Depuis la vénérable PSone, Naughty Dog s'est fait une réputation d'excellence en développant les franchises à succès que sont les Crash Bandicoot et les Jak&Dexter. Mais c'est sur PS3 avec la saga Uncharted, qui s'est placé directement comme la référence du genre TPS/aventure, que le studio californien a atteint le rang très fermé des meilleurs développeurs au monde. Beaucoup se sont inspirés des aventures de Nathan Drake dans leur production mais aucun n'a eu le talent nécessaire pour les égaler. Voyant que les Dogs n'avaient plus de concurrent, ils se sont mis à se défier eux même en créant ce qui va devenir le chef d’œuvre de la septième génération des consoles: The Last of Us!


Sur la route lala lalalala...


Difficile de parler du scénario sans rien spoiler à l'aventure, surtout que malgré tous les trailers que l'on a pu voir depuis quasiment deux ans que le jeu a été annoncé, tout cela représentait seulement la partie immergée de l'iceberg. Le pitch c'est que l'histoire se passe en 2033 dans un monde post apocalyptique où le monde civilisé a disparu et que les derniers survivants se sont réfugiés non pas dans un métro mais dans des zones de quarantaine contrôlées par l'armée. Mais que s'est il donc passé diantre?! Un champignon parasite, le cordyceps, a infecté la planète, transformant les gens qui ont inoculé le virus en êtres décérébrés en quête de chair fraîche. Une intrigue de postulat basique qui ne sera pas le centre d’intérêt du scénario de The Last of Us. Celui-ci se concentre essentiellement sur les différents personnages du jeu et plus particulièrement sur le duo Joel et Ellie. Joel est un contrebandier à la quarantaine bien passée qui va devoir faire équipe malgré lui avec une jeune ado de 14 ans, Ellie donc, au caractère bien trempé. Leur périple les amènera à traverser les États-Unis.


Que dire de plus sans rien gâcher au plaisir de la découverte sinon que l'histoire de The Last of Us est magnifique non pas par son intrigue assez prévisible malgré son lots de rebondissements, mais par ses personnages finement travaillés, ses dialogues toujours justes, cette empathie mais aussi son côté dénonciateur de pas mal de choses sur la nature humaine quand on essaie de creuser un peu plus en profondeur l'intrigue. De cette introduction d'anthologie jusqu'au générique de fin vous serez happés dans cette aventure qui prend aux tripes où toutes les émotions se succèdent: la tristesse, la joie, l'humour, le stresse et même par moment le tout mélangé mais toujours avec cette justesse de l'écriture tout simplement parfaite! The Last of Us nous prouve que l'on peut avoir une intrigue et des personnages attachants sans mettre de côté le gameplay ou de nous abreuver de cinématiques à n'en plus finir. Les Kojima, TellTale et autres David Cage devraient en prendre un peu de la graine...


Le livre d'Ellie.


Présenté comme un survival/action par ses développeurs, The Last of Us pourra décevoir ceux qui s'attendait à un survival/horror comme décrit maladroitement dans la presse spécialisée. Le jeu ne procurera aucun frisson et les adeptes du genre devront se retourner vers un Siren Blood Curse ou un Dead Space. Pour se faire une idée concrète du gameplay, il faut repenser au très sous estimé chef d’œuvre (encore un dans le genre) de Rockstar: Manhunt; auquel on lui aurait rajouté une bonne dose d'exploration et le craft. Cette capacité de customiser des armes ou des objets en récoltant divers ustensiles ça et là. Besoin d'une trousse de soin car la vie se régénère pas automatiquement par miracle? Trouvez du chiffon et de l'alcool. Oui mais attention l'alcool sert aussi à créer des cocktails Molotov très utiles, et on ne trouve ces matériaux que très rarement surtout dans les niveaux de difficulté les plus élevés. Ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres. Il sera possible aussi de récupérer des pièces détachées pour améliorer ses armes (vitesse de rechargement ou capacité du chargeur améliorée) et ses aptitudes (barre de vie plus grande ou visée améliorée). Mais attention ces améliorations ne vont pas transformer Joel en super héros; sans compter que la difficulté du titre augmente de façon exponentielle au fil de l'aventure.


Dans les faits on se retrouve devant un TPS axé infiltration ou le moindre faux pas peut se conclure par une mort directe et où la fuite n'est pas une fatalité mais un moyen de survivre face aux hordes d'infectés (qu'ils soient aveugles ou réceptifs à la lumière) ou aux survivants utilisant des armes à feu la plupart du temps. Inutile de bourriner dans le tas car c'est le suicide assuré, surtout que l'IA est d'une crédibilité et d'un réalisme sans faille. Jamais intelligence artificielle n'aura porté aussi bien son nom. Les ennemis préparent des stratégies, ne jouent pas les kamikazes, réagissent en fonctions de l'arme que vous utilisez, vous contournent, se replient et peuvent vous traquer en fouillant scrupuleusement chaque recoin. Ne pensez pas apprendre par cœur leurs habitudes l'IA est totalement aléatoire pour la majeure partie du temps. Mais l'IA alliée n'est pas en reste. Ellie vous indiquera si vous n'avait pas repéré un ennemi sur les flancs, pourra faire diversion en jetant une brique sur la tronche d'un gars, fournira des munitions qu'elle aura trouvé, se servira de son canif pour aider Joel si il se fait attraper et plus loin dans l'aventure elle pourra même aider le joueur avec un pistolet. Alors certes par moment les ennemis ne voit pas Ellie quand aucune «phase d'alerte» n'a été déclenchée, mais ceci n'est pas un défaut mais un parti pris des développeurs pour ne pas rendre le jeu frustrant. Surtout que ça n'arrive que très rarement vu que la gamine se déplace toujours furtivement derrière Joel et reste à couvert constamment dans les moments tendus. En bref la meilleure IA du genre et de très loin! En ce qui concerne la jouabilité, les afficionados des Uncharted seront en terrain connu. Joel se manie aussi agréablement que Nathan Drake mais avec vingt ans de plus. La jouabilité s'en retrouve plus lourde et réaliste. Fini les l'escalade facile et les sauts de cabri et place à une progression plus lente et plus furtive sans compter qu'il faudra aider Ellie à franchir des obstacles vu qu'elle ne sait pas nager.


