Et maintenant...
Retrouvons une nouvelle histoire...
De Papy Lovecraft...
"Papy ! Papy !"
"Oh les enfants, vous pourrez dire à vos parents que j'en ai marre de vous garder pendant leur séjour à l'asile. Quoi ? C'est quoi ces borborygmes ? Et pourquoi vous avez des têtes de poissons ? Bref...
Vous voulez que je vous raconte une autre histoire ? Est ce que je vous ai déjà raconté la suite de mes aventures avant la guerre ? C'était après la première guerre mondiale, je commençais à vivre des hallucinations plus fortes que d'habitude, je voyais des choses qui n'était guère là, et je sentais qu'un grand cataclysme allait frapper la région d'Oakmont. Je préparais alors mes affaires pour me rendre dans cette zone afin de comprendre mes visions.
Quoi ? Oui je suis blanc dans ce jeu les enfants, car quand j'ai vu que le jeu décidait en parti pris de replonger dans les années 20 et sa discrimination latente, je me suis dit qu'il fallait redevenir blanc. Après Star Wars, je suis donc allé sur Yuggoth, un voyage qui fit pâlir mes cheveux et ma peau. Eh oui, maintenant je peux plonger dans un jeu 100% offensant même si je n'en ai vu aucune trace ! Par contre, cela n'empêche pas qu'il ne faut pas oublier le E à la fin de professeur pour mieux être raccord avec la période, et tâchons de ne pas faire du Mansplaining les enfants par rapport à ça.
Droch ! Dès mon arrivée, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond dans cette ville ; à chaque fois que je pénétrai dans une maison... L'écran devenait noir, et un temps de téléchargement se lançait...
Ouais, juste pour rentrer dans une maison, les mystères de Cthuluh sont insondables.
Pour sortir du port, je devais résoudre une affaire qui allait me tenir en haleine. Grâce à mes pouvoirs d'omnipotence, je pouvais tout savoir sur un crime, même j'en savais un peu trop.
Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'ai pas besoin de trop réfléchir pour reconstituer mentalement une scène de crime ! Si quelqu'un est au rez-de-chaussée, puis qu'on le voit dans les escaliers et enfin au premier étage, j'ai pas besoin de réfléchir longuement pour mettre la main sur le cheminement logique ! A moins que ces derniers marchaient à l'envers, et que le rez-de-chaussée, c'est le premier étage ! Que de mystères au pays des Reculeurs !
Peut être que je suis trop intelligent pour ça, ou peut être c'est juste que les policiers étaient trop cons. Sérieusement, quand on voit du sang sortir de l'ouverture béante de la maison de pêche et continuer sur une traînée hors du bâtiment, on se demande alors pourquoi les flics restent à fouiller dans la maison. Peut être que la victime est cachée dans un mur, qui sait ?
Oui j'en viens au plus important, les enfants, arrêtez de grogner s'il vous plaît...
A peine je rentre dans la ville que mon mal de tête revient, m'obligeant à piquer un roupillon sur le bitume mouillée mais je remercie encore ma petite étoile de m'avoir téléporté dans mon hôtel sain et sauf et d'avoir fait mes draps. Grâce à Azathoth, j'ai fait de beaux rêves cette nuit-là !
En tout cas, mes premières excursions se sont révélées... pénibles.
A l'hôtel du diable, j'ai reçu des quêtes défiant la logique et la courbe de difficulté. Pourquoi me donner des quêtes d'entrée de jeu où je vais me confronter contre des ennemis dix fois plus puissants ?
Et puis, les quêtes tellement secondaires qu'elles ne servent juste à me faire visiter des maisons tout le temps comme un agent immobilier, à d'autres !
"Mouais, trop de monstres ici, faudra repasser plus tard pour installer les meubles."
Bah oui, les enfants, je peux vous en dire que j'en ai visité des caves dans ce jeu, et de toutes les sortes, les vides, les mal remplies, les non-modélisées à tel point que je suis resté bloqué dans celle-là. J'étais pas censé voir l'inconnu, l'indéfinissable, l'incommensurable, ce qu'on appelle dans les manuscrits Pnakotiques, les bugs de T'hexturre, frère d'Hastur. J'ai failli en perdre la raison devant ce Bugh venu de Yuggoth en personne !
J'ai alors ignoré les avertissements que ma raison me conseillait, je plongeais dans la folie de la ville en rencontrant les habitants. Ces derniers se baladaient en faisant des trucs étranges du genre, s'habiller en tenue faite avec la peau d'humains, certains essayaient de conduire des voitures qui ne bougeaient pas, d'autres encore se tapaient la tête contre les murs. Par contre, si vous aviez le malheur de leur taper dessus avec votre pelle, ils vous répondaient :
"Mais vous êtes fou !"
