mais surtout d’obtenir une levée de notre exil forcé.
The Cosmic Wheel Sisterhood introduit par la même occasion tout un système complexe de loges de sorcières avec un leader mais aussi bien des conflits sous-jacents. La fluidité de la narration est remarquable et on se prend très vite au jeu à vouloir rencontrer le maximum de sorcières possible!
J’ai d’ailleurs particulièrement apprécié la tonalité résolument adulte des différentes discussions et de leurs côtés très crus, voire salaces. Cela fait un bien fou d’avoir des dialogues qui ne sortent pas d’un JRPG avec des adolescents de 16 ans en guise d’interlocuteurs.
Hedwige Postal Service
Suite à la levée de notre isolement, il sera possible de discuter avec nos amies, mais aussi d’autres sorcières ayant eu vent de la création de notre nouveau jeu de cartes. Elles enverront leurs familiers et ce sera à nous de choisir ou non de donner suite à leur invitation de rencontre.
Sachant qu’il n’est pas toujours nécessaire de tirer les cartes avec certains personnages, je vous invite à bien essayer de lire entre les lignes et d’essayer de jauger les différents personnages avant de leur faire confiance ou non. L’univers de The Cosmic Wheel Sisterhood n’est pas tout rose et les trahisons seront légion!
The Cosmic Wheel Sisterhood propose ainsi une sorte de fil directeur narratif sous forme de chapitres dont le déroulé des événements dépendra en grande partie de nos choix et des différents tirages de cartes que l’on sera amené à faire pour d’autres personnes.
Pour avoir essayé plusieurs approches, il y a une belle liberté dans tout ce qui va arriver à Fortuna mais aussi aux autres sorcières que l’on sera amenée à rencontrer. Si l’on comprendra très vite que nos pouvoirs sont craints par nos congénères, le jeu nous en donnera très vite la raison.
C’est peut-être juste après la première grosse révélation au niveau de l’intrigue que The Cosmic Wheel Sisterhood prend une toute nouvelle tournure scénaristique. Elle y impose un cadre un brin rigide et qui, je trouve, pipe un peu les dés du destin qui se devait pourtant d’être insaisissable pour se muer en immuable.
Sans vouloir trop en dire, on ne jouera dès lors plus de la même façon et chaque tirage important entrainera de lourdes conséquences que l’on aurait aimées moins définitives dans leur finalité. Notre béhémot ne nous avait pas menti, il faut toujours bien réfléchir avant de se lancer dans une divination.
lluita Sororitas!
Il existe également un autre aspect de The Cosmic Wheel Sisterhood que j’ai particulièrement apprécié, c’est l’importance de l’inclusivité dans l’écriture du jeu. Cela fera peut-être bondir certains d’entre vous mais j’ai trouvé que ce choix est parfaitement à sa place ici.
Le concept même de sororité ainsi que la thématique assumée des sorcières nous mettent directement sur la voie de ce que Deconstructeam tente avec leur dernière production. Si, en tant qu’homme, on peut se sentir « indésirable » au vu de la teneur du récit, je n’y vois aucun inconvénient pour ma part.
Dans The Cosmic Wheel Sisterhood, vous trouverez ainsi des iels, du féminisme, de l’engagement que ce soit en politique (il y a une élection dans le jeu) ou dans les thématiques, mais aussi une bienveillance pour tout ce qui est différent et non binaire.
Les dialogues sont d’ailleurs remarquablement bien traduits pour avoir joué au jeu en version française et en version anglaise. Ils sonnent vrais et ils mettent en avant tout le travail effectué par les auteur.e.s ou autrices pour rendent attachants tous les personnages du jeu.
Mention là aussi spéciale pour la relation entre Fortuna et Ábramar qui est vraiment émouvante avec 2 âmes perdues dans leur isolement et qui vont parvenir à se guérir l’un l’autre. Forcément n’espérez pas de happy ending à l’horizon!
Parfois, The Cosmic Wheel Sisterhood surprend en s’attaquant au béhémot dans la pièce de façon frontale et peu finaude. Cependant et vu le contexte dans lequel ces passages se déroulent, on peut les comprendre.
Un grand pouvoir pour de trop grandes responsabilités!
En matière de gros souci que j’ai pu rencontrer avec The Cosmic Wheel Sisterhood, j’ai trouvé que l’histoire n’avait pas vraiment l’importance qu’elle méritait. Il y a un énorme focus de fait sur les personnages et leurs interactions.
Toute la phase d’élection laisse là aussi profondément à désirer malgré une gestion pourtant prometteuse. Aller chercher les squelettes dans le placard de nos adversaires peut s’avérer fun, mais les autres actions ont plus d’impact. Scruter les intentions de vote par loge est vraiment intéressant mais pour quelle finalité en y réfléchissant?
La durée de vie de The Cosmic Wheel Sisterhood peut varier entre 6 heures et 8h 30 en fonction du temps que l’on prendra pour créer ses cartes. A titre personnel et n’étant pas un artiste digne de ce nom, j’ai terminé ma première partie en 4h30 tout en décrochant presque tous les succès du jeu.
Techniquement, The Cosmic Wheel Sisterhood est une belle réussite avec un style graphique toujours aussi bien maitrisé par les développeurs et une palette de couleurs chatoyante et qui fait mouche.
Autre mention spéciale concernant la bande son qui est vraiment parfaite pour le jeu et pour l’ambiance qu’elle parvient à dégager. Non seulement il y en a pour 3 heures mais on ne s’y ennuie jamais.
Le jeu est directement disponible en français et les traductions ne sont pas loin d’être parfaites pour ce que j’ai en voir. Il y a parfois des textes un peu tronqués ici et là, mais rien de bien grave.
Il y a 28 succès Steam à débloquer et ils ne devraient pas poser trop de problèmes aux habitués du genre. La sauvegarde sur Steam Cloud est d’ailleurs directement gérée pour mon plus grand plaisir.
Malgré toutes ses qualités, j’ai tout de même quelques réserves sur le final et sur certaines facilités scénaristiques, mais rien de rédhibitoire.
The Cosmic Wheel Sisterhood est une excellente expérience avec des thématiques magistralement bien maitrisées et un écrin du plus bel effet pour les sublimer. Rajoutez à l’ensemble une écriture mature et des personnages touchants et profondément humains malgré leurs statuts de sorcières et vous obtenez un quasi sans-faute.