Un portage sur console portable plutôt qu'un remake
Lors de la sortie d’Ocarina of time 3D sur 3DS, le public s’est très clairement scindé en deux camps : les enthousiastes et les blasés. Les premiers portaient aux nues le remake tandis que les seconds, quand ils n’étaient pas indifférents, s’insurgeaient de la politique fainéante de Nintendo, préférant capitaliser sur une valeur sûre déjà rééditée sur GameCube plutôt que d’investir dans un nouvel opus ou une nouvelle franchise. La pratique commerciale est compréhensible car Nintendo savait qu’il avait déjà un public prêt à (r)acheter son jeu. La démarche artistique l’est un peu moins, et c’est ainsi que le débat sur la légitimité de ce remake s’est ouvert, avec toute la mauvaise foi et l’étroitesse d’esprit que cela suppose.
D’un côté l’on était trop élogieux : on prétendait que l’actualisation du jeu aux standards technologiques actuels était nécessaire pour pouvoir l’apprécier à nouveau ou le faire découvrir à un joueur n’ayant pas connu l’époque de la N64. On ajoutait parfois que l’amélioration de l’ergonomie des contrôles rendait le jeu supérieur à son aîné.
De l’autre on était trop agacé par l’engouement du camp adverse, prêt à débourser 300€ à l’époque (console + jeu) uniquement pour rejouer à un classique de leur jeunesse alors qu’il suffisait de rebrancher sa N64, pour reconnaître les possibles avantages du remake.
Soyons clairs : si vous possédez déjà le jeu original, vous n’avez qu’une seule bonne raison de racheter cette version : vous avez une 3DS et, étant souvent en déplacement, vous voulez pouvoir jouer à Ocarina of Time sur console portable. Les améliorations sont de l’ordre de la retouche et ne révolutionnent en aucun cas l’expérience de jeu : ils ne sauraient légitimer à eux seuls l’achat de cette nouvelle version. A ceux qui n’ont pas connu l’opus à l’époque, tout dépend de vos habitudes de jeu : l’expérience d’une console de salon ne sera jamais la même que celle d’une console nomade. L’une n’est pas forcément meilleure que l’autre, c’est simplement différent. Et trouver une version console de salon aujourd’hui, c’est possible ! Que ce soit en ressortant une N64 ou une GameCube, ou bien sur la Console Virtuelle, il y a toujours moyen de se procurer sans trop de mal et à pas cher une copie d’Ocarina of time.
Mais il n’y a rien de plus triste que d’entendre dire : « Je vais prendre la version la plus récente parce que l’ancienne, franchement, elle pique les yeux ». Le rendu visuel d’un jeu fait partie de son identité, et s’il correspondait aux standards de qualité de l’époque, passé le premier choc visuel, vous n’aurez aucun mal à vous plonger dans l’aventure. Ocarina of time reste un excellent jeu, qui tient largement la comparaison avec son itération 3DS. Cette dernière n’est d’ailleurs pas beaucoup plus détaillée. Link est plus joufflu (est-ce un bien ?) mais les échelles restent plates et le combat contre Ganondorf fera toujours la part belle aux ralentissements. Quant à l’argument : « Si je proposais à mon fiston de jouer sur ma N64, il me rirait au nez », je n’ai que cela à répondre : quand j’étais petit, la N64 était en fin de vie et la GameCube s’apprêtait à sortir, mais ça ne m’empêchait pas de m’éclater sur la NES et la SNES de mon frère. C’est une question d’éducation.
En conclusion : qu’en est-il de cet Ocarina of time 3D ? En tant que portage adapté à une console portable, c’est une réussite. Ce n’est pas exactement l’Ocarina of time d’origine, mais la version portable d’Ocarina of time, et il n’y a pas de honte à cela. En tant que remake, il n’y a pas de quoi s’extasier. Si vous voulez une référence en matière de remake, il y a deux écoles : Resident Evil Rebirth, qui est un total remaniement du Resident Evil de 1996 cumulant vraie refonte graphique et changement de fond (changement de ton, d’architecture de niveau, séquences de jeu supplémentaires et non superflues), et Halo : Combat Evolved Anniversary, qui se contente d’une vrai refonte graphique, mais avec possibilité de passer à volonté de la nouvelle version à la version originale, in game. A l’aune de ces deux exemples, un remake enthousiasmant d’Ocarina of time serait a minima sorti sur Wii U pour tirer parti des possibilités graphiques de cette console et proposer l’ancienne version en bonus. Là ce n’est pas le cas, le rendu visuel est très proche de la version N64, il est juste plus rond.
Ocarina of time 3D, ce n'est "que" Ocarina of time sur une console portable en 2011. Mais ce n'est déjà pas si mal.