Il est de ces éditeurs dont les titres savent se faire attendre. Ainsi, Naughty Dog a toujours su ménager ses effets, surtout sur la dernière console de Sony. Uncharted ouvrait en quelques sortes la PS3, et The Last of Us arrive pour conclure l’aventure avant la PS4. La conclusion est-elle à la hauteur de l’introduction ? La réponse dans les lignes qui suivent.
Du Postapo ?
Après les aventures contemporaines de Nathan Drake aux 4 coins du globe, place à un duo de choc dans un univers post-apocalyptique. Na ughty Dog change de registre pour son dernier titre, et pas qu’un peu.
Le pitch est de prime abord assez classique : le cordyceps, un champignon, a transformé une bonne partie de la population en zombies. Dès l’introduction, le joueur se voit annoncer la couleur : des graphismes proprement bluffants, une mise en scène millimétrée, une ambiance lourde distillée avec génie. On ne se prend pas tout en pleine face d’un coup, on nous immerge peu à peu dans un univers très noir, dans lequel le prix à payer pour la survie n’est ni plus ni moins que la perte de son âme.
Joël, le héros que nous allons incarner dans la majeure partie du soft, n’échappe pas à la règle. Disons pour ne pas gâcher le plaisir de l’introduction aux lecteurs qui ne se seraient pas encore procurés cette perle, que c’est un homme meurtri, que la survie a rendu amer et cynique, mais terriblement efficace au combat.
Un PNJ ? Oui, mais…
Il sera accompagné d’Ellie, une jeune fille très éloignée des critères de référence de la jeune fille de nos jours. Loin d’être superficielle, Ellie est la pierre angulaire du scénario. C’est la force narrative du jeu, celle qui va apporter toute la profondeur au soft. Si Naughty Dog avait déjà prouvé son savoir-faire dans la gestion des Personnages Non Joueur au cours de l’épopée Uncharted, ici, une étape est clairement passée. Ellie n’est pas une simple accompagnatrice. Elle prouve son utilité au fil du jeu, devient très attachante, et enfin, et c’est bien là le principal, elle est un facteur d’immersion. Je m’explique : le joueur blasé, nourri d’univers postapos, a parfois tendance (et c’est fâcheux) à foncer droit vers les objectifs sans trop prêter attention au monde qui l’entoure. Grâce à Ellie, ce défaut est vite corrigé. Cette nana n’a pas connu notre monde. Elle est subjuguée par tout ce qu’elle découvre, tous les vestiges de notre civilisation : stations de métro/bus, magasins de disques, mobilier dans les habitations abandonnées…
Pour illustrer mon propos, une de ces phrases singulières si subtilement amenée. Ellie entame la lecture du journal intime d’une fille de son âge ayant vécu en 2013. Sidérée, elle demande à Joël : « C’étaient vraiment ça, leurs préoccupations ? Se maquiller le mieux possible pour plaire à un maximum de garçons ? » Et ce type de réflexions ne manque pas. Tant mieux. N’est-ce pas là l’essence des univers postapos ? Remettre en considération les fondements superficiels, absurdes, de nos sociétés trop gâtées ?
Pour Ellie, comme pour Joël, il s’agit d’un voyage initiatique, dans lequel chacun apprend à connaître l’autre, d’une part, et soi-même d’autre part. La trame scénaristique est avant tout basée sur la construction de cette relation quasi filiale, qui s’étoffe au fil de l’aventure, et aboutit en un final poignant dans la dernière étape de leur aventure.
Facile, quand on a la formule…
Terminons par la jouabilité. Pour les afficionados des Uncharted, autant le dire tout de suite : la prise en main sera aisée. Et pour les autres ? Tout dépendra du choix des options dans le menu de départ. Commencer le jeu en normal avec le didacticiel activé amène une prise en main très rapide. Ainsi, longer un muret en écoutant attentivement les mouvements alentours pour repérer les ennemis (ce qui se fait simplement en pressant L2), avant de les éliminer, furtivement ou ostensiblement, en fonction des munitions restantes ou de l’accointance du joueur, sera vite réalisable. Tout est alors une question de choix. Ici réside encore l’une des forces de ce hit : il n’existe pas une seule solution pour arriver au terme de l’aventure, mais une multitude, ce qui ne fait qu’enrichir l’expérience.
Conclusion : une profondeur scénaristique sans précédent, des graphismes à couper le souffle, le tout servi par une jouabilité ultra-intuitive, il va sans dire que The Last of Us conclue la génération PS3 en apothéose, avec un titre qui restera dans les annales et devient pour longtemps, LA référence du jeu d’aventure post-apocalyptique.