The Legend of Zelda: Ocarina of Time par Botwin
Érigé au rang de meilleur volet de la saga Zelda par un grand nombre de fans, « Ocarina of Time » fait partie de
ces jeux qui doivent beaucoup à leur popularité. Cette
aventure de Link, pour la première fois dans un univers tout en 3D aura atteint une dimension mythique pour des raisons finalement peu nombreuses, mais apparemment suffisante selon des millions de joueurs.
Sorti en 1998 après environ 4 ans de préparation, le cinquième volet Hylien se faisait attendre aux quatre coins du globe, et pour cause : après A Link To The Past, le héros de vert vêtu avait déjà atteint une dimension mystique. Peut-on alors dire que le jeu
est à la hauteur des attentes ? « Ocarina of Time » a-t-il réalisé l'exploit de perpétuer la race Hylienne sans heurts ?
Disons pour commencer qu' « Ocarina of Time » n'apporte rien de très nouveau à la saga. Évoluant cette fois dans une aventure somme toute conventionnelle, Link devra attendre sa prochaine aventure pour s'offrir un périple original et novateur : pour cet opus, on se contentera d'un scénario classique, supplanté d'une évolution presque linéaire et d'un gameplay quasi identique à celui de son prédécesseur SNES. Miyamoto et son équipe ne
se sont pas trop mouillés en nous offrant une soupe réchauffée, d'une saveur peut-être exquise pour certains mais qui laisse derrière elle une désagréable odeur de déjà vu. Et ce sera sûrement la dernière erreur de Nintendo dans ce domaine jusqu'à Twilight Princess, puisque les opus se confinant entre ces deux volets ont tenté l'originalité avec plus ou moins de réussite. Toujours est-il qu'Ocarina of Time suit la trace de ces ancêtres,
respectant un schéma tout tracé : récolte des morceaux de la triforce, visite d'une série de temples, découverte d'une pléthore d'objets nécessaires à une évolution progressive.
Là où le jeu se démarque, c'est dans la liberté inédite qu'il offre pour l'époque. La profondeur de la 3D permet au joueur une nouvelle approche du monde d'Hyrule, plus intime, plus directe, qui permet une contemplation continue des paysages qui composent la région. Il va d'ailleurs sans dire que cette liberté - déjà approchée dans l'opus SNES - est une composante du succès de ce volet : de nombreux joueurs sauront clamer le plaisir qu'ils ont éprouvé à galoper sur le dos d'Epona des heures durant, la crinière dans le vent, aux confins de la
verdoyante plaine d'Hyrule.
Cette nouvelle approche est accompagnée d'une bande son souvent qualifiée de magnifique, qui, tout en reprenant d'anciens thèmes de la saga, apporte son lot de nouvelles compositions. Il est impossible, par exemple, de passer à côté du thème de la vallée Gurdo : n'ayant jamais été repris dans un opus ultérieur, il
atteint sans peine une dimension culte. Attention cependant à ne pas tomber dans la vénération absolue : certaines musiques, telles que celle qu'on entend au laboratoire du Lac Hylia ou dans les méandres du temple du feu laissent franchement à désirer. Et si l'on préfère les aimer, c'est sans doute par nostalgie ou par
résignation. Certains y verront un exemple du culte trop poussé qui s'est construit autour de ce volet, culte consistant à faire fi de tous les défauts dont il pourrait souffrir pour le considérer comme le meilleur jeu vidéo de tous les temps. Trop souvent, les fans d'"Ocarina of Time" s'en réfèrent à leur nostalgie, à leurs préférences vidéo-ludiques, en oubliant les tares - peut-être minimes mais belles et biens présentes - de ce premier Zelda
3D.
Mais ne nous éloignons pas trop du sujet, et revenons-en à la bande son de l'opus. "Ocarina of Time" offre
quelques bruitage sympathiques, notamment les cris et autres soupirs de Link qui resteront dans les annales.
Dans le même registre, on se souviendra du "Hey" de la petite fée Navi, des rugissements féminins de la horde guerrière Gerudo ou encore du rire démoniaque de Ganon... En somme, d'une multitude de petits bruits isolés, sporadiques, qui s'encastrent dans la mémoire des joueurs pour ne plus jamais en ressortir.
Si le jeu n'est pas d'une complexité extrême, il n'en reste pas moins un défi pour de nombreux joueurs. Le fameux "Temple de l'eau", par exemple, est considéré ça et là comme l'un des plus difficiles de toute la saga.
Nintendo n'a donc pas cherché - comme ils n'hésitera pas à le faire plus tard - à sensibiliser de nouveaux joueurs
en plaçant la barre plus bas. Le jeu est résolument tordu dans ses retranchements, et de nombreuses heures
d'exploration sont nécessaire à son achèvement. Ces nombreuses heures vont d'ailleurs de paire avec un point
très positif, sa durée de vie, qui atteint un niveau rarement égalé jusque là. Qu'on soit Link grand ou Link petit, qu'on chevauche Epona ou qu'on décide de trotter en solitaire, "Ocarina of Time" nous occupe un bon moment,
surtout si l'on essaye de le finir à cent pour cent.
Attention cependant à ne pas penser que ce jeu grouille de petites quêtes annexes et de secrets bien enfouis :
pour une telle configuration, il faudra attendre le deuxième et dernier opus de la saga sur Nintendo 64.
Certes finir le jeu dans son entièreté est un long travail, mais pas forcément un travail intéressant. La durée de vie n'est
finalement rallongée que par une soporifique quêtes des skultullas et par une ridicule recherche des esprits sur
la plaine d'Hyrule. Si on passe les classiques flacons ou autres quarts de coeurs, on se rend bien vite compte que
ce cinquième volet souffre d'un manque de substance, et qu'il n'intéresse finalement que pour sa quête
principale. On est bien loin du journal des bombers ou même des échanges amusants de "Link's Awakening" : ce
Zelda se voit soldé d'une progression secondaire sans intérêt.
Je me permet de finir sur une note positive, puisque ce jeu le mérite amplement. D'une manière ou d'une autre,
il mérite le culte qui lui y est voué, à condition que ses fans inconditionnels permettent une approche plus
analytique et moins fanatique que celle qui nous a souvent été offerte. Savoir apprécier Zelda 5, c'est aussi
savoir appréhender et comprendre ses défauts, inhérents à une première expérience 3D parfois laborieuse en
des temps où la SNES venait tout juste de se profiler. Savoir apprécier Zelda 5, c'est tout aussi bien se laisser
bercer par ses musiques enchanteresses, par ses décors parfois vides mais toujours magiques, et savoir profiter
pleinement d'une aventure qui n'en finira jamais...
Graphismes : 8/10
Musique : 9.5/10
Durée de vie : 9/10 (Un point enlevé pour les quêtes "bouche-trou")
Jouabilité (Non abordé dans la critique) : 9/10
Scénario : 7/10
Note globale : 8/10