Chez Focus, le techno ment !

Après Of Orcs and Men, Mars : War Logs puis Bound By Flame, The Technomancer est le quatrième jeu développé par Spiders Games auquel je joue. Jusqu'ici j'étais plutôt friand de leurs différentes productions ; bien qu'elles aient toutes l’allure de jeu cassé quelque chose se dégageaient de chacun de ces titres : notamment de leur univers et de leur écriture.
Cependant, là où je trouvais des bonnes surprises dans leurs anciennes productions, j'ai plus trouvé de la déception en jouant à The Technomancer.
Le titre semblait pourtant mieux partit que les autres titres du studio. Là où Bound by Flame et Mars : War logs sont sortis respectivement 1 an et 8 mois après leurs prédécesseurs, The Technomancer est sorti quant à lui plus de deux ans après Bound by Flame. Aussi, il se révèle nettement plus beau que ce même Bound by Flame qui avait encore quelques allures de jeux PS360 :  alors oui, on est clairement pas au niveau d'un The Witcher 3, mais il faut reconnaitre qu'il y a tout de même une nette amélioration sur le plan graphique.
Alors ? Par quoi pèche The Technomancer du coup ? Trois trucs ! Son écriture, sa trop longue durée de vie ainsi que ses trop nombreuses imperfections.

En effet, là où avec les trois précédentes productions du studio l'écriture apportait toujours quelque chose de sympa — notamment des thématiques intéressantes pour Of Orcs and Men, des passages plus dramatiques pour Mars : War Logs et l'usage du second degré pour Bound by Flame — dans The Technomancer rien ne ressort vraiment, le titre se contente de reprendre l'univers de Mars : War Logs et de l'étoffer — chose qu'il fait plutôt bien d'ailleurs — sans pour autant arriver à immerger complètement le joueur dans celui-ci. Il faut ajouter à cela le fait que le titre rate complètement son intro, on nous balance une pelletée d'informations dès les premières minutes de jeu et il m'a fallu plusieurs heures pour comprendre qui faisait quoi : c'est bien beau de vouloir étoffer son univers mais quitte à choisir j'aurais préféré une écriture plus soignée.
A cela il faut ajouter des quêtes secondaires qui ne sont globalement pas intéressantes et qui surtout forcent trop sur les allers-retours ! Pour le coup si je devais faire un top 5 des jeux avec les allers-retours les plus chiants qui soit, The Technomancer rentrerait immédiatement dans ce top... voir même à la première place. En fait, le problème vient de la linéarité des niveaux ; car là où pour les anciens titres du studio les niveaux étaient linéaires, mais on ne les traversait que deux fois grand max — notamment parce qu'à chaque nouveau chapitre on ne pouvait pas revenir aux niveaux précédents — , avec The Technomancer on a droit à des niveaux linéaires mais en plus on va en retraverser certains des dizaines de fois au cours des différents chapitres. La première ville par exemple, Ophir, vous donnera des envies de meurtre tant elle demandera à être retraversé un nombre incalculable de fois afin de compléter l'intégralité des quêtes secondaires et principales. En plus il faut ajouter à cela le fait qu'exactement les mêmes ennemis vont réapparaitre exactement au même endroit — avec parfois les corps des ennemis d'avant qui sont encore par terre — avec exactement le même équipement à ce chaque fois qu'on va retraverser certaines portions de niveaux : j'ai cru que j'allais finir par faire un AVC, vraiment.

Vous vous en doutez, le problème de la trop longue durée de vie du titre est en grande partie liée à ça. Là où j'ai mis moins de 20 heures afin de terminer chacune des trois précédentes productions du studio, j'ai mis environ 33 heures pour venir au bout de ce The Technomancer — encore une fois en faisant l'intégralité des quêtes secondaires — : c'est beaucoup trop long ! Surtout quand la moitié de cette durée de vie est composée d'allers-retours chiants.
Franchement, j'aurais préféré un jeu deux fois plus court et avec deux fois moins de quêtes secondaires... mais deux fois plus peaufinés.
Le truc drôle dans l'histoire c'est que j'ai atteint le niveau max de l'arbre des talents et des attributs après seulement 20 heures de jeu et alors que j'en étais encore au chapitre 2... pour le coup, ces deux arbres auraient mérités à pouvoir être améliorés plus longtemps : en l’occurrence, j'ai plus eu l'impression d'avoir affaire à une règle arbitraire bridant le joueur trop tôt plutôt qu'autre chose.

Parlons donc du manque de perfection du titre. Autant c'est quelque chose que j'étais prêt à pardonner plus facilement avec les anciens titres du studio, autant là je me montre moins clément pour passer de la pommade aux développeurs... déjà parce que c'est la quatrième fois que ça arrive, aussi parce qu'ils ont pris plus de temps pour bosser sur ce jeu, mais surtout parce qu'encore une fois ils se sont permis de blinder la durée de vie avec des quêtes secondaires chiantes et inutiles — et encore, j'oublie d'évoquer le fait que certaines d'entre elles se finissent n'importe comment.
Pour le coup c'est clairement un problème d'organisation et ça se ressent à de nombreuses reprises, notamment lors de certaines cinématiques dans lesquels on ne comprend pratiquement rien à ce qui se passe sur le coup, notamment à cause d'une mise en scène ratée :

On a vraiment l'impression que les développeurs n'ont pas fini leur jeu à certains moments, sauf que là où on avait un arrière-goût de "pas assez" avec les anciennes productions du studio, ici on a un arrière-goût de "trop" : pour le coup je pense que l'équipe a fait les mauvais choix concernant le développement de son jeu en voulant à tout prix gonfler la durée de vie de son jeu.

