21 novembre 1991 : l'un des plus grands jeux vidéos jamais conçus vient de voir le jour au Japon. Et presque un an plus tard, il débarque en Europe. Ce jeu, c'est The Legend of Zelda: A Link to the Past, et il est chargé d'une lourde mission : remodeler une licence qui n'arrive pas à se trouver.
En effet, quatre ans plus tôt sortait The Adventure of Link, le second volet de la saga et l'un des moins appréciés par la communauté encore aujourd'hui. Je ne vais pas revenir sur ce jeu, l'ayant déjà analysé dans l'une de mes critiques (que je vous invite à lire si le cœur vous en dit), mais il faut bien saisir que tout le côté Metroidvania introduit dans ce deuxième opus va littéralement être renié par A Link to the Past, qui va quant à lui revenir aux sources en proposant un gameplay plus similaire à celui proposé par le tout premier opus, tout en ajoutant de nombreux éléments qui seront repris dans quasiment tous les volets suivants. En d'autres termes, A Link to the Past est LE jeu qui a (re)modelé The Legend of Zelda.
J'ai décidé de faire une petite liste des changements apportés par A Link to the Past. Les voici :
- La vue : retour à la vue qui avait été si appréciée dans l'épisode de 1986, à savoir la fameuse vue de dessus plongeante, qu'on appelle souvent, justement, « vue à la Zelda ».
- La carte : retour à un monde semi-ouvert, comme dans le premier opus, bien loin de celui proposé dans The Adventure of Link. Le joueur est invité à explorer la carte comme il le fera dans tous les Zelda suivants. Cette carte est d'une taille relativement modeste si on la compare à celle de Breath of the Wild, mais pour l'époque, elle demeure très vaste.
- Donjons : un élément majeur. C'est A Link to the Past qui a défini l'archétype du donjon Zelda : plusieurs étages, des énigmes, un objet à obtenir et nécessaire pour avancer, des petites clés et une clé de boss, un boss...
- Boss : nombreux sont les boss de A Link to the Past à avoir influencé les boss suivants, ou à être carrément réapparus dans les opus suivants. C'est le cas de Moldorm, la chenille, mais aussi de Vitreous, cet amas d'yeux qu'on retrouve notamment dans Majora's Mask.
- Objets : de la même manière, nombreux sont les objets de A Link to the Past à être réapparus dans d'autres jeux Zelda. Plus encore, A Link to the Past a donné une importance capitale aux objets, qui étaient clairement inexistants dans The Adventure of Link, faisant d'eux un élément de gameplay majeur de la licence.
- Scénario : A Link to the Past est le premier Zelda à avoir proposé un vrai scénario, et ce même scénario est une référence pour la licence puisqu'il inspirera de nombreux Zelda : le schéma trois donjons dans un monde puis sept dans un autre est repris dans Ocarina of Time ; le passage d'un monde de lumière à un monde des ténèbres en se transformant en animal (en l'occurrence, un lapin) est repris dans Twilight Princess ; la présence de sages associés à des donjons distincts est quant à elle monnaie courante dans les volets suivants.
- Bande-son : une source d'inspiration pour ses successeurs. Certains thèmes ont d'ailleurs été conservés jusqu'à aujourd'hui, comme celui du village Cocorico, celui de la Master Sword ou encore celui de la fontaine des fées...
- Lore : beaucoup d'éléments inconditionnels du lore Zelda ont été introduits par A Link to the Past : c'est justement le cas du village Cocorico, mais aussi du Lac Hylia ou de nombreux ennemis présents dans le jeu.
En plus d'avoir introduit et réintroduit de nombreux éléments de gameplay à la licence, comme le montre la liste ci-dessus, A Link to the Past est surtout un immense jeu absolument exceptionnel pour l'époque. Esthétiquement, il est stupéfiant, et nous offre une qualité graphique très probablement inédite en 1991. La bande-son est elle aussi d'une qualité remarquable et propose des musiques qui, encore aujourd'hui, restent légendaires, comme cet incroyable thème du Monde des Ténèbres... Enfin, en ce qui concerne le gameplay, A Link to the Past propose là aussi quelque chose d'excellent. La jouabilité est parfaite, et nous amène à nous immerger avec grand plaisir dans une carte sublime et dans des donjons parfaitement construits et réfléchis qui sauront mettre à l'épreuve notre habileté, notre adresse, et parfois nos nerfs. Il n'y a que le scénario, finalement, qui est un peu en deçà du reste, car sûrement trop simpliste, malgré ce qu'il apporté à la licence...
C'est peut-être ce qui fait que A Link to the Past n'est pas parfait, mais pour tout ce qu'il a démontré à côté et, surtout, pour avoir donné à The Legend of Zelda tout le charme qu'on lui connaît aujourd'hui, je n'ai qu'une chose à dire : ce jeu est une légende.