Après une expérience que l'on pourrait qualifier de « mitigée », sur le jeu de base, j'étais un peu dubitatif avant de lancer ce DLC de The Talos Principle. Eh bien franchement… c'est une très bonne surprise ! Disons que l'extension corrige en partie deux des plus gros défauts du jeu d'origine : la contextualisation et la difficulté des énigmes.
Concernant ces dernières, si celles de Road to Gehenna restent largement faisables, j'avoue avoir dû me creuser la tête à plusieurs reprises, notamment une fois arrivé devant les énigmes de la zone secrète du jeu. J'ai eu à utiliser mon cerveau et ça… bah ça fait plaisir pour un jeu de réflexion (ça me semble un peu normal en fait). Sans nul doute les meilleures énigmes de tout Talos Principle.
On retrouve par contre le coup des étoiles à ramasser, et comme pour le jeu de base, je m'en bats toujours autant royalement les couilles… ceci dit, le jeu fait référence à cette mentalité au détour d'un dialogue, merci d'avoir pensé à moi.
Mais c'est surtout au niveau de l'écriture, de la contextualisation, que j'ai aimé Road to Gehenna. On y contrôle Uriel, un personnage déjà mentionné à plusieurs reprises dans le jeu d'origine, réveillé par Élohim afin de libérer les autres IA l'ayant défié. Je ne m'étalerais pas sur les fins, sur leurs différentes interprétations (sur l'enfer et l'apocalypse, tout ça), car ce sont essentiellement les autres androïdes, leur manière de se « comporter », leurs interactions, que j'ai trouvé intéressantes et que j'avais envie d'aborder ici.
En effet, ces derniers retrouvant tous enfermés, mais pouvant tout de même communiquer avec les autres androïdes, et étant aux contacts de la culture laissée par l'humanité, ceux-ci vont se mettre à adopter certains codes, à émettre certaines théories, tous en lien avec notre monde réel de la vérité véritable. Ces androïdes forment donc un microcosme, ayant adopté des règles communes afin de pouvoir vivre ensemble. Aussi, ils ont tous leur propre personnalité : artiste, philosophe, manipulateur, troll, idiot… bref, on se croirait sur internet ! En tous cas, toute personne ayant déjà trainé sur des forums (surtout ceux de jeuxvideo.com) ou réseaux sociaux se sentira en terrain connu.
Là où je trouve cette extension fascinante, c'est quand on s'aperçoit que Croteam a été jusqu'à créer des « œuvres d'arts », des fanctions et autres histoires dont vous êtes le héros afin de pousser le délire jusqu'au bout. On se retrouve très souvent face à des trucs un peu ridicules, mais force est de constater que le charme reste présent, le fait que chaque androïde possède sa propre personnalité, sa patte, fait qu'on peut tout autant s'attacher à l'un d'entre eux et détester un autre. Chacun interprétant ce qu'il a découvert sur l'humanité à sa façon. Par corollaire, cela fait que le mélange des cultures que je répudiais dans le jeu d'origine a du sens ici.
Aussi, Road to Gehenna laisse davantage la place à l'interprétation. En positionnant Uriel, le joueur, au-dessus de la masse, présenté comme un libérateur auprès des autres androïdes, ces derniers vont émettre différentes théories face à nos actions. Encore une fois, on ne se retrouve pas face à un bloc monolithique qui n'attend qu'à être libéré, ou à une masse de gaulois réfractaires au changement, mais à de multiples personnalités, toutes plus ou moins enclines à sortir du monde duquel ils font partie. L'une des nombreuses questions que le jeu pose consistant à savoir pourquoi certains desdits androïdes souhaitent absolument rester dans un monde qu'ils savent pourtant être une simulation. On ne se retrouve pas à égalité face à des IA nihilistes qui nous donnent surtout envie de skipper leurs dialogues… je ne fais absolument pas référence à Milton dans le jeu original, absolument pas !
Plus accessible, moins pédant que le jeu original, Road to Gehenna gagne surtout en profondeur, en complexité. Au niveau de l'écriture certes, mais aussi au niveau des énigmes, qui détruisent haut la main celles du jeu original en termes de difficulté. Pour le dire autrement, j'ai enfin eu l'impression de jouer à une œuvre qui faisait quelque chose de ses références, de ses renvois à des courants philosophiques et artistiques notamment. Bref, Road to Gehenna a compris ce qu'aurait dû être Talos Principle dès le départ.