L'un des meilleurs jeux vidéos indépendants jamais crées car il correspond le plus à ce que le joueur est en droit d'attendre de ce type de production : une expérience alternative et expérimentale qui ,contrairement aux jeux vidéos traditionnels, ne tente pas d'améliorer des schémas interactifs déjà établis mais tente d'exploiter un potentiel encore inutilisé. Prenant à contresens les habitudes du joueur en le forçant à conduire ses protagonistes vers la mort symbolique de leur innocence, The Path est un jeu déstabilisant à plus d'un titre. Portée par une bande sonore évolutive et dérangeante, le joueur ne doit lutter contre aucun ennemi concret mais contre sa propre empathie envers les personnages qu'il dirige et qu'il doit pourtant mener, malgré l'affection qu'il leur porte, vers une désillusion funeste.
Mais contrairement à ce que son concept ambigu pourrait laisser craindre, The Path n'est en aucun cas une œuvre racoleuse ou perverse. La violence n'y est jamais explicite et c'est sur le plan émotionnel que le joueur est interpellé. La plus grande réussite de ce jeu vidéo est ainsi de se situer réellement dans la continuité du conte du Chaperon Rouge, à savoir de proposer un récit initiatique, éduquant le joueur à travers cet univers fictif sur les dangers de notre réalité. Une ambition que beaucoup d'artistes revendiquent mais que peu d’œuvres parviennent à réellement concrétiser. Et dans un média en plein questionnement identitaire comme le jeu vidéo, cette réussite est d'autant plus louable.