Si vous avez lu ma précédente critique sur Skyrim, vous savez d’ores et déjà ce que je pense de la série des Elder Scrolls. C’est bien, c’est beau, c’est bon et même bio par moments. Ainsi, comment pourrais-je ne pas aimer une version Online qui apporte enfin ce qui manquait tant à la saga : Le multijoueur.
Vous l’aurez compris, je suis sur le point de me montrer tout à fait dithyrambique sur le nouvel opus de Bethesda Softworks et n’en déplaise à certains, je démonterai point par point les différentes critiques qui ont pu émaner de la presse « spécialisée » ou de certains joueurs, formulées après les différentes sessions Beta du jeu (auxquelles j’ai pratiquement toutes participé).
Mais tout d’abord, The Elder Scrolls Online (TESO pour les intimes) c’est quoi ?

Pour le savoir, il nous faut remonter un peu le temps, jusqu’en 2007. A cette époque, Bethesda Game Studios vient de terminer le développement des derniers DLC’s (Downloadable Content) pour Oblivion, le quatrième chapitre de la saga, et commence à se pencher sur la suite, Skyrim (dont la première capture d’écran sera dévoilée en 2008).

Parallèlement, ZeniMax Media Inc, maison mère de Bethesda, fonde un nouveau studio dont le but sera de développer un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur (MMORPG) basé sur l’univers des Elder Scrolls.

Ainsi nait ZeniMax Online Studios et la même année, The Elder Scrolls Online est mis sur les rails, sous la direction d’un habitué du MMO, Matt Firor.
Le 3 mai 2012, Bethesda Softworks annonce officiellement la sortie prochaine d’un MMORPG basé sur sa série phare et le premier teaser apparait un mois plus tard, lors de l’E3.

Annoncé initialement pour une sortie fin 2013, l’échéance est repoussée lors de l’E3 2013, au 4 avril 2014, une date ultérieure qui a pour avantage de fêter les 20 ans de la franchise (The Elder Scrolls 1 ; Arena, est sorti en mars 1994 aux Etats Unis). Le compte à rebours est lancé et les mois suivants sont l’occasion pour le studio de peaufiner son jeu grâce aux nombreuses sessions Beta, lors desquelles sont invités des joueurs (dont votre serviteur) au départ en très petit nombre pour finir par deux sessions gigantesques fin février et mi mars regroupant quelques cinq millions de joueurs.

Alors, j'en pense quoi, à proprement parler?

Commençons par l’Histoire. TESO est clairement le préquel de la saga, puisqu’il se déroule mille ans avant les évènements de Skyrim. Nous sommes en l’année 582 de la seconde ère de Tamriel et depuis quatre ans, le royaume central de Cyrodiil est tombé aux mains du seigneur daedrique Molag Bal.
L’empire cyrodiiléen se retrouve sans chef et les impériaux deviennent malgré eux, serviteurs du prince de la domination. Partout en Tamriel s’ouvrent des portails géants faisant la liaison entre Nirn et Havreglace, le royaume de Molag Bal. Le monde entier est frappé par des catastrophes naturelles à cause de la Coalescence, un processus de fusion dimensionnelle entrainant Nirn hors du limon du multivers pour ne faire plus qu’un avec Havreglace. N’ayant aucune idée de l’ampleur du cataclysme, les différents peuples de Tamriel ne songent qu’à une chose : Conquérir le trône de rubis (et ne me parlez pas de plagiat de Game of Thrones car si on s’en tient aux dates, l’univers des Elder Scrolls et l’intrigue associée sont plus anciens que l’œuvre de George R.R. Martin), laissé plus ou moins vacant depuis l’invasion des daedras.

D’improbables alliances se nouent entre les peuples et au final, trois grandes factions révendiquent Cyrodiil : Le pacte de Coeurébène, composé de Nordiques, de Dunmers (Elfes Noirs) et d’Argoniens (Reptiles), la convention de Daguefilante, comprenant Brétons, Orques et Rougegardes, et enfin le domaine Aldmeri, regroupant Altmers (Hauts-Elfes), Khajiits (Hommes-Chats) et Bosmers (Elfes des bois). Chaque alliance détient déjà un quart de Tamriel et déferle sur le royaume central de Cyrodiil, zone de conflit ouvert.

