The Walking Dead : Saison 1 par Matclane
Je n’aime pas les jeux qui se prennent pour des films. Je n’aime pas non plus les jeux qui bavardent beaucoup. Je n’aime pas trop les QTE. Je ne suis pas fan des nouveaux point & click. Je n’aime pas les jeux dirigistes qui ne laissent que très peu de liberté de mouvement.
Pourtant, The Walking Dead, c’est un peu tout ça à la fois. Sauf que c’est génial.
En plus j’étais déjà bien fâché avec la licence à cause de cette série télé bien navrante (j’ai pas encore lu la BD mais je compte le faire bientôt).
Et surtout si on m’avait dit : « The Walking Dead c’est une série télé interactive »… mon Dieu mais j’aurais pris mes jambes à mon cou !
Et pourtant, pourtant, c’est carrément ça.
Ils ont réussi le tour de force de s’approprier les codes des séries télé, du cinéma, de la BD et de bien d’autres choses pour les intégrer, les digérer et les sublimer en les rendant parfaitement compatibles avec le jeu vidéo et son interactivité.
C’est bien simple, je crois que je ne m’étais jamais senti autant concerné dans un jeu par les évènements, les personnages, le contexte, l’histoire…
Alors bien entendu, quand on décortique l’interactivité du jeu, on peut bêtement le résumer à un enchainement de séquences de dialogues à choix multiples, de QTE et du point & click.
Mais ce serait être sacrément réducteur et passer à côté de l’essentiel : vivre une histoire de l’intérieur, où l’on est le héros.
Si ça c’est pas du jeu vidéo… !
Evidemment, il faut aborder l’aventure en toute modestie, sans préjugé et sans attente particulière d’un point de vue technique pour en profiter pleinement.
Et encore que d’un point de vue visuel, j’ai trouvé le jeu beau, avec un cell-shading soigné, des animations faciales très justes et des traits de bande-dessinée qui s’intègrent parfaitement dans cet univers adulte et réaliste. La bande-son, elle, est tout à fait dans les tons et sert très bien le propos du jeu.
Le cadrage des scènes et la réalisation sont également très percutants ; c’est même par moments une véritable leçon de cinéma tant les angles de vue et la dynamique visuelle sont efficaces.
Bien entendu, les points forts sont surtout la narration, le scénario, l’écriture, les dialogues, les personnages, le jeu d’acteur… tout ce qui nous permet de vivre cette histoire et de se sentir concerné comme jamais.
Hormis quelques rares passages à vide un peu moins prenants que le reste (normal vu le niveau général), The Walking Dead fait mouche à chaque coup, à chaque rebondissement, à chaque étape.
On a toujours envie d’avancer, d’en savoir plus, de survivre… On y pense souvent, on y revient dès qu’on peut, on se demande ce qui va arriver ensuite, si on aurait pu faire autrement, et même si les évènements majeurs ne sont pas évitables, on se demande toujours si les personnages, eux dans leur aventure, auraient pu faire autrement …
C’est la marque des grands jeux.
The Walking Dead est également mâtiné d’un petit côté point & click : ces séquences sont agréables et ne sont clairement qu’un prétexte pour nous laisser souffler un peu ; elles ne sont jamais bloquantes et sont volontairement simples pour ne pas entraver la progression générale et permettre au plus grand nombre de vivre cette histoire.
Pour une fois dans un jeu, c’est un pari réussi.
Je ne pourrais reprocher à The Walking Dead que des détails, ou plutôt exprimer des envies : un inventaire plus détaillé, avec un comptage - même symbolique - des munitions par exemple ?
En effet, le simple fait de savoir combien de cartouches porte le personnage principal intensifierait encore l’immersion, même sans réclamer une gestion de quelque sorte que ce soit.
Un côté shoot un peu plus précis ? Certainement.
Limiter un poil cette tendance à aller systématiquement dans le drame (car c’est vraiment un jeu cruel, violent et choquant) d’un point de vue scénaristique ? Oui, car il ne faut pas non plus que chaque partie soit trop pénible à jouer pour le moral.
Et puis à force, attention à ne pas « casser son propre jouet »…
Des choix qui puissent avoir encore davantage de répercussion, avec de véritables embranchements scénaristiques ? Assurément. Je crois qu’ils ont ouvert une brèche et qu’ils peuvent aller encore plus loin dans ce sens.
S’ils font ça, je ne pourrais définitivement plus jamais retourner devant une série télé à l’ancienne.
Déjà en matière de jeu vidéo, ils ont mis la barre très haut en terme de narration et beaucoup de jeux vont maintenant avoir fort à faire pour ne pas sembler désuets de ce point de vue-là.
Car au final, je crois que The Walking Dead, c’est tout simplement ça : il n’invente rien, mais il a le génie de créer une alchimie avec tous ses éléments constitutifs et de poser un nouveau jalon dans notre façon d’aborder et de vivre une histoire, tout média confondus.
C’est ça la grande force du jeu vidéo.