Oh oui ! Vous m'en direz tant ! Et les policiers étaient très laxistes devant la folie des gens et devant la violence que j'utilisais contre eux. De toutes façons, je pénétrais chez eux sans qu'ils s'en mêlent alors que j'étais un étranger !
Une autre façon de perdre la raison, les enfants, c'était de regarder d'un peu trop près les animations faciales de mes congénères, à croire que Pickman les avait conçu de quelques coups de peintures !
Et vous avez vu ma tête ? Il semblerait que je sois atteint, car même face aux hommes poissons, j'ai vraiment l'impression d'avoir des yeux de pesk frit.
Je pense que c'est la fatigue, la fatigue de me déplacer dans toute cette ville à chaque fois que j'ai besoin d'aller aux archives.
En plus de détruire le rythme de la quête, les énigmes des archives sont simples comme bonjour. En même temps, arrêtez de me donner tous les indices qu'il me faut comme si j'étais autiste !
"Mais non Travers, tu es destiné à quelque chose de grand, toi seul peux réussir à suivre la piste des dieux très anciens."
Ah c'est pour ça que les indices posés sur mon chemin sont aussi... révélateurs...
" Je vous jure, j'ai vu un monstre aux milles chevreaux dans le quartier d'Advent, n'allez pas le voir au croisement de Bulen avenue et de Kulten street, entre le poissonnier et la maison détruite, j'ai fui son repaire situé dans une maison style 20ème siècle avec une charpente abimée et une porte verte. Ce courrier contient la clé qui ouvre la porte. Que dieu nous vienne en aide ! "
" Moi, J'ai caché le trésor de notre culte, qui je le rappelle est originaire du 16 ème siècle, à l'endroit où on prête le serment de L’œil en exergue, rituel interdit par la police le 15 juin 1925, près de l'église. Garde les coordonnées secrètes car personne n'a besoin de savoir qu'on cache notre butin dans une remise à 5 pas du bar Seven Oaks ! Ni même qu'il faut ouvrir le cadenas du coffre noir avec une clé noire dissimulée subrepticement sous le perron de la vieille maison qui se trouve sur l'avenue de la banque. Si tu t'en rappelles pas, toi, Jack Asenath, 23 ans, qui vit près de la gendarmerie de Salvation Harbor, assure toi de me le dire dans ta prochaine lettre le jeudi prochain. "
"..."
Où est passée la bonne vieille enquête à l'ancienne, celle qui te demande de suivre ta logique et des indices qui doivent être corroborés correctement ? Tout est servi sur un plateau, à chaque lieu de crime, un indice clé m’emmenait ailleurs avec des gros clin d’œil lourds à croire que c'était Hermaeus Mora qui me faisait de l’œil. J'en avais marre de passer par le Palais des Indices pour coller entre eux des déductions si insignifiantes entre elles. J'étais obligé de le faire car même si j'avais un document qui pointait dans une direction particulière, genre le bar du début, je devais faire le lien entre les deux indices dans ma tête imaginaire afin de parler avec le barman.
C'est étrange, un souvenir m'assaillit l'esprit me faisant perdre un peu plus de ma raison... Serait-ce un signe d'un jeu interdit joué il y a si longtemps de cela, développée par le monstre Eidos et la chose Enix ? Je ne peux citer son nom car Murdered Soul Suspect est un nom trop diabolique et qui ravive des blessures cautérisées.
Les phases d'enquêtes alternaient avec des phases d'exploration, où je cherchais comme un abruti les porte qui s'ouvraient avec une technique imbattable : je me tapais la tête dessus. Parfois, c'est l'écran noir qui se lance, parfois c'était mon personnage qui pensait à voix haute afin de me dire que la porte était bloquée. Je pouvais éviter de me marteler la tête grâce à l'inscription en forme de H sur les portes, mais la plupart du temps, elles sont invisibles.
Rentré dans la maison, je découvrais un milieu très dangereux ! Les monstres apparaissaient pour m'écharper le dos, mais moi j'étais plus intelligent. Pour ne pas perdre la raison, il me suffisait de regarder ailleurs, comme les images d'un livre, ils n'existent pas !
Hein ? Bien sûr que ça marchait, enfin, pas tout le temps, même avec les yeux fermés, j'entendais toujours leurs grognements mais mon personnage restait positif !
Et puis, j'avais un autre moyen plus efficace, il suffisait de sortir de l'immeuble et faire quelques mètres, les monstres disparaissaient d'eux mêmes. Ils étaient même ghettoïser dans des zones dites "infectées" mais je trouve que c'est discriminatoire pour leur condition ! Ils sont trop timides, c'est tout, vous ne croyez quand même pas qu'ils ont droit eux aussi de se déplacer à l'air libre ?