Pour l’instant, tout ceci ne vous concerne pas puisque vous ne serez habilité à aller sur le champ de bataille qu’à partir du niveau 10. Vous êtes un héros, prisonnier d’Havreglace et un mystérieux prophète aveugle vient vous aider à décamper pour ensuite vous promettre de vous dévoiler votre passé oublié. Votre quête principale ne concerne pas la guerre civile mais bien Oblivion car vous, vous savez ce qui est important et vous voilà donc jeté dans un vaste monde sauvage, à explorer et à sauver.
L’immersion est quasi-totale et on est scotché dès les premières heures par cet univers fascinant qu’on croyait pourtant connaitre mais qui une fois de plus, nous échappe. La beauté des paysages, les effets de lumière, les shaders, la faune et la flore, l’architecture de chaque habitat, tout est à couper le souffle. Et on a vite envie de tout explorer mais patience ! Tamriel n’est pas toute disponible pour vous, pas encore du moins. Si certaines régions sont visibles mais bloquées, c’est parce que votre quête ne vous y emmène pas encore. Restez dans les terres que vous occupez actuellement et remplissez y toutes les quêtes (ou presque) qui vous sont confiées, vous pourrez ensuite traverser les frontières.
EDIT: les restrictions sur les régions ont été levées à la sortie du jeu (j'avais initialement écrit cette critique lors de la Béta) mais l'avertissement est toujours valable puisque les différentes régions sont conçues pour différents niveaux de progression: En étant niveau 5, vous n'espérez tout de même pas aller vous couvrir de gloire à Faillaise, dans la Brèche, où les quêtes sont de niveau 40?
D’autres régions ne sont quant à elles, même pas visibles. Pourquoi ? Et bien, c’est très certainement parce qu’elles n’ont pas encore été développées. Bob Lennon durant son Let’s play sur la Beta, s’est réjoui qu’on n’ait pas un accès à tout le continent, et a pensé qu’il n’en serait jamais ainsi… Il a par ailleurs trouvé que c’était une bonne chose, arguant le fait que si on offrait aux joueurs la possibilité d’explorer l’intégralité de Tamriel, il n’y aurait plus aucun intérêt à ce que Bethesda continue les jeux solo de la saga (puisqu’on aurait « tout vu »).
Je ne suis pas d’accord ! (Comprenons nous bien, j'aime beaucoup Bob Lennon et ses Let's Play que je regarde toujours avec un certain plaisir mais je me dois ici, de corriger une erreur évidente d'analyse de sa part et mon but est tout sauf d'offenser).
Premièrement parce qu’en mille ans, les paysages changent et on le voit bien, il y a donc toujours quelque chose à découvrir. Deuxièmement, parce que cet argument, Bethesda l’a annulé avant même qu’il ne germe dans l’esprit de Lennon puisque le studio nous offrait déjà la possibilité d’explorer tout Tamriel dans… le premier Elder Scrolls… Il est bien plus logique de penser en termes de marketing : Si les trois quarts de Bordeciel (et des autres provinces de Tamriel) ne sont pas disponibles, cela veut simplement dire qu’ils feront l’objet d’un Add-On que ZeniMax nous vendra à un prix tout à fait indécent. Mais ne nous écartons pas trop et revenons sur le contenu du jeu, car c’est bien de cela dont il est question. EDIT: ZeniMax a d'ailleurs confirmé mon point de vue en sortant une nouvelle zone d'aventure appelée Craglorn (Raidelorn en français) ... à ce si près qu'elle est gratuite.

Prochaine étape, la Musique.
Le compositeur attitré des Elder Scrolls depuis Morrowind, Jeremy Soule, n’a que très peu travaillé sur ce jeu et s’est contenté de composer le thème principal et de superviser l’ambiance globale. Les rênes ont été confiées à deux habitués de la musique de jeu de rôle, Brad Derrick et Rick Shaffer.
Le résultat est très bon et rappelle étonnamment le travail de Soule, à tel point qu’on a du mal à croire qu’il n’ait été que si peu impliqué dans cette BO. Du coté de l’ambiance, c’est toujours aussi prenant et on ne sent pas vraiment le changement de studio. L’exploration reste le maitre mot dans cet opus et les paysages, comme la musique et les différents SFX (d’un sacré réalisme) sont saisissants. Même lorsque le coin que vous visitez est dangereux et que vous risquez à tout moment de vous faire écarteler, vous ne pouvez que contempler la beauté de l’endroit où vous êtes, où que vous soyez d’ailleurs.

