Je vais pas attendre de finir le jeu pour me lancer dans une critique sinon elle n’arrivera pas avant 10 ans. J’ai joué, joué, joué, tellement d’heures, j’ai fait tellement de trucs et pourtant, la quête principale n’est que très partiellement accomplie. Je pense que j’en ai encore pour un moment. Et quel bonheur !


Ça faisait plusieurs années que je disais qu’en vieillissant on ne joue plus autant aux jeux vidéo qu’avant, qu’on se lasse plus vite, que la flamme n’est pas la même. Breath of the Wild m’aura fait mentir. Hier encore je me suis juré d’arrêter de jouer vers 23h00 avant de finalement poser ma manette à 2 heures du matin. J’avais encore un truc à faire, à voir, à découvrir. Quand une mission m’amène aux bords du lac Hylia, je réalise que je peux finir une autre quête et d’un coup, trois autres s’offrent à moi en allant voir un peu plus loin, au bout de la plaine. Ce Zelda, c’est la profusion d’un peu tout. D’objets, d’armes, de boucliers, de bidules plus ou moins utiles à crafter, à cuisiner, à utiliser ou à vendre. J’ai toujours l’impression de découvrir de nouveaux items, au détour des ruines abandonnées d'une cité oubliée au cœur d’une forêt, en haut d’un sommet enneigé ou en partant à la recherche de l’impact d’une étoile filante.


Et je m’émerveille de tout. Tout est beau, poétique. J’ai l’impression de jouer dans Princesse Mononoké de Myazaki. Ce Zelda est d'ailleurs très imprégné de cette culture de la nature vivante, des divinités ancestrales, des monstres effrayants. Les brumes qui nous encerclent parfois recèlent souvent des secrets, des mystères. Il n’est aussi pas rare, au détour d’un chemin, de s’accroupir pour se dissimuler d’un groupe de Moblins. D’attendre. De se questionner un moment.
« Ils sont nombreux, j’y vais ou pas ? ».
Car dans ce Zelda rien n’est facile. Certains diront (à raison) que je suis nul mais je ne compte plus les game over. Terrassé par des pierres géantes qui se sont animées à mon passage, par un centaure aux allures de diable échevelé ou par un éboulement de roches sur un chemin escarpé. Mais surtout, par mon arrogance à croire que, comme avant, il suffisait de foncer dans le tas. A mes dépends, je l’ai appris, ce Zelda est différent.
Mais parfois, c'est la gloire:
-"OUIIII, j'ai tué un GARDIEN !!! A moi tout seul !!! C'est MOI qui l'ai eu !!! Ok, j'y ai passé les 3/4 de ma bouffe, j'ai pété 2 épées rouillées, 3 hallebardes et une lame de gardien mais c'est MOI qui l'a tué !!! Ok, il était mal en point et il n'avait plus de pattes mais n'empêche, je l'ai FAIT!!!" #fierté


Bref...


Ce Zelda brille aussi dans une originalité scénaristique qu’on avait peu l’habitude de voir dans cette saga. Breath of the Wild est la suite d’une aventure qui n’existe pas et qui n’existera surement jamais. La guerre contre Ganon a été perdue, la princesse Zelda a échoué, les héros sont morts et seul Link a survécu, tant bien que mal. Il se réveille amnésique d’un combat ancestral et il va partir à la recherche de sa mémoire et du passé. Nous suivons ce Link éternellement englué dans son silence et nous allons découvrir ce monde sauvage avec lui. Mais ce monde s’en fout. Les habitants ont appris à vivre avec la menace grandissante du Fléau et malgré quelques irréductibles qui croient encore au retour du héros et aux légendes d’antan, la plupart n’en n’ont cure et ont appris à vivre dans ce monde dangereux. La nature a repris ses droits en bien des lieux et seuls quelques chasseurs de trésors osent s’aventurer aux abords du château maudit. Le constat est vite cruel, dans ce monde immense, vous serez seul et les aides seront peu nombreuses.


Ceux qui se sont émerveillé et se sont perdus devant Minecraft retrouveront ces sensations que je croyais oubliées. Des musiques douces, discrètes, qui coulent leurs notes sur des étendues sauvages à perte de vue.
Il y a toujours quelque chose pour vous attirer en dehors des chemins. Que ce soit un dragon lumineux surgissant des flots ou un Korogu caché sous une pierre. Tous les détours sont bon à prendre. Souvent, on découvre un sanctuaire caché à l’orée d’une forêt, blotti contre une falaise abrupte et on pénètre en ces lieux comme on rentrerait dans un tombeau. A l’intérieur c’est une mélodie qui sonne comme Atom Heart Mother qui nous accueille et nous offre des épreuves parfois complexes mais toujours plaisantes. Retrouver ce sentiment d’avoir accompli quelque chose d’utile en sortant : quel bonheur !


Moi, je ne compte plus les heures à observer les paysages, simplement, tranquillement. A regarder cette faune foisonnante. Des oiseaux, des renards, des sangliers, des insectes, des rapaces qui planent dans l’azur, des canards qui barbotent dans un ruisseau à l'onde cristalline… tout. Je ne compte plus les heures à attendre au pied d’une montagne que l’averse passe pour pouvoir enfin l’escalader. Je ne compte plus les heures à me promener dans un village niché entre deux flancs rocailleux, à laisser mes empreintes de pas sur le sable chaud du désert Gérudo, à essayer de capturer un cheval à la robe d’un blanc pur sur le plateau du Prélude, à contempler la mer face aux embruns glacés, à parcourir simplement les plaines envahies d’herbes sauvages, de fleur silencio, d’herbe d’Hyrule et de galoper encore, galoper encore…

villou
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le 10 mars 2017

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villou

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