Avant tout, je dois préciser une chose : The Elder Scrolls est une histoire gigantesque, à multiples sous-histoires, et Skyrim n'en est qu'un tout petit fragment de rien du tout. Pour avoir une idée de l'immensité de cet univers et de ces histoires, je recommande de jouer à tous les jeux, de finir au moins les trois grands derniers (parce qu'Arena, Daggerfall, Battlespire et Redguard peuvent-être assez difficiles à terminer) et de se préparer à beaucoup, beaucoup de lecture.

On me dira : c'est pas nécessaire de tout lire et de faire des liens logiques pour finir le jeu. Peut-être, après tout Skyrim vous donne beaucoup d'indications et il n'est pas bien difficile en soi... Mais c'est franchement s'amputer d'une bonne partie de ce qui fait l'intérêt des Elder Scrolls, leur complexité (là, si vous êtres en train de rire, c'est que vous êtres d'une part un ou une rustre, et d'autre part, que vous n'avez aucune idée de ce dont je parle).

Examen surprise, citez-moi les dates de naissance et de mort de trois Empereurs de Tamriel durant la 3e Ère ! Plus dur ? Les particularités gastronomiques du régime elfique de Val-boisé ? Plus plus dur ? L'histoire entière d'ALMSIVI ? Pas évident si vous vous êtes contenté de jouer le jeu comme un bourrin sans jamais vous renseigner ne serait-ce qu'un petit peu sur le background !

Bref, jusqu'ici j'ai peut-être l'air un peu positif, mais je dois bien l'avouer, après avoir fini le jeu (dans son entièreté, j'entends, toutes les quêtes (principale, secondaires et annexes) de la version 1.0), j'ai été sacrément déçu. Pourquoi avait-on ruiné le monde à ce point ? Pourquoi fallait-il que l'Empire se fasse démonter la tronche par les Altmer ? Bon sang, mais qu'est-ce qu'il avait bien pu foutre notre glandu de héros de Kvatch ! Le scénar me plaisait moyennement, notamment à cause des motivations un peu creuses des Sombrages vis à vis des Impériaux... ça sonnait binaire.

Mais en y réfléchissant un peu, le conflit était un peu plus compliqué que ça. L'Empire lui-même est divisé entre partisans de Titus Mede II et ses opposants. Ce bon vieux type se fait amputer de la province de Lenclume, rien que ça (qui sont juste les meilleurs guerriers du continent, lisez les histoire sur les Ansei). Et maintenant que les Khajiits et les Bosmers s'étaient ralliés aux Thalmor, Bordeciel se foutait sur la gueule. Donc oui, c'est binaire... mais c'est binaire parce qu'on n'a le choix que de rejoindre deux des factions qui se cognent dessus.

Partons sur les points négatifs : les quêtes ont perdu de leur charme, au profit de schémas plus complexes (vis à vis d'Oblivion, notamment, où certaines missions annexes étaient très très belles, mais aussi très très faciles, tu es visé, Rythe Llythandas).
Le système, tout orienté combat, perd de l'énergie qu'Oblivion avait su lui insuffler, l'inertie rend les coups molassons, plus question de combattre avec le combo épée + bouclier + magie, plein d'options de parade qui disparaissent... un gameplay qui, en somme, contrebalance tous ses ajouts par des suppressions inutiles. Bon, au moins on sait qu'on joue à un jeu différent.
Les animations ne sont pas très belles, mais il faut au moins préciser qu'elles sont là : les tâches triviales de nos bon vieux PNJs, si elles ne sont pas mieux rendues, sont beaucoup plus diversifiés qu'auparavant, et un p'tit côté plus naturel en ressort. Dommage, il reste encore suffisamment d'éléments ridicules pour que ça ne prenne pas.
Veni, Vidi, Bourrini : pas question de faire dans la finesse, la magie est orientée combat, le vol est orienté combat, et le combat... est orienté combat. Les nordiques, c'est des vrais types avec bras aussi durs que des couilles de boeuf (Zoltan Chivay, sors de ce corps), ils peuvent même décapiter le type d'en face ou se lancer dans une grande bagarre. Et on a le droit (heureusement) à quelques guerrières pour équilibrer les choses : Uthgerd se fera un plaisir de vous cogner le museau, dans un bel esprit de camaraderie ! Et n'allez pas imaginer que se la jouer barde sera plus poétique et musical : BAM ! Dégommer du mob ! On a le droit à UN SEUL poème, dont on ne peut même pas choisir toutes les phrases si on n'est pas un boss en éloquence...
Et puis question choix... c'est pas génial. Sur le jeu de base, en gros, vous pourrez prendre parti pour l'Empire ou les Sombrages, rejoindre ou détruire la Confrérie Noire, tuer ou épargner [CENSURÉ POUR CAUSE DE SPOILER]
, suivre Hadvar ou Ralof (de Riveboâââââa), aider Sven ou Faendal à trousser une bourgeoise (je le dis vulgairement parce que la quête est vulgaire), privilégier tel ou tel parti lors d'une réunion diplomatique, tuer ou épargner [CENSURÉ POUR CAUSE DE SPOILER]... pour une seule ligne principale d'un p'tit jeu, ça irait, mais on parle quand même d'à peu près 30h de jeu (pour finir la quête principale et les secondaires)