Concernant le gameplay, on est bel et bien dans un Elder Scrolls et ça se sent. Si le fait de pouvoir jouer à la première personne à découragé beaucoup de joueurs, il faut bien admettre que c’est pourtant le style de vue le plus immersif qui soit, vous plongeant au cœur de l’action et rendant chaque observation du terrain plus réaliste. Le système de combat n’a pas changé non plus et les commandes restent les mêmes que celles des jeux solos à ce si près qu’ont été intégrés des raccourcis clavier pour les compétences (on est bien dans un MMO, faudrait voir à pas l’oublier).
La difficulté du jeu reste fidèle elle aussi. Elle vaut la difficulté normale d’un Elder Scrolls Solo.

Donc, maintenant que nous avons fait le tour des aspects « techniques » passons au mode PvP. Oui je dis bien mode et non pas serveur PvP puisque TESO expérimente une technologie appelée Megaserver qui comme vous vous en doutez, permet l’utilisation d’un nombre très restreint de serveurs assez stables pour pouvoir accueillir un nombre important de joueurs et dans lequel plusieurs modes de jeu sont possibles.
Il n’y a donc que trois Megaservers dans TESO, un pour les plateformes PC et Mac, le deuxième pour la Xbox One et le dernier pour la PS4. Que vous jouiiez sur PC ou sur Mac, vous serez donc sur le même serveur, c’est pas beau ça ? Ainsi le PvP se cantonne à une zone qui comme dit précédemment, se trouve être le royaume central de Cyrodiil, accessible dès le niveau 10.
Le pays est divisé en quatre parties, Le Nord-Est est détenu par le pacte de Coeurébène, le Nord-Ouest, par la convention de Daguefilante, le Sud par le domaine Aldmeri et la cité impériale, par les daedras. Selon votre alliance, vous apparaitrez donc à un endroit précis dans Cyrodiil. Le but de votre épopée en terre cyrodiiléène ? Prendre d’assaut la cité impériale et être couronné empereur de Cyrodiil. Pour cela, vous et votre alliance devrez conquérir diverses positions stratégiques afin de vous frayer un chemin sur les baies du Niben.
Partez avec une vingtaine de soldats à la conquête d’une mine pour assurer à votre alliance un approvisionnement en ressources, d’un parchemin des anciens pour garantir à votre armée des pouvoirs spéciaux ou bien, achetez des engins de siège à votre quartier maitre et foncez à l’assaut de la forteresse ennemie la plus proche afin d’étendre votre territoire, le choix vous appartient ! Et si vous n’avez aucune envie de vous battre pour l’instant, pas de panique ! Vous pouvez aussi explorer Cyrodiil et retrouver les villes que vous chérissiez dans The Elder Scrolls IV ; Oblivion. Chorrol, Bruma, Cheydinhal, elles y sont (presque) toutes.
Mais attention ! En tant que zone de guerre ouverte, vous pouvez vous faire tuer par d’autres joueurs d’une autre alliance (le friendly fire est désactivé pour les membres d’une même alliance) à n’importe quel moment, dans n’importe quel lieu et si vous mourrez, vous devrez réapparaitre dans le fort le plus proche. Soyez prudents !

