The Walking Dead propose une histoire passionnante de bout en bout, un style graphique en cell-shading qui renforce l'immersion et une ambiance très travaillée. Les personnages rencontrés durant notre périple sont eux aussi, bien bossés, et l'on est amené à beaucoup s'attacher à la plupart d'entre eux. Les choix qui nous sont proposés pendant l'aventure sont d'une cruauté sans limites et beaucoup de scènes ont un impact incroyable sur le joueur. C'est la raison pour laquelle, The Walking Dead est un titre qui restera de toute façon, traumatisant pour la grande majorité des joueurs qui vivront les épreuves à fond.
Mettons les émotions de côté pour le moment, et parlons un peu du gameplay. Pendant les scènes "non jouables", qui sont les seules qui feront réellement avancer l'intrigue, TWD nous propose des dialogues ultra prenants à choix multiples, qui auront plus ou moins de conséquences sur la suite. Le temps accordé pour les choix de réponses varie en fonction de ce qui se passe, une question qui mérite une plus grande réflexion par exemple, se verra attribué d'une jauge qui diminue très lentement. Alors qu'au contraire, pendant une engueulade du groupe, ou l'un de ses coéquipiers sera plus nerveux et impatient, il faudra répondre très rapidement. Trois choix en général s’offrent à nous, et un quatrième ou l'on peut même garder le silence, il faut reconnaitre que la grande force de TWD, c'est que c’est diablement bien écrit et mis en scène. Des QTE s'inviteront aussi à la fête, quand il faudra passer à l'action, et même si ils sont souvent trop identiques dans leurs manipulations, ils ne sont jamais envahissants. Les QTE ne sont pas aussi drôles que dans Shenmue (le grand Maitre et initiateur en la matière...), mais se révèlent bien maitrisés, et bien parsemés dans l'aventure. Ils sont surtout bien stressants.
Lors des scènes "jouables", TWD nous invite à un genre que l'on connait bien puisqu'il s'agit du genre "Point & Click ". Le but est de parcourir notre environnement, très limité pour le coup. On peut aussi parler avec les membres de notre groupe qui la plupart du temps se reposeront ou se rendront utiles pour soigner un blessé ou barricader le refuge. Bien qu’il soit normal qu’on ne puisse pas s’échapper de notre camp, les interactions et les objets à trouver sont d’une simplification absolue, et il est quasiment impossible de rester bloquer tellement la résolution des énigmes offre trop peu de possibilités pour être suffisamment déroutante. Il aurait été intéressant par exemple qu’on nous laisse nous démerder dans un motel façon Silent Hill pour trouver ne serait-ce qu’une clé. La, dans TWD, vous ramassez une pelle, vous voyez une tombe, il est évident de creuser. Il faut un tournevis pour ouvrir une porte, il est EVIDEMMENT dans la PUTAIN de caisse à outils. Tout est bien trop logique pour prendre cet aspect du jeu au sérieux. Le pire restera le coup des piles à l’envers, ou bien encore la courroie du transformateur que l’on retire carrément sans que personne ne vienne nous soupçonner de cette infraction particulièrement grossière…
En bref, la partie « exploration » de TWD fait un peu de la peine en comparaison des bons vieux « click & play » de l’époque des Monkey Island et autres jeux LucasArts. Mais elle reste relativement agréable malgré cette facilité parfois exaspérante. Agréable oui, notamment grâce aux environnements réalistes et variés, qui ne manquent pas de nous immerger profondément dans l’aventure.
Il existe aussi un troisième aspect du gameplay qu’il serait dommage d’omettre, car il s’agit ici du plus original des trois. Je veux parler de la partie « infiltration », particulièrement brillante lors d’une scène se déroulant dans un parking au cœur du 1er épisode de la saison. Le système de couverture est fluide et l’écran vire progressivement au rouge si l’on reste visible trop longtemps. Il faut alors utiliser ses armes, parfois dans des séquences clairement de shoot, ou alors utiliser une arme blanche ou divers objets pour éliminer du zombie (le coup du coussin est très fort au passage). Trop peu présentes et spécialement jouissives, ces moments intenses de gameplay remontent largement le niveau, et se montrent d’une ingéniosité absolue dans le dernier épisode, qui mélange d’ailleurs subtilement infiltration et exploration dans des séquences ébouriffantes de stress.
Si le gameplay et les animations sommaires de The Walking Dead sont loin d’être sans faille, le système des choix est clairement la grande réussite de ce titre, couplé au scénario prenant et bien rythmé, maitrisant son sujet comme personne. Le sentiment d’être un vrai survivant est extraordinaire, je ne sais pas comment on fait les développeurs pour réussir ce grand exploit, probablement une alchimie entre mise en scène, jeux d’acteurs, graphisme singuliers, émotions palpables sur les visages…etc…
Pour ce qui est expérience vidéo-ludique, TWD est un grand moment, pour tous les joueurs, à condition d’accepter le fait qu’il reste un jeu d’aventure simplifié, avec des choix cruciaux et radicaux, des moments inoubliables, ou chaque protagonistes montrera ses tripes pour sauver sa peau, ou celle de