Pour autant que je me souvienne, mon histoire avec Link's Awakening a commencé alors que j'étais au collège, alors que le fils de ma marraine me prêtait sa cartouche de gameboy (color ? je ne saurais plus dire), alors que j'allais passer quelques jours chez mes grands-parents. Ne connaissant la saga Zelda que pour ses versions en 3D, c'était l'occasion de découvrir, déjà qu'il existait vraiment des Zelda 2D (et ça, ça a été une sacré révélation à l'époque), mais surtout, cet épisode qui était, comme j'allais l'apprendre plus tard, l'épisode préféré de beaucoup de monde. Bon, et donc finalement, alors qu'on est en voiture pour un long moment, je décide de lancer ce Link's Awakening, parce qu'après tout, pourquoi pas. Sauf qu'en fait non. J'y joue vingt minutes, et ça me me gonfle. Déjà, je n'aime pas cette vue de dessus qui limite sévèrement le champ de vision, et puis surtout, j'y joue après Ocarina of Time et Twilight Princess (je crois pas que j'avais Wind Waker à l'époque), et clairement, je vois pas l'intérêt, en plus on me dit qu'on peut même pas faire du cheval dans celui là. Il n'en faut donc pas plus pour que je retire la cartouche, et n'y retouche plus que pour la rendre à mon pote.
Bon, bien des années plus tard, voilà que débarque ce remake sur Switch, et depuis, mon bagage s'est un peu élargi, j'ai fait d'avantage de jeu empruntant une caméra zénithale (MGS pour n'en citer qu'un, ou tout simplement Link Between Worlds), et j'ai conscience de l'attachement globale des gens envers ce Link's Awakening, qui plus est, ça fait deux ans que j'ai plus joué à un Zelda, et ça me manque, d'autant plus que ma Switch commençait à croire que je ne l'aimait pas après une longue traversée du désert interrompue par un Astral Chiant (ouais ça parle mal). Ce remake tombe donc à pic, et me permettra donc, à la fois de me réconcilier avec ma Switch, tout en me faisant découvrir ce jeu culte. Enfin, le terme découvrir n'a pas toute sa puissance ici, puisque j'étais déjà au courant du twist et de la fin du jeu depuis un looooong moment. Eh ouais c'est triste, mais bon, c'est comme ça.
Et donc que vaut ce remake ? Bah déjà, j'ai réussis à dépasser les vingt minutes de jeu, première victoire ! Plus sérieusement, le premier point que je tient à signaler, c'est que ce Link's Awakening, c'est un peu comme Twin Peaks, y a un truc qui se dégage de tout ça, un feeling assez dingue, qui fait qu'on s'y sent bien, et que quoi qu'il se passe, bah c'est trop cool ! Une atmosphère vraiment unique qui nous embarque et nous relâche pas avant la fin. Pour le reste, bah c'est du Zelda relativement classique dans sa structure, avec des donjons, des objets à récupérer, une quête annexe de longue haleine qui s'étale sur tous le jeu, et une carte qui s'ouvre petit à petit. Dans l'histoire en revanche, on lorgne bien d'avantage sur du Majora's Mask que du Ocarina of Time (oui, je sais bien que c'est ridicule de dire que Link's Awakening se rapproche de Majora's Mask, et non l'inverse, seulement là, je parle de mon ressenti et de mon parcours de joueur, et dans ce cas là, Majora's Mask intervient avant). Link débarque dans un endroit absolument inconnu et mystérieux, Zelda et Ganon sont tous deux absents de l'aventure, et dans les deux jeux il est question de mélodie pour réveiller une/des entité/s pour sauver ce monde, c'est même d'ailleurs l'objectif premier de la quête principale dans les deux cas. Tout ça pour dire que Link's Awakening nous fait voyager dans un univers où la surprise est constante, et pour aller plus loin je vais être obligé de spoiler le gros morceau du jeu, voilà, je le dis, faites-en ce que vous voulez.
