Frustrant, raffraîchissant, différent.
Avec Skyward Sword, le patriarche de cette famille adulée depuis 25 ans déjà tente de prouver que non seulement il a su garder son souffle sur la durée mais qu'en plus il reste capable de nous surprendre.
Ah ça oui, mais pas toujours pour de bonnes raisons.
Car le petit dernier est capable du pire comme du meilleur et passera le plus clair de son temps à vous trimbaler de l'un à l'autre sans ménagement. Tant et si bien que l'on vient à se demander si le paradoxe n'est pas volontaire.
Le jeu entier est habillé de graphismes toujours agréables, ambiance vitrail ou aquarelle à laquelle on s'habituera vite sans pour autant cesser de s'en émerveiller de temps en temps. Malheureusement, ce superbe trait reste trop souvent au service d'un design de personnages décevant, voire carrément ridicule. Des boss droit sortis de Futurama en veux-tu en voilà, une dame Zelda dont on ne verra que le nez du début à la fin, et des autochtones absolument dénués de charismes qui tenteront, en vain, de nous faire oublier les légendaires zoras, gorons et mojos. L'opus se place visuellement entre l'audacieux Windwaker et le magnifique Twilight Princess mais s'égare en tentant d'imiter les prouesses de ses aînés.
L'ambiance sonore nous en réserve également des vertes et des pas mûres car si les bruitages et les voix enchantent, la musique, elle, sait au mieux passer inapperçue quand elle ne se fait pas franchement pénible. De la part d'un Legend of Zelda, on avait connu bien, bien mieux...
Niveau maniabilité, la nouveauté de cet opus réside bien évidemment dans l'intégration du wiimotionplus. Elle vous permettra de contrôler directement l'épée du héros mais non sans anicroches, une fois de plus. Les mouvements demandés ne prennent pas compte des contraintes réeles du joueur et il lui faudra donc bien trop souvent repositionner la wiimote avant une attaque, perdant ainsi de précieuses secondes et de nombreux points de vie. Toutes les séquences de type visée promettent également leur lot de frustration et les déplacements en plein ciel, contrôlés par la télécommande, sont loin d'être aussi intuitifs ou grisants qu'on ne l'aurait souhaité. Dites adieux aux sensations de vitesse offertes par Epona, l'oiseau vermeil qui vous sert de monture dans cet opus est lourd, lourd, lourd, et le ciel n'est que peu réconfortant tant il est vide aux yeux du joueur qui aura gardé en tête l'océan fabuleux de Windwaker.
Le contrôle de la caméra, inexistant, demandera lui aussi un temps d'adaptation à ceux qui, comme moi, ont l'habitude d'opérer avec deux joysticks.
La difficulté générale est mal dosée et je n'ai pu écarter l'idée de n'être par instants qu'un héros assisté. En effet, une demoiselle féerique vous interpellera bien trop souvent pour vous donner des conseils sur la suite des évènements, et il vous suffira d'interroger une pierre un peu trop bavarde pour recevoir directement toutes les réponses à toutes les questions que vous puissiez imaginer. Frustrant, on en retire l'impression que le jeu prend plaisir à se spoiler lui même.
Mais il faut bien admettre que malgré tout, les dérouillées que l'on administrera aux ennemis à tour de bras (littéralement) sont plus que jouissives.
Encore heureux! En effet, le fun-o-mètre du jeu ne tourne que là dessus pendant quelques heures. Le temps d'une première partie poussive et gluante alimentée en phases de recherches ultra-chiantes et en temples très, trop peu inspirés.
Parce que ce n'est que dans la seconde partie du jeu que Skyward Sword nous livre son véritable génie.
Des phases sans armes incroyablement stressantes et délicieuses, des combats mémorables, des donjons bien ficelés du début jusqu'à la fin, un gameplay varié qui vous fera tirer au canon et à la catapulte en passant par les cases prison et rallye aquatique. Et toujours cette volonté de faire retraverser au joueur des zones explorées auparavant pour les lui faire voir d'un autre oeil... Ce qui est tout de même utilisé une fois ou deux fois dans le but clair d'alimenter la durée de vie déjà respectable du soft. Mention spéciale au grand con et à son kimono jaune.
Ahem.
Une dimension jeu de rôle pointe également le bout de la truffe avec tout un arsenal d'armes améliorable moyennant quelques trésors glanés au rythme de l'aventure, quelques rubis. Les mécanismes qui ont fait le succès de la série reviennent, embellis pour la plupart. Il vous faudra choisir un bouclier adapté aux ennemis rencontrés et le ménager pour éviter qu'il ne se brise, sélectionner parmi tout un ensemble de bonus ceux que vous voulez attribuer à votre héros, laissant les autres entre les mains expertes d'une banquière que le chevalier en vert ne laisse pas indifférent... La jauge d'endurance apporte également son lot de fraîcheur à l'oeuvre entière.
Les références au reste de la franchise sont légions et ne manqueront pas d'attirer l'attention du joueur. Vous croiserez des visages connus dans des endroits inattendus et encaisserez bien quelques importantes révélations avant la fin du jeu.
Soyez prêt à pousser des cris de joie et des noms de dieux.
Moi j'y retourne, un boss final à battre, voyez-vous...