The Legend of Zelda: A Link to the Past
8.6
The Legend of Zelda: A Link to the Past

Jeu de Nintendo EAD, SRD et Nintendo (1991Super Nintendo)

Dans l'historique de la série Zelda, il y a trois titres qui comptent plus que les autres, tant leurs apports de gameplay furent grands : le premier opus sur NES (fondation de la série et des bases de son gameplay), ALTTP (enrichissement du système, de l'équipement, de la topographie des donjons, de l'univers) et OOT (premier épisode en 3D, dont le coeur du gameplay et les codes sont encore repris actuellement), même si personnellement, j'ai toujours préféré les autres Zelda, moins révolutionnaires, mais plus originaux dans leurs tons, tels que Link's Awakening, Majora's Mask ou The Wind Waker.

Et je n'ai jamais vraiment été fan de cet opus SNES parce qu'il ne propose pas ce que j'avais adoré dans les opus suivants : un univers féerique, un univers avec différents peuples, des quêtes annexes sympathiques avec des PNJ haut en couleur et quand même un certain travail sur le scénario/la mise en scène. Mais tout ça, ce n'est que la forme, pas le fond du jeu, et ce dernier demeure un exemple en la matière. Explications.

Comme dans les premiers jeux de Miyamoto, la quête du héros n'est qu'un prétexte pour justifier le gameplay, et donc Link part donc sauver la princesse Zelda, en battant des méchants dans des châteaux. Comme dans Mario, sauf qu'on trouve des princesses à la place des Toads, c'est déjà ça. Et du coup, Link part donc avec son bouclier (et l'épée de son oncle) explorer le monde, relativement vaste (pour l'époque) et plutôt hostile.

Et pour donner envie au joueur de le fouiller, les gars de Nintendo EAD ont parsemé tous les coins de la carte de petits secrets, de coffres à ouvrir, d'armes à dégoter, de PNJ prêts à dévoiler quelques informations ou de quarts de coeur. Et affronter le boss de fin sans avoir pris le temps d'explorer ne serait-ce qu'à moitié le monde d'Hyrule est du coup fortement déconseillé. Parce que les plaines du royaume sont jonchées d'ennemis, qui à défaut d'être résistants, dépouillent facilement l'énergie vitale du jeune Hylien.

Il est d'ailleurs assez intéressant de constater la différence de difficulté entre cet épisode et la plupart de ceux qui le suivirent : au fond, le jeu n'est pas foncièrement dur, mais il sanctionne très vite le joueur imprudent, et ne lui indique pas toujours le bon chemin de manière évidente. ALTTP n'octroie pas de coeur de vie dans chaque pot, les ennemis peuvent en enlever jusqu'à trois ou quatre et les donjons sont remplis de mécanismes de défense indestructibles, mais destructeurs, et le tout est bien dosé, jamais excessif ou trop décourageant, quelque chose qui se perdra par la suite dans la série. Les seules failles du système de jeu sont que parfois la hitbox des ennemis est un peu hasardeuse, et surtout qu'on récolte beaucoup trop de rubis. Ce qui est problématique, puisque ceux-ci ont peu d'utilité, si ce n'est d'acheter des potions, et que celles-ci sont très (trop ?) accessibles. Ah aussi, la magie est un peu craquée, et le combo Ether/Marteau bien trop efficace. Mais ce sont des détails.

Et le véritable coeur du jeu, ce sont évidemment ses douze (!) donjons, peut-être les meilleurs de la saga, du moins en ce qui concerne les opus 2D. Relativement longs (une heure en moyenne pour en boucler un), ils disposent surtout d'un très bon level design, qui force à jongler entre les objets obtenus et d'une disposition des salles astucieuses, car jamais vraiment linéaire. Il n'y a qu'un "bon" chemin, mais tellement d'embranchements qu'on est un peu forcé de farfouiller dans tous les sens, de revenir en arrière, de retenir ce qu'on a déjà vu (des portes fermées à clé, des passages bloqués faute d'un objet manquant) pour y revenir, bref la quintessence de ce qu'on peut attendre d'un donjon 2D. Ils alternent aussi bien entre les combats et les énigmes (toutefois assez rudimentaires), et la réelle difficulté est parfois simplement de s'y retrouver, et de comprendre fonctionne le Temple. A l'instar de celui de la forêt des Squelettes, ou du Rocher de la tortue et de ses multiples tuyaux et plate-formes mobiles. Et d'ailleurs, bien qu'ils soient assez génériques graphiquement, ils disposent presque tous d'une certaine identité ludique et de concepts propres, et ne sont donc au final pas redondants.

Surtout que le jeu excelle pour réutiliser des codes de gameplay, à l'instar des crânes qu'on prend l'habitude de fracasser tout au long du jeu (pour récupérer parfois un misérable coeur d'énergie), qui se révèlent à un moment être également des prises à grappin, parfois importantes à conserver pour avancer ! D'autres opus ré-exploiteront bien mieux le concept, mais les différents objets ont presque tous une double-fonction, et le jeu parvient toujours à faire comprendre au joueur ce qu'il doit faire sans (trop) avoir recours à des textes/tutos envahissants, tout simplement parce que son game design est purement efficace.

Enfin, ALTTP est le premier Zelda à introduire le concept de "monde bi-polaire", qu'on retrouvera ensuite dans la plupart des opus (il y a presque toujours une dualité entre le monde originel du héros, et un autre, que ce soit un monde des ténèbres, microscopique ou une autre réalité temporelle), et ça fonctionne toujours aussi bien. Tout est repoussant et angoissant dans le monde des ténèbres, les arbres ont un visage déprimé, les monstres des couleurs criardes et un design apocalyptique et la musique laisse deviner le désespoir et le côté sombre des gens qui peuplent ce monde. Les poules y sont décharnées, les maisons détruites et tout est pourtant à la même place, c'est "juste" le côté sombre d'Hyrule. Et le passage d'un monde à l'autre (on peut revenir quand on veut dans la "lumière", mais seuls certains points permettent d'accéder aux "ténèbres") encourage l'exploration sur les deux tableaux, bref une réussite.

Du coup, ALTTP est un Zelda brillant pour son côté gameplay et son côté précurseur de l'ère "moderne" de la série, et son intérêt ludique est aujourd'hui toujours aussi grand. Si je ne lui mets que 8, c'est parce qu'il lui manque la folie et l'insouciance de Link's Awakening et l'univers plus travaillé des opus 3D, reproches tout à fait illégitimes au vu de l'âge du jeu, mais qui m'auront empêché une immersion totale dans l'Hyrule de ce ALTTP.
Floax
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Zelda, une série qui m'est chère et Journal vidéoludique 2014

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le 26 août 2014

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