Ce n'est pas une révolution, c'est une oeuvre d'art
L'atout majeur de The Evil Within (enfin je trouve), ce n'est pas qu'il est très effrayant ou qu'il redéfinit le genre du survival horror, c'est sa direction artistique boostée par de très bons graphismes (pour peu qu'on joue sur un bon PC, en maximum, avec une résolution géante et en 60 FPS).
Cette histoire de connexion d'esprits faisant évoluer les protagonistes dans des cauchemars, aussi dure à comprendre que celle d'Inception mais beaucoup moins profonde, est un bon prétexte à des changements fréquents d'environnements, parfaits pour éviter qu'une certaine lassitude s'installe sur ce point.
Certes, ces changements incessants et sans logique rendent l'histoire un peu difficile à comprendre. Le passage subit d'un petit village dégénéré à une sorte d'égoût sanglant rempli de cadavres, ou bien d'une grotte souterraine aux couloirs carrés et carrelés d'un asile, c'est déstabilisant, ça désoriente. Mais après tout, c'est comme ça que fonctionnent les rêves.
Là, ça permet que des images aussi magnifiques qu'apocalyptiques se succèdent. Village abandonné gris-bleu et brumeux (mention spéciale aux effets de particules, très jolis), église au bord d'une falaise baignée de la lumière ocre du soleil couchant, déroutant champ de tournesols à perte de vue avec une inquiétante grange au milieu, derniers niveaux au surréalisme complètement déjanté et malsain. Plusieurs passages donnent envie de marteler la touche de screenshots tant ils sont beaux.
Et la beauté se situe aussi dans le gore. Sans odorama, on sent presque concrètement la puanteur des charniers, des grands bassins de sang sombres et visqueux dans lesquels on est amené à nager, des murs suintants d'hémoglobine pourrissant. Le jeu est sanglant, très sanglant. Les têtes et les membres explosent avec des bruits ronds et très gratifiants, et dégueulassent tout aux alentours de leurs morceaux gluants, y compris le beau gilet italien du personnage principal.
En lui-même, le gameplay est très classique pour un jeu d'horreur moderne. Le comportement des ennemis, le système d'actions contextuelles, l'homme à la tronçonneuse, tout fait penser à Resident Evil 4, un peu à Dead Space aussi. Le jeu est d'ailleurs rempli à ras bord d'hommages, de références (et peut-être de plagiats si ça se trouve) je vais probablement en faire une liste. Mais si on n'est pas dans un survival horror à l'ancienne, on n'est pas non plus dans un jeu d'action. Les armes très puissantes ne sont débloquées qu'en New game +, les munitions sont vraiment rares (même si le jeu s'arrange pour que vous ne soyez jamais tout à fait à court), et de très nombreux ennemis tuent en un coup et mettent bien les chocottes. Le jeu demande donc d'être stratégique sur ses ressources et est tout à fait "survival", et fait assez peur pour avoir droit au mot "horror".
Malgré tous ces points positifs, il a quelques défauts bêtes et très pénibles. Notamment un Field of view affreusement réduit, même pour un survival horror, et des menus extrêmement mal portés sur PC (changer les commandes du clavier est un supplice). Mais je vous le conseille quand même chaudement dès qu'il est en solde.