"Menu Best Of du survival horror" par Mikami.
Le "dieu" Mikami s'est fait attendre avec son nouveau bébé plein de promesses. Clairement oldskool, The Evil Within s'avère plus un menu best of qu'un renouveau du genre.
Exit la baffe graphique, si vous vous attendiez à voir du next gen, ça va gratter dans l'arrière train : le jeu est clairement conçu pour la current gen. En accusent les textures inégales et parfois très moches, les bandes noires servant autant de cache misère que de style visuel, les ennemis à la ramasse dans leurs déplacements ainsi que quelques problèmes de collisions occasionnant des bugs. Pour s'excuser du retard technique, TEW tire son épingle du jeu grâce à son excellente direction artistique variée proposant de nombreuses et diverses ambiances de qualité et même quelques passages à couper le souffle (le champ de blé et la ville).
On passe de l'infiltration type Last of Us à la boucherie la plus deadspacienne ainsi qu'au délire surnaturel à la Silent Hill pour finir dans une frénésie d'action digne de Resident Evil 4. On peut même y trouver du Alan Wake. A défaut d'être original, Mikami est inspiré : il pioche à droite, à gauche dans les meilleurs titres du genre survival horror. Un genre auquel il rend hommage et dont il est l'un des précurseurs. TEW n'est qu'une succession de situations déjà vues mais resservies avec du caviar : les meilleures passages des titres du genre revisités. Des ambiances en veux-tu en voilà, le tout souligné par une bande sonore remarquable. Certes, ça manque de fraîcheur, on s'y attend un peu, mais c'est tellement bien choisi, réalisé que le défi est de taille et le plaisir exigeant.
Dur et long (15/20h en survie), le jeu ravira les amateurs du genre : le gameplay n'est ni plus ni moins que du Resident evil 4 mélangé à Dead Space avec la possibilité de se baisser en plus, histoire de se la jouer discret, façon Last Of Us ou Batman. On retrouve donc un personnage lourd et maniable jusqu'à un certain point, pour plus de challenge... Un choix assumé (?) qui divisera sûrement, mais les fans de Resident Evil 4 et 5 (si, si, ça existe) y trouveront largement leur compte.
Pour justifier un tel condensé d'idées et d'inspirations, il fallait un scénario assez fou. Rien de tel qu'un bain de souvenirs issus d'une bouillie de cerveaux malades pour amener le joueur là où Mikami veut. Même si les quelques passages surnaturels pourront vous faire souffler du nez aux premiers abords, attendez de finir le jeu pour constater que cette folie est plutôt cohérente. Même si l'on sent bien le prétexte du synopsis, les liens entre les souvenirs ne sortent pas de nulle part et n'ont rien avoir avec le hasard, ce qui est appréciable. On regrettera néanmoins la pauvreté de la mise en scène qui vient gâcher l'immersion par quelques phases de dialogues vieillotes et sans vie.
Le jeu ne fait pas vraiment peur mais crée un sentiment de malaise grâce à des décors de plus en plus glauques et un bestiaire immonde. Les boss sont d'ailleurs un grand point fort du jeu, leur affrontement est intense et livre quelques séquences de jeu inoubliables et stressantes. Le désespoir finira par s'emparer de vous au fur et à mesure que vous avancerez dans ce cauchemar virtuel. Un sentiment de solitude vous prendra sûrement quand le manque de munitions se fera sentir...
Outre ses lacunes techniques trop nombreuses ainsi qu'un début de jeu un peu fade, The Evil Within s'avère être un excellent survival horror long, dur et généreux. Empruntant le meilleur des autres, le jeu assume clairment son côté menu best of du genre. Du déjà vu, oui, mais bien fait, très bien fait. Loin d'une révolution et plus proche d'un rappel, Mikami nous montre que le genre n'a pas encore tout donné et qu'il sait se montrer toujours aussi efficace malgré ses mécaniques vues et revues.
Sorti un poil trop tard, il ne manquait plus qu'un peu plus de personnalité et d'originalité pour en faire définitivement un grand jeu.