Je m'appelle Dan Kaplan.
J'aimerais bien écrire un livre. Si possible un très bon. Parce que comme tout écrivain cliché qui se respecte, mon éditeur me déteste et ne me donne pas le droit à l'erreur. Parce que j'ai bien évidemment le syndrome de la page blanche, et la villa que j'ai réservée pour l'été ne m'inspire pas plus.
Pour ne rien arranger, j'ai ma femme et mon fils qui veulent que je relâche un peu mes efforts, alors qu'ils savent que c'est très important pour moi, et que si je tente encore de repousser la date butoir donnée par mon éditeur, je me ferai virer. Mais bon, en logique narrative, si je ne leur concède pas un peu de mon temps, je suis un connard égoïste, alors... Quel dommage que je ne puisse prendre qu'une seule décision à la fois, avec peut-être un compromis qui ne sera jamais vraiment un compromis !
Ma femme d'abord. Elle me trouve distant et aimerait bien raviver la flamme entre nous. Bon OK, peut-être que quelques rendez-vous à deux pourront m'aider à retrouver l'inspiration. Le problème, c'est que cette grognasse a décidé qu'elle aimait bien la peinture. Qu'elle l'aimait tellement qu'elle veut gagner sa vie avec, et qu'elle serait très contente si je l'aidait un peu. J'avais envie de lui en foutre une quand je l'ai su, vu que c'est exactement ce que je lui demande, sans succès. Mais je ne peut pas, parce que je suis le personnage principal, donc il faut que je comprenne ma femme et la soutienne, sinon je deviendrais, encore une fois, un connard égoïste. Bon, va pour quelques bons moments.
Mon fils, lui, a des problèmes à l'école. C'est une victime, qui en plus a des difficultés à apprendre. Et évidemment, ce petit décérébré, il veut que son père joue avec lui, qu'il l’emmène partout pour s'amuser et tout. Parce que c'est les vacances. Sauf que son père, entre lui et sa mère, il en a rien à cirer, et ne veut pas se mettre le monde à dos juste pour un p*tain de quart d'heure à jouer avec une fusée. En plus, le fils fait toujours exactement le même dessin. C'est une cause perdue !. Alors le fils il est tout triste, et le père est un connard égoïste. Et logique de la chose, son avenir sera aussi pathétique que son présent.
Bref, cet été, tout me tombe sur la gueule en même temps. Et une chose doit être fichue : Ma carrière d'écrivain, mon mariage ou mon fils. Ces trois mois, c'est pas la joie.
Heureusement, je suis aidé par une sorte de fantôme qui hante les lieux et qui se la joue assistante sociale pour la famille. Il travaille dans l'ombre, mais il a un défaut : Il est très pudique. S'il est vu par un des membres de la famille, il refusera étrangement de dire ce qu'ils veulent. C'est son trip, j'y peux rien. Mais en même temps je suis incapable de prendre une décision sans lui, donc je vais pas m'en plaindre.
Souhaitez moi bonne chance. Parce que connard égoïste comme je suis, je vais en avoir besoin avec cette famille et cette maison de merde.