Tout a commencé lors d'un après-midi froid. C'était en plein hiver et le vent soufflait des lames de glace. J'avais faim. Mais la nourriture de ma sacoche semblait gelée et ne me permettait de récupérer que très peu d'énergie. C'est alors que je vis le forgeron. Bien au chaud, au pied de sa forge, il m'attendait... Il semblait avoir une telle soif de transmettre son savoir. Une soif à la hauteur de ma faim. Sans hésiter, je pris la décision de me lier à cet homme. Je devînt son élève. Il me donna quelques leçons. Cela me permit de me réchauffer par la même occasion. Une fois initié aux merveilles de la forge, je décidai enfin de remplir un estomac dénoué par l'étreinte de la chaleur. Je vis cette poule. La nuit tomba.
C'est à ce moment que je pris conscience de l'ingéniosité de mon choix de race. J'étais un elfe! J'étais furtif et doué avec un arc; svelte et léger comme une feuille de chêne. J'étais la silhouette du parfait assassin. Astucieusement, je tuerais et mangerais cette volaille sans qu'un seul œil ne s'ouvre sur moi. Cette première mission de furtivité semblait être du gâteau. J'avais justement repéré de bonnes tartes chez la voisine d'en face. Mais j'avais besoin de viande et le paris semblait moins risqué. J'étais à 70 mètres environ du volatile, le forgeron dormait et le village tout entier semblait éteint. Seule cette poule piétinait les dalles inconfortables du chemin principal. Je n'avais alors jamais utilisé cet arc récupéré sur le corps d'un pauvre prisonnier probablement mort de faim. Ironie du sort? Clin d’œil de ma destinée? La réponse était imminente.
Mon carquois n'hébergeait que 8 flèches de fer. Je n'estimais pas avoir besoin de plus d'une pour atteindre ma cible, parole d'elfe! Et Hop! Ce fût un jeu d'enfant que d'honorer ces mots. La poule était morte. Je m'empressai de récolter ma douce viande blanche et, furtivement, m’avançai vers mon butin. C'est alors que les évènements s'enchaînèrent. Je n'y compris strictement rien. Le village semblait mener une révolte contre moi. J'étais devenu l'homme le plus détesté dans un rayon de 500 mètres et ce, en quelques secondes. Ils commencèrent à me battre à mort. Moi, le pauvre elfe affamé!
Ni une, ni deux, j'appuyai sur START, R1, R1 et chargeai ma dernière sauvegarde. De retour à la réalité pour 10 secondes, je grimaçai en attendant de récupérer ma nouvelle vie d'elfe. J'avais appris quelque chose: j'étais devenu mon avatar.