Un très bon point 'n click à la sauce Edgar Poe, gratuit en plus.

Merci à Maria Kalash de Canard PC de m'avoir fait découvrir ce jeu par sa critique, tout à fait juste.

"The last door", c'est un pointer-cliquer avec des gros pixels, mais avec une ambiance incroyable. Les deux premiers épisodes sont gratuitement jouable en flash ici : http://thelastdoor.com L'épisode 3 sera disponible quand l'épisode 4 aura été finalisé, et ainsi de suite. Je n'ai pas compris combien d'épisodes étaient prévus (4 ou 5, j'imagine...).

Episode 1 : L'intro/générique est déroutante. Dans un grenier, vous "contrôlez" un gars. Sauf que le seul choix que vous avez pour avancer est de vous suicider. Puis générique, avec de jolis corbeaux perchés sur des corniches et des violons fantasmagoriques. Puis vous incarnez enfin le héros, Johnatan Devitt, qui vient de recevoir un appel de son ami, celui qui vient de se suicider. Vous entrez ensuite dans un manoir, et l'explorez. Il y a beaucoup de choses qui rappelle Maniac Mansion, de l'entrée avec l'horloge (un classique) à la cuisine, en passant par la trappe au plafond qui mène au grenier, ou tout simplement le design tourmenté des arbres, ou la bouteille de dissolvant. Il y a du gore, mais on joue sur le suggestif : des corbeaux qui vous fixent de manière menaçante, après avoir déchiqueté un des leurs ; un chat qui bouffe le corbeau agonisant (un moment désagréable que de le voir tressauter dans son inventaire). Les énigmes ne sont pas très ardues. Le coup des petits bouts de papier qui dévoilent l'intrigue peu à peu, ça peut paraître téléphoné de nos jours, mais là ça marche bien. Beaucoup de références à E. A. Poe, notamment la cave, dont j'espérais qu'elle livrerait plus de secrets (je suis sûr qu'on reviendra dans le manoir plus tard).

Episode 2 : Memories.
Dewitt, grâce à la lettre trouvée sur le corps de son ami, revient enquêter dans le pensionnat d'Aberdeen où il a grandi. Ce dernier est devenu un hospice tenu par des bonnes soeurs, dont le supérieur est invisible et qui ressemble plutôt à un mouroir. Les énigmes sont plus dures, puisque maintenant, il y a intéraction avec d'autres personnages, et des lignes de dialogue à choisir. C'est encore très bien écrit, avec beaucoup de chouettes idées, comme cette bonne soeur morphinomane, ou cette statue de Marie inquiétante, ce jardinier occupé à creuser une tombe, ce déguisement de bonne soeur retrouvé sur la plage... C'est excellent, malgré peut-être un passage de cauchemar un peu long où on se contente de suivre une pièce en lisant des bouts de papier qui racontent une histoire un peu prévisible.

Episode 3 : The four witnesses.
Enfin la suite. J'avoue avoir un peu perdu de vue le scénario de l'épisode 2, mais j'ai aimé ce chapitre, hélas plus court et plus facile. En effet, un des développeurs a dû changer de métier, ce qui a ralenti la sortie et fait baisser un peu les exigences. En matière de difficulté d'énigmes, mais sinon l'ambiance est toujours là, cette fois dans le Londres victorien envahi de smog.

Episode 4 : Ancient shadows.
Johnatan part chez son ami Alexandre. Encore un manoir vide, ou presque. Alexandre semble vieilli, il vit seul, dans une catatonie inquiétante. La serre, le sous-sol : quels objets innommables peuvent se cacher là-dedans ? Pourquoi Altaïr brille-t-elle si fort ? Pourquoi ces ruines romaines ont-elles l'air si inquiétantes ? Qu'y-a-t-il au fond du puits ? Si le chapitre est encore une fois un peu plus court que les 2 premiers, il reste consistant, avec quelques subtilités, qui n'arrêteront pas bien longtemps l'habitué, cependant.

Continuez les gars, c'est vraiment du très bon boulot. J'ai donné 15 euros pour vous financer, je ne le regrette pas, et j'encourage ceux que l'anglais ne rebute pas à faire de même : http://thelastdoor.com/index.php/donate

Je n'ai pas envie de revenir sur la deuxième saison, mais elle est de bonne qualité. Je suis étonné que la série arrive à ne pas tourner en rond. J'attends avec impatience la suite. A noter que les auteurs ont renoncé à leur modèle économique à base de donation libre et reviennent à quelque chose de plus viable et de plus traditionnel.