Il n’est pas systématique de voir les J-RPG sortir du Japon pour les terres occidentales. Au début des années 2010, les Nord-Américains, fans de J-RPG ont lancé une pétition pour voir venir chez eux trois jeux du genre sortis sur Wii. Cette campagne fut appelée Opération Rainfall et ils ont obtenu gain de cause. Cet événement a permis de prouver aux Japonais que ces jeux intéressent aussi les joueurs et joueuses à l’autre bout du monde. Parmi ces trois jeux, l’un est produit et réalisé par Hironobu Sakaguchi et composé par Nobuo Uematsu, respectivement le créateur et le compositeur de la série des Final Fantasy. Devenu indépendant, on se demande de quoi est capable de cette petite équipe avec un budget plus restreint qu’un jeu Square Enix.
Pour commencer, The Last Story ne cherche pas à imiter Final Fantasy. On est certes dans de la fantaisie, mais Sakaguchi ne cherche pas à agiter la magie du passé pour son nouveau jeu. Le système de combat est plutôt original. On n’appuie pas sur un bouton pour attaquer, on incline le stick vers l’ennemi, ce qui implique parfois d’attaquer sans le vouloir. Parfois, notre personnage ne fait pas le mouvement qu’on souhaite, car la palette de mouvement est riche, mais les boutons limités. Il est parfois compliqué de discerner ou de situer sont nos potes, où sont les halos de magie (notamment de soin) ou même les ennemis. Le jeu possède un filtre sombre dégueulasse qui complique la lisibilité, surtout en intérieur. Ajoutez à ça une caméra qui ne sait pas où se foutre à plusieurs reprises et les mobs qui nous explose (notre personnage ou nos potes) en quelques coups pour qu’un combat devienne vite lourdingue. Heureusement, le gameplay s’enrichit sur le long terme et notre palette de mouvement se voit obtenir de nouvelles techniques. Les ennemis et les boss sont vairés et ces derniers sont souvent originaux, ils mettent en place des nouvelles stratégies à chaque fois. Quitte à faire arracher les cheveux. En somme, le système de combat est correct et bien exploité, mais la manette ne semble pas adaptée. On remercie néanmoins les développeurs de ne nous avoir infligé aucune phase en motion gaming.
Ensuite, l’histoire propose une succession classique mais rythmée d’événements. Elle ne nous passionne pas toujours et use de certaines facilités scénaristiques à plusieurs reprises. Heureusement, le jeu ne faisant qu’une vingtaine d’heures, on passe d’un événement à un autre assez vite, même si le ressenti de temps de jeu est nettement plus élevé, avoisinant la trentaine. J’ai eu beaucoup de mal à faire de longues sessions de jeu, notamment à cause des nombreux dialogues et cinématiques. Si les cinématiques ont parfois une mise en scène brute, peu fluide avec des animations pauvres, elles restent de manière générale de qualité. Le jeu propose aussi des cinématiques en images de synthèse qui sont également très belles. En-dehors du prêt-calculé, le jeu est vraiment beau pour de la Wii. Les animations en combat claquent, les décors sont riches. On regrette de la résolution naze de la console rend parfois le HUD ou les barres de vie des ennemis illisibles. Ajoutez à ça le filtre cité plus haut et les baisses de frame rate monstrueuses. Même s’il n’y a pas beaucoup d’éléments à l’écran, le jeu rame comme un porc. Notre bande de potes est assez attachante. Tous ont un trait de caractère défini et interviennent dans l’histoire à leur manière. Même Zael, qui semblait être condamné à être un énième héros insipide, a réussi à se démarquer. Les musiques sont, comme attendues, d’une très bonne qualité. Toutes ne resteront pas dans les mémoires, mais plusieurs sortent du lot et montrent encore une fois le remarquable travail de Nobuo Uematsu.
Bref, The Last Story est sympathique. Force est de constater que sur de nombreux points, le jeu fait amateur. Sans oublier la Wii qui ne semble pas être la console la plus apte à recevoir ce style de jeu (manque de boutons, résolution éclatée, hardware préhistorique en 2011). Pourtant, j’ai réellement ressenti de l’affection pour ce jeu. Grâce aux personnages, au rythme malgré l’histoire osef, aux musiques, aux combats en général, l'ambiance… Le jeu veut bien faire et ça se sent. Je pense que pour jouer dans les meilleures conditions aujourd’hui, il faut laisser tomber la version physique et s’orienter sur l’émulation avec un filtre HD qui éclaircit les environnements. Il est peu surprenant de voir que le plus gros problème de ce jeu est finalement le Wii.