Pour finir cette critique, je parlerai du dernier gros atout de TESO, à savoir sa distribution. Les deux précédents Elder Scrolls ont pu jouir d’un casting assez impressionnant pour un jeu vidéo : Pour exemple, dans Oblivion, le rôle de l’empereur était tenu par Patrick Stewart tandis que son fils était joué par Sean Bean.
Dans Skyrim, on retrouvait Max Von Sydow (Esbern), Christopher Plummer (Arngeir) et Joan Allen (Delphine) pour ne citer qu’eux. Et même si ces distributions étaient vraiment très classes, elles ne sont rien face au casting de The Elder Scrolls Online.
Jugez plutôt : Kate Beckinsale, John Cleese, Bill Nighy, Alfred Molina, Michael Gambon ou encore Malcolm McDowell ont passé des heures dans les studios de doublage à Paris pour vous offrir une expérience exceptionnelle. Bien sur, le doublage français est fait en conséquence, la plupart des doubleurs attitrés des comédiens cités précédemment sont présents. De Georges Claisse (VF de Bill Nighy) à Daniel Beretta (VF d'Anorld Schwarzenegger) en passant par Guillaume Orsat (VF de Brendan Fraser ou encore Nathan Fillion - Rick Castle), David Kruger (VF de Steve Downes - le Master Chief d'Halo) et ... Marc Cassot!
Oui, Marc Cassot, légende vivante du doublage français. Si son nom ne vous dis rien, il est tout à fait inimaginable que vous ne connaissiez pas sa voix, elle est dans pratiquement tous les blockbusters de ces cinquante dernières années. Au départ, il était la voix attitrée de Paul Newman mais depuis, il partage son temps entre Dumbledore (c'est bon, vous avez reconnu là? Bordel de m****, j'ai horreur de devoir faire des références à Harry Potter pour présenter un acteur, s'il vous plait, ne m'obligez plus à le refaire), le vieux Mr Spock,, diverses voix off, Ian Holm (Bilbon Sacquet dans le Seigneur des Anneaux) etc...
Il campe ici un prophète (qui est en fait bien plus...) qui guidera votre personnage à travers sa quête. Cette voix vaut tout le doublage à elle seule, elle apporte une profondeur et une intensité dramatique incroyables.

Vous l’aurez donc compris, TESO jouit d’énormes atouts pour devenir la nouvelle référence du MMORPG et si vous voulez vraiment savoir pourquoi, allez voir chez IGN, ils ont pondu un très bel article là-dessus en énumérant les 21 raisons qui font que TESO s’apprête à laminer le Géant World of Warcraft ! Ca mérite bien un petit huit sur dix, non ?

Créée

le 14 mai 2014

Critique lue 1.5K fois

7 j'aime

1 commentaire

Nicolas Cazzara

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

7
1

D'autres avis sur The Elder Scrolls Online

The Elder Scrolls Online
Maki88
8

Enfin un elders scroll en multi !

Coup de gueule pour commencer: Je vois pas mal de monde le descendre, professionnels compris (site de jeux videos), Il est notamment pas mal comparé à WoW, qui en sont à la 4e extension (bientôt 5),...

le 8 avr. 2014

9 j'aime

4

The Elder Scrolls Online
Erset
6

Pourquoi jouer à plusieurs sur un MMO quand on peut jouer tout seul ?

Petite mise à jour : Sans grande surprise, le jeu passe en buy-to-play sans abonnement le 17 Mars. Je maintiens que le jeu aurait eu un succès encore plus important que Guild Wars 2 s'ils avaient...

le 11 mai 2014

9 j'aime

4

The Elder Scrolls Online
Nicølås_Cazzara
8

Analyse d'un succès assuré!

Si vous avez lu ma précédente critique sur Skyrim, vous savez d’ores et déjà ce que je pense de la série des Elder Scrolls. C’est bien, c’est beau, c’est bon et même bio par moments. Ainsi, comment...

le 14 mai 2014

7 j'aime

1

Du même critique

The Elder Scrolls V: Skyrim
Nicølås_Cazzara
9

Voyage, voyage!

Epique et mordant! Peut-il y avoir un autre mot pour décrire Skyrim? Je ne crois pas, mis à part peut-être Majestueux. En vérité, tous les superlatifs ne seraient pas assez superlatifs pour décrire...

le 24 juin 2013

2 j'aime

Nymphomaniac - Volume 1
Nicølås_Cazzara
3

Fred Coppula l'aurait mieux fait...

Mouais... L'histoire de base est intéressante et le traitement pseudo-psychanalytique aurait pu être bien mené si il y avait eu un peu plus de retenue au niveau des scènes de baise. Honnêtement,...

le 14 mai 2014

1 j'aime

Destiny
Nicølås_Cazzara
5

Déchéance

ATTENTION ! Cette critique révèle de nombreux spoilers sur le jeu ainsi que sur son développement. Si vous n’avez pas joué au jeu ou pas progressé dans l’histoire et souhaitez conserver le mystère,...

le 5 mai 2018