Outre ces trois défauts majeurs, le titre a quand même quelques bonnes idées. Je n'ai pas parlé du gameplay jusqu'à présent mais le système de classe possède quelques atouts. Au lieu de demander au joueur de choisir une classe d'entrée de jeu et de se la coltiner durant des heures même si c'est de la merde, le titre nous permet de jouer directement avec ses trois classes et même de la changer directement en plein combat : on peut donc quasi instantanément passer du rôle de gardien, à celui du roublard pour ensuite jouer avec le guerrier. Le problème par contre c'est que j'ai très certainement dû jouer avec le roublard 99% du temps, à savoir une sorte de voleur équipé d'une dague et d'un pistolet et qui se révèle bien vite comme la classe la plus polyvalente du jeu en plus d'être la plus fun à jouer... et du coup vient s'ajouter à cela un second problème : on finit toujours par jouer de la même manière... en même temps fallait-il s'attendre à autre chose venant d'un jeu nous mettant face aux mêmes ennemis en boucle ?
C'est dommage parce que le gameplay n'est pas mauvais pour autant, en tous cas il reste plutôt dynamique et même mieux réussi que dans les autres jeux Spiders, mais voilà, tout comme pour ses prédécesseurs il manque encore une fois quelque chose pour que tout fonctionne vraiment bien.

Pour finir, j'aimerais aborder quelques-unes des bonnes idées du titre... on est dans un jeu Spiders ne l'oubliez pas, il y a et il y aura toujours de bonnes idées.
Déjà, les décors sont plutôt jolis et il y a une volonté de créer une certaine variété entre-eux : la première ville comporte un premier secteur très propre, des bas-fonds ou encore une ville basse bien plus crade, là où la seconde ville est quant à elle dans un style plus oriental.
La BO est bonne même si pour le coup je la trouve plutôt décevante, surtout quand on sait que c'est Olivier Derivière — a.k.a. le compositeur maudit — qui s'en est occupé.
Au niveau des alliés disponibles — car oui, comme dans un Mass Effect on peut avoir deux alliés avec nous pour nous accompagner — , autant ça part très mal, car on nous file deux PNJ à l'apparence random et sans backgroud au début du chapitre 1, autant ça s'améliore une fois arrivé au second chapitre et que l'on débloque des alliés un peu plus charismatiques... par contre, que ce soit pour les alliés du chapitre 1 ou 2, ils intègrent tous l'équipe en même temps. Là où dans un Mass Effect il y a toujours une cinématique voir même une quête pour recruter un nouvel allié dans l'équipe, ici on a juste droit à un enchainement de dialogues qui se conclut par l'arrivée de ses nouveaux alliés dans l'équipe : encore un point sur lequel il y avait matière à faire mieux.
Aussi, on assiste à quelques dialogues sympa entre eux quand on voyage entre les différentes régions de la map, c'est le genre de détail que j'aime bien, surtout que pour le coup les développeurs ne se sont pas contentés de 2-3 dialogues balancés comme ça pour faire jolie, on a vraiment l'impression qu'ils ont voulu créer une sorte de cohésion de groupe.
Enfin, les quelques rares quêtes secondaires intéressantes concernent ces mêmes alliés et on prend donc du plaisir à les faire... dommage encore une fois que la mise en scène ne soit pas tout le temps au rendez-vous : ça casse un peu le truc lors de la conclusion de certaines d'entre elles.

En somme, difficile de recommander The Technomancer. Ce serait certes mentir de dire que je n'ai pas pris de plaisir à y jouer, mais même en sachant où je mettais les pieds avant de lancer ledit titre j'en suis ressorti plutôt déçu. Si vous tenez absolument à découvrir un jeu Spiders Games je serais plus tenté de vous recommander Of Orcs and Men ou Mars : War Logs qui ont certes leurs défauts mais qui arrivent néanmoins à aborder des thèmes plus intéressants — et puis de toute façon je pense qu'il est préférable de lancer Mars : War Logs avant de découvrir The Techomancer, les deux titres partageant une nouvelle fois le même univers. Pour finir sur une touche plus optimiste, il semblerait que GreedFall, la dernière production en date du studio à l'heure où j'écris ces lignes, relève le niveau par rapport à ce décevant The Technomancer... Espérons que ce soit bel et bien le cas.

Points forts :
+ Une certaine variété dans les décors
+ L'univers de Mars : War Logs étoffé
+ Un certain gap graphique (mais toujours en retard sur la concurrence cependant)
+ La BO reste sympa
+ Quelques rares quêtes secondaires plutôt réussies
+ De nombreuses bonnes idées éparpillées un peu partout (compagnons, gameplay, classes)...

Points faibles :
- ... mais malheureusement aucune de ces bonnes idées n'arrive à porter le titre
- L'écrasante majorité des quêtes secondaires
- La mise en scène ratée
- Beaucoup trop long...
- ... à cause d’innombrables quêtes secondaires inintéressantes...
- ... et à cause d'innombrables allers-retours