Ainsi, comme Majora's Mask m'avait totalement bouleversé quand il m'a fait comprendre que ma quête n'avait finalement aucun sens réel, ce Link's Awakening signale, à peu près aux trois quarts de l'aventure, que tout ça, tous ces gens, tout ce qu'on voit, tout ce qu'on a fait depuis ce réveil sur la plage n'est en fait qu'un rêve, que rien de tout ça n'a jamais existé. Et là où généralement ce genre de twist s'avère un peu grossier, et facile pour justifier en une seule petite pirouette toutes les incohérences ou bizarreries d'une histoire. Ici, ce n'est absolument pas le cas. Parce que le jeu a l'intelligence de nous préparer à ce twist depuis le tout début, et surtout qu'il ne nous fait pas la révélation à la fin du périple. Ici, quand on apprend que l'île n'existe pas, il nous reste encore trois donjons à nous farcir, et donc plein de temps pour revisiter cette île en sachant qu'elle n'existe que dans notre tête, et que sitôt qu'on aura accompli notre quête, elle disparaîtra à tout jamais, et avec elle tous ses habitants auxquels on s'était attaché. Et ça, qu'on se soit fait spoiler ou non, ça procure un truc hyper balèze comme émotion, et on en viendrait à se demander si on a vraiment envie de voir la fin de l'aventure, parce que ça signifie mettre un point final à cet univers. Et là je parle en général des fins, qu'il s'agisse de films, de séries télé, de jeux-vidéo, ou encore de bouquins. J'ai personnellement toujours une énorme boule au ventre lors des dix ou quinze dernières minutes du Retour du roi pour cette raison, parce que ce monde incroyable du seigneur des anneaux et ces personnages tous plus exceptionnels les uns que les autres, cesseront immédiatement d'exister une fois le film terminé. Et je me dit que finalement, ce point final semble insupportable pour beaucoup de monde, étant donné le nombre de fan-fictions qui ont popé sur les internet, donnant suite à Harry Potter, ou encore à Star Wars. Ce sont des univers tellement forts qu'on a fatalement envie que ça aille plus loin, du coup, on se crée notre rêve dans lequel ces univers continuent d'exister. Et c'est là également tout le génie de ce Link's Awakening car, à mon sens, il incite le joueur que nous sommes à rêver encore un peu, tout en signifiant que même si, un moment ou un autre il faut bien se réveiller, toutes ces choses qui nous ont fait rêver font partie de nous désormais.
Se dégage alors pour moi une atmosphère profondément nostalgique, qui, alors que j'ai découvert ce Link's Awakening du haut de mes 21 ans, me renvoie directement à une époque où les choses étaient simples, où l'on pouvait rêver et jouer librement sans rien ni personne pour nous arrêter. Une enfance où il nous suffisait de voir trois jouets différents pour imaginer des aventures pour les regrouper (le film La Grande aventure Lego parvient d'ailleurs merveilleusement bien à illustrer cette période chérie). Et là, j'en vient enfin au gros point de ce remake, à savoir la direction artistique qui a tant fait jaser. Alors personnellement, j'étais vendu au truc dès les premières images, parce que bon, disons le, c'est quand-même beaucoup trop ronron. Mais alors que le twist de ce Link's Awakening se révèle, cette DA prend tout son sens, avec son aspect très plastique, très jouet, qui m'a dès lors aussitôt ramené avec émotion à ce temps où j'avais pas pas besoin d'électricité pour jouer. C'est en tout cas ça que le jeu m'évoque aujourd'hui.
Au final, ce Link's awakening, comme Majora's Mask est un jeu qui m'a fait voyager vers des horizons insoupçonnés, et finalement, c'est quand même ça que je recherche essentiellement lorsque je lance un jeu de la saga Zelda, dont Link's Awakening n'a pas usurpé son titre de fier représentant auprès de nombreux fans.