Au delà de ça, les scénars sont intéressants, sans aller jusqu'à l'originalité des jeux passés, parce qu'il faudra toujours plus ou moins bourriner (admettons, les amateurs de furtivité s'en sortiront pas mal). Une p'tite mention de passages intéressants, quand même : durant la quête principale il y a un p'tit peu de jeu politique, où on peut faire beaucoup de choix dont les répercussions sont minimes (pour le joueur, parce qu'en réalité elles affectent pas mal de trucs), un joli passage (quoique médiocre comparé à ce que nous proposait Oblivion) dans un autre monde et une séquence de capture de dragon qui vaut son pesant de... euh, d'améthystes grossières.
Question académie des mages, de belles merveilles mystiques (pardon, Psijiques) en prévision, et beaucoup de bourrinage (jouable par un mage comme par un barbare d'ailleurs).
Question confrérie noire, la visite d'un très gros bâteau, des intrigues politiques sympatoches et des personnages aussi louches que charismatiques (mention spéciale à Cicéron et Babette.)
Question compagnons... euh... une grotte. Faut avouer que sur ce coup là ils se sont pas foulés.
Question guilde des voleurs... un repaire de brigands monstruosifique (c'est un mot, maintenant), des tas de personnages avec leurs propres histoires, une longue trame qui vous fait visiter plein d'endroits, des ruines aux palais (qui sont aussi des ruines, tiens), et des tas de liens avec les bonnes vieilles histoires du passé (lisez l'histoire de Barenziah. La Véritable histoire, j'entends)

Et après, si ça ne suffit pas, il y a de très beaux décors, avec des vues à couper le souffle, des montagnes, des plaines, des rivières et des lac (Ilinaltaaaaaaaaaaaaaaaaa !) puis des Atronachs, des Spriggans, des Lucereines, des Prêtres-Dragons Mort-Vivants, et même (tenez-vous bien), des crabes des vases !

Au final, le nombre de choix décisifs importe peu, les véritables choix c'est le joueur qui doit les prendre : décider d'aider telle guilde et de laisser cette autre là tomber dans son océan de merde (ou plutôt dans le Lac Honrich, si vous voyez c'que j'veux dire...), le choix de se mettre au service de tel Jarl et de tel fief... etc.
Skyrim, comparé à certains jeux basés sur certains sorceleurs ou certains types Sans-Nom, ce n'est pas vraiment un jeu de rôle... mais ce n'est pas un mauvais jeu pour autant, et quand on sait à quel point son histoire est grande, on sait y jouer avec humilité, et en apprécier les bons côtés malgré les erreurs.

Du coup j'ai envie de conclure avec une phrase que j'aime beaucoup (mais qui prend un sens particulier dans ce contexte) : lisez les livres !
Stalacyn
8
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le 16 janv. 2014

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Stalacyn

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