Le premier jeu next gen!


La Playstation 3 arrivant en fin de son cycle de vie, il sera difficile pour les joueurs gavés par les productions des studios first party de Sony, dont les Uncharted, d'être encore impressionnés par les graphismes. Surtout en voyant les consoles next gen arriver à l'horizon. Et bien Naughty Dog réussi l'exploit de nous faire décrocher la mâchoire à chaque nouveau lieu que l'on visite. Mais ce ne seront pas les graphismes, les textures fines, les effets de lumières maîtrisés ou la modélisation des personnages tout juste bluffante, non ici ça sera le soucis du détail presque obsessionnel apporté au moindre décors donnant une crédibilité sans faille au jeu. Chaque pièce est unique, chaque maison, chaque décor et environnement regorge de détail que l'on a l'impression de vraiment participer au voyage en compagnie de nos deux héros.


Et que dire de la bande son qui est tout juste sublime. La minutie du travail sonore est égal aux graphismes de The Last of Us! Si vous avez une installation adéquate vous allez vraiment vous immerger à 200% durant les seize bonnes heures que prendra le périple de Joel et Ellie en mode normal. Mais le son en DTS est aussi très utile pour repérer des ennemis cachés dans les décors. Pour ceux qui n'ont pas un home cinema, il existe le mode «écoute» (désactivable dans les options) qui permet à Joel, en appuyant sur la touche R2, de repérer les ennemis uniquement bruyant à travers le décor si ces derniers ne sont pas trop éloignés. Les musiques sont très minimalistes et pas assez variées mais respectent bien l'ambiance du titre. Certaines font même penser à Red Dead Redemption. Quant à la VF elle est tout simplement sublime malgré un bug de synchronisation assez gênant lors d'une cinématique durant les premières heures de l'aventure. Uncharted nous avait habitué à avoir des héros bavards pendant les phases de gameplay, nous dévoilant ce qu'ils ressentent, ici c'est la même chose mais en décuplé. Certains pans très important du scénario sont dévoilés lors des phases de jeu et non uniquement pendant les cinématiques.


Autre comparaison avec les aventures de Nathan Drake: les animations. Autant les animations dans la trilogie Uncharted étaient des références du genre, autant elles se retrouvent ridiculisées par The Last of Us qui place la barre tellement haute qu'on se demande si il sera possible un jour de faire mieux. Et hormis un léger scintillement et du clipping lors d'une phase dont je ne spoilerai point (faut bien chipoter) le jeu est techniquement irréprochable: pas de chargement, pas de tearing, aucun ralentissement à signaler. Bref du travail soigné, minutieux, méticuleux, du travail d'orfèvre tout simplement.


Un multi loin d'être sporifique.


Naughty Dog n'a pas voulu faire les choses à moitié en proposant du online sous forme de deux modes de jeu déguisés en match à mort par équipe: Raid sur les Provisions et Survivants. Seul le respawn change. Dans le premier cas, chaque joueur possède une vie par round et dans l'autre il existe un nombre de respawn prédéfini pour l'ensemble de l'équipe. Les deux modes se jouent en quatre contre quatre et possèdent le même gameplay basé sur la survie que pour le solo avec le craft et les munitions limitées. Ce qui permet de la jouer assez tactique et d'éviter les campeurs car obligeant le joueur à récupérer des munitions sur les cadavres ainsi qu'a divers endroits du décor. Un multijoueur plutôt sympa mais très frustrant lors des premières parties car pas du tout équilibrées. Attendez vous à mourir constamment parce que votre arme n'a pas été assez améliorée par rapport à votre adversaire qui vous achève en deux coups seulement... Cependant le réseau fonctionne bien et passé cette frustration, en améliorant son équipements grâce aux pièces détachées récupérés durant les parties, le jeu s'avère fun et rappelle par moment un certain Metal Gear Online dans sa progression.


Les PLUS:



  • Des graphismes magnifiques.

  • Une bande son parfaite.

  • Les animations et l'IA criant de réalisme.

  • Le gameplay basé sur la survie.

  • Un contenu bien riche.

  • Un scénario captivant, des personnages attachants et une mise en scène irréprochable.


Les MOINS:



  • Quelques rares bugs d'affichage pour avoir réussi l'exploit d'avoir fait tourner un jeu PS4 sur une PS3 vieillissante.


La Playstation 3 et Naughty Dog n'ont plus rien à prouver et The Last of Us en est l'exemple même. Quasiment parfait de bout en bout, une référence sur pratiquement tous les points que le dernier joyau de Naughty Dog est un must have à posséder absolument pour les fans du genre! Attention cependant aux parents qui décident d'acheter le jeu pour leurs jeunes enfants: la norme PEGI déconseillé aux moins de 18 ans sert enfin à quelque chose. The Last of Us est un jeu fait pour les adultes.

Créée

le 16 juin 2013

Critique lue 799 fois

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Nightmare1984

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