Bref, pour l'instant, je les exterminais avec les matériaux que je récupérais dans ces maisons. Un des écrans de téléchargement m'avait averti de l'accent mis sur la survie, une survie qui dépendait de l'importance de chaque balle trouvée dans les contenants.
C'est vrai que les balles étaient rares... néanmoins, les matériaux pour créer les balles... Mazette, on croulait sous le nombre... Comment je vais faire pour me battre moi ? Ah, quelle drôle de guerre.
Malgré tout, les lieux que je visitais semblaient tous se ressembler, peut être était ce une illusion des Grands Anciens ou des Lloigors, ou même des Développeurs de Nyarlathotep trop flemmards pour construire d'autres maisons !
On se croirait dans la même scène de théâtre avec les techniciens qui posent des éléments différents de décoration un peu partout.
En tout cas, les indices changeaient, ça c'est sûr, je trouvais de tout et même d'un peu trop de tout !
" Le bois est pourri à cause de l'humidité."
" Ce n'est pas ce chianti là."
"Oh, une chaise autour d'une table, c'est étrange."
"Du papier dans les WC, étrange coutume."
"Hummm, j'ai vraiment beaucoup trop de temps à perdre. Et si j'allais aux archives ?"
J'avais alors pas trop de raisons de fouiller la maison en entier dès que je m'étais emparé des indices importants, ces derniers étaient posés autour de la maison comme si leur présence m'attendait.
Et ne pas trouver tous les indices ne sert à rien car on ne débloque pas plus de déductions qui mène à toutes les conclusions. Au final, j'en récupérais deux seulement à chaque mission avec quelques embranchements mais ce que j'aimais après tout, c'est de laisser crever les gens car il n'y avait aucun impact sur mon histoire plus tard.
Ah la la, quelle série de choix incroyablement complexes, parfois, j'avais le choix de suivre un vieux patriarche aigri mafieux et malhonnête, ou de me rallier à un jeune plein d'espoir et d'avenir, qui aide les pauvres et les démunis. Je ne savais pas que Lovecraft était aussi .... manichéen ?
Enfin bref, il fallait que je continue mon enquête qui m'emmenait un peu n'importe où dans l'histoire. Par exemple, quand je devais découvrir où se trouvait les éléments qui formeront le sceau, les prêtres de l'Auto-immolation m'ont aidé pour que j'accomplisse les volontés des dieux très anciens.
"Mon premier est rouge, mon deuxième pique le nez quand on le respire, mon troisième fait rigoler, mon quatrième ...."
Quoi ? Une devinette ?? Bon sang, ils veulent m'aider ou quoi ? Pourquoi ne me disent-ils pas où se trouvent les monolithes ?
"Hum, je me demande bien où se trouvent les monolithes qui font 30 mètres de haut dans la ville... Et si j'allais aux archives ?"
Et même si je passais devant les monolithes en question durant mon voyage vers les archives !
"Hummm, peut être que ce n'est pas le bon monolithe ténébreux !"
"Profites en pour y poser une charge, Travers."
Après de nombreuses heures passées dans les archives, j'arrivais enfin à la fin de mon voyage, le moment ultime où j'allais atteindre le sceau, celui qui allait me permettre de démarrer un nouveau cycle, le faire disparaître ou bien l'abandonner à ce sort.
Mais mon choix était vite fait, pendant mon voyage à Oakmont, j'avais trouvé un exemplaire rare d'un livre interdit. Ecrit dans une langue que peu de personnes comprennent, par un étrange personnage au nom plus ou moins inhumain, Z'emmhour et Le Suicide Tombé du Ciel !
J'ai écouté l'homélie du père Z'emmhour et je suis encore un peu .... ébloui... Il n'y a pas de gentils, ni de méchants, il y a les vilains dieux très anciens qui veulent la pureté ! L'horreur, quasiment la fin du monde. Comme le disait Clark Ashton Smith, les grands anciens gouvernent les vivants...
Quoi ? Cette histoire, je l'ai inventé ? Mais et les monstres discriminés, les caves non modélisées, les policiers laxistes ? Vous en faites quoi ? Ah vous voulez savoir quelle fin j'ai faite.
Ah ! Celle de la voie de la raison, celle qui m'aspirait depuis le début... Les archives, les enfants, les archives. J'ai quitté la ville pour y retourner.
Tiens, mais qui c'est qui a laissé le robinet ouvert, j'ai de l'eau jusqu'au genoux et elle monte diablement vite !
Une autre histoire ? Bien sûr, mais ce sera pas pour la prochaine fois.