Ce jour de noël était triste.
Pour la première fois, je réalisais que la "magie de noël" n'existait pas. Dehors la neige n'était plus chatoyante ni source d'une montagne d'imaginations infantiles. Elle n'était que de l'eau et du froid. Noël était devenu un banal jour de plus dans l'existence.
Je me souvenais de quand j'étais gamin, à trépigner d'impatience parce que je savais que les cadeaux arrivaient. J'étais une sorte de roi du monde à ce moment là, toute la famille proche était la, tout le monde avait le sourire, des films sympa et nostalgique à la télé à une époque où il n'y avait pas internet pour regarder tout ce que l'on veux a volonté.
On mangeait bien, on avait des super cadeaux, on pouvait se coucher à pas d'heure...
Et puis voilà, il y a un peu plus de 5 ans maintenant, je me rendais compte que tout ça s'estompait peu à peu pour enfin s'évaporer dans le cours du temps.
Passé 22h30 la "fête" était terminée, période de doute, la famille était rentrée et j'arrive seul devant mon pc à ne plus savoir quoi faire.
Quelqu'un dans ma famille voulait absolument m'offrir un jeu vidéo. Et rien ne me tentait à cette époque.
Skyrim était déjà sortis depuis le mois dernier, et faisait le buzz sur le net. Je n'avais pas été conquis par la série the elder scrolls jusque là. Hérésie.
Et quand la question retentissait, "tu veux quel jeu alors? laisse moi t'offrir quelque chose ! " n'ayant aucun désir en particulier, j'ai répondu skyrim sans la moindre conviction.
Et cette triste fin de soirée de Noël m'a plongée dans l'ennui. Puis je vois le jeu tout neuf posé dans un coin de table et je me dis "allé... pourquoi pas?".
L'immersion a été quasi instantanée et je n'ai pas lâché le jeu.
Je l'ai rôdé, dévoré toutes ses entrailles, jusqu'à la dernière miette, sans même penser à le finir un jour.
Un jour...
Un jour je me suis finalement présenté au terrible Alduin , non sans frissonner. Le souverain des dragons, la créature insurmontable, le nemesis ultime ! Une magnificence d'ange démoniaque, une échine qui semblait être une montagne , une chaîne de bordeciel sur son dos.
Une voûte carnassière, des crocs de velours glacé et un souffle crépitant... Telle était l'interprétation de la présence de ce monstre ancestral dans mon âme.
Je raccommodais une dernière fois mon armure complète Daedra , tentant de voir le reflet de mon avatar dans les lames d'ébènes. Je l’aperçu, cette forme démoniaque. Étais-je toujours un homme? Puis je me suis souvenu de tout !
Des premières frusques ridicules, de mon cheval magique capable de gravir n'importe quelle montagne, des milliers d'aliments ingérés pour survivre, des allés-retours incessant à la forge, du Thane que l'on n'osait contredire, du premier dragon rencontré (quel combat épique ce fut !). J'avais peur, je me cachais, j’espérais que les gardes puisse l'occire sans mon aide !
Puis j'ai surmonté mes démons et ma terreur, et dans un tourbillon de feu et de sang, la créature fut terrassée non sans mal.
Ça m'a fait du bien ! J'inspirais un grand coup avant de me lancer dans la bataille.
Pléthore d'émotion m'envahir comme si les démons de l'enfer forçaient les portes du paradis.
Le dernier grand frisson, Alduin, à nous deux !
Je me souviendrais à jamais de ton regard , perché sur ce bâtiment de moyenne facture, quand j'étais encore prisonnier à deux doigt de l’exécution publique.
En réalité, tu es mon sauveur. Mais tout a une fin. Et Skyrim aussi.
J'hurlais intérieurement, me projetant dans la bataille, le pas de ma course au rythme des Thu'um des anciens qui résonnaient dans mon âme, qui vibraient jusque dans mes os .
Ma première lame Daedric s'écrasa sur le flanc droit d'Alduin.
Je m’apprêtais à tout donner, imaginant un plan de bataille entier, il fallait un héros, il fallait un sauveur, il fallait une bataille finale incroyablement épique !
Quelle fut ma surprise quand je constata qu'Alduin était déjà en train de disparaître.
Il était mort, il était enfin vaincu. En un coup.
Merde...
Connerie de jeu...