Trop grand pour être vivant
Skyrim fait partie de ces jeux qu'on aimerait beaucoup aimer. Il propose une expérience vidéo-ludique plutôt bonne, dans l'ensemble, mais pêche par une écriture faiblarde.
Contrairement à d'autres jeux de rôle, l'entrée en matière est plutôt réussie. Vous avez été arrêté et vous vous réveillé prêt à vous faire couper la tête quand un dragon surgit, ce qui vous permet de vous enfuir. Après cette première scène sous forme de tutoriel, on vous donne une ville de rendez-vous, et vous êtes livré à vous même dans cette immense monde à jouer qu'est Skyrim.
Au début, tout va pour le mieux, vous explorez les grandes étendues, tuez quelques bêtes, accomplissez les quêtes, mais très vite, la lassitude vous atteint: pourquoi faites-vous tout cela? Que ce soit la quête principale ou les quêtes secondaires, jamais vous ne vous sentez emporté par l'histoire. Sans parler des quêtes annexes qui consistent pour la plupart à explorer une cave, tuer le chef des bandits/vampires/morts-vivants qui est tout au bout et découvrir un passage secret qui vous ramène au début.
Il y a plusieurs raisons à cela:
- le manque de dilemme. Etre bon ou méchant, suivre une voie ou telle autre, ne vous ouvre que très rarement des portes (ni ne vous en ferment, d'ailleurs). Au pire serez-vous recherché par les gardes et finirez vous un mois en prison (mais comme le temps qui passe n'a d'influence sur rien, où est le soucis?). En plus de l'absence de dilemmes moraux, il n'y en a pas non plus liés à l'univers du jeu. Vous pouvez aussi bien devenir l'archimage dans la plus grande école de magie et chef des compagnons guerriers qu'être à la tête de la guilde des assassins, le tout en même temps.
- le syndrôme de l"homme providentiel". Parfois, vous allez tuer quelques personnes dans une cave, et vous serez reconnus comme le plus grands héros du groupe pour lequel vous faites cette tâche. De manière générale, rien ne semble impossible à votre personnage, alors qu'il ne semble pas plus "puissant" que certains personnages non-joueurs. Vous avez souvent l'impression de débarquer dans une histoire bloquée depuis 50 ans et de la résoudre en 2 temps 3 mouvements, alors que n'importe qui d'autre aurait pu s'en charger. Du coup, si la première fois, ça marche et vous êtes fier, à force d'accumuler les titres les plus ronflants, tous perdent leurs intérêts.
- une écriture paresseuse. En plus de cela, aucune des quêtes ne vous emporte dans son but. Vous les faites parce que vous savez que vous avez quelque chose à y gagner, sans accorder de réelle importance à ce que la quête recouvre. C'est juste un dongeon supplémentaire à explorer ou un objet de plus à récupérer. A la fin, même le looting ne semble plus rien apporter au jeu, et vous finissez par accomplir des quêtes "pour avancer". Autant vous le dire, la fin du jeu se fait au sprint, juste pour voir le combat final...
- personnages sans personnalités. En plus de cela, aucun des personnages secondaires n'a de personnalités réellement développées. Tous se complaisent d'abord dans une méfiance anonyme pour basculer vers une adoration sans bornes lorsque vous leur aurez ramener le casque/bracelet/anneau familial que des voleurs ont emportez dans une caverne. Ceux qui vous accompagnent également.
Reste que le jeu propose un univers aux possibilités immenses. Que ce soit le travail, l'achat et la décoration de maison, l'adoption d'enfants, les innombrables spécialisations envisageables pour votre personnage grâce au système de progression typique de Elders Scroll (vous utilisez une compétence, elle s'améliore), les nombreuses villes auxquelles vous pouvez accéder, les quêtes secondaires à n'en plus finir, oui, le gigantisme est de mise.
Je l'admire et je l'apprécie pour ce qu'il est: beau, fou, malléable selon vos envies. Reste qu'il manque justement de quoi stimuler notre envie de faire quelque chose de ce monde. Sans enjeu, pas de jeu...