Voilà un petit jeu creepy & sympathique au possible, avec un chouette air pixelisé vintage :
Chapter 1 : The Letter
- une intro qui prend à la gorge en trompant le joueur (comment peut-on oser me pousser au suicide après quelques secondes de jeu ?)
- une chouette horreur de suggestion, qui devient parfois démonstrative (les corbeaux ! le chat !) mais sans non plus trop insister, dans la droite lignée des univers de Poe et HPL. L'enquête est bercée par une musique atmosphérique particulièrement efficace si, suivant les consignes de départ, on l'écoute au casque dans le noir. C'est très plaisant de retrouver autant de clins d'oeil à diverses nouvelles et de se laisser immerger dans une atmosphère qui me rappelle mes parties préférées de l'Appel de Cthulhu.
- un chouette point & click d'exploration & enquête, fort accessible (à part la clef d'argent, qui m'avait échappée, le reste m'a semblé profondément logique, du moins quand on a l'habitude de ce genre de jeu).
Chapter 2 - Memories
Fini ce matin, dans les mêmes conditions que le premier (noir total et musique à fond) : que dire si ce n'est que j'ai fait des cauchemars ? Incroyable pouvoir de suggestion des pixels...
- beaucoup apprécié les parties oniriques, du cauchemar du départ à l'enquête via bout de papiers, dans un décor très Silent Hill avec ses murs qui suintent de sang et ses formes de cadavres. L'enquête a un goût d'Appel de Cthulhu : cela manque de tentacules pour que je sois parfaitement séduite, mais j'aime beaucoup.
- les thèmes (le lieu maudit, la confrontation avec l'indicible, la folie/souffrance sous toutes ses formes, la quête d'une rédemption impossible) sont fort chouettes et abordés de manière immersive.
- quelques bonnes idées creepy (une intro qui claque, si j'ose dire, l'obligation de faire des actions assez horribles - ça n'atteindra jamais, sans doute, le corbeau agonisant du premier tome, mais bon... -, des lapins très Donnie Darko...).
Episode 3 : The four witnesses.
Plus atmosphérique, mais toujours aussi sympathique... L'ambiance londonienne prise dans le fog, les maisons décrépites et ensanglantées, le travail sur le bruit (ce rire fou ! et cette partie dans le brouillard - un poil agaçante, au départ, mais prenante par la suite) et la musique (la mélopée au violon, mélancoli-déprimante), les surprises creepy (la partie de cache-cache, l'oeil, les masques), la sensation d'être perdu dans un cauchemar...
Tout cela fonctionne ma foi fort bien, avec un scénario qui s'étoffe au fil du temps et permet de s'immerger dans des ramifications occultes dignes de réjouir tout lovecraftien qui se respecte.
Niveau plus facile, avec passages attendus (allumer la lampe, trouver la poignée de porte, apaiser une morte...) et flash backs intéressants.
Episode 4 : Ancient shadows.
Trop court et trop facile : je suis frustrée ! A part trouver comment faire rougir la lampe pour développer l'enveloppe, tout a semblé trop facile à mon avidité à avancer dans le jeu. Heureusement, l'ambiance est toujours au rendez-vous : un début et une fin qui prennent à la gorge, deux micro-sursauts, (plus je m'y attends et plus je décolle de mon siège ^^) une découverte cadavérique horrible, des clins d'oeil bienvenus à Arthur Machen (ou en tout cas certains pans d'atmosphère qui m'ont fait penser à ce roman qui a hanté mon adolescence, "La colline des rêves"), à Lovecraft (l'ambiance cultiste/nom de divinité perdue/folie... la fenêtre qui s'ouvre brusquement m'a instantanément fait penser à la fin de certaines nouvelles d'August Derleth ^^).
Et si je suis un peu déçue que certains décors ne soient pas davantage exploités (la serre, prometteuse ; le sous-sol avec ses mosaïques romaines, ses statues ébréchées et son labo secret), certaines jolies trouvailles (les constellations) et belles vues (le balcon, l'arbre du "cimetière" qui écorche le ciel de ses branches) valent décidément le détour... ainsi que l'évolution du perso joué, qui, après être passé par de nombreux traumatismes qui réapparaissent au détour d'un flash-back, reste fort intrigant.
Chapeau, à nouveau, pour le travail d'habillage par le son et la musique, qui fait oublier une esthétique qui, quoique rudimentaire, est toujours prenante.
Vivement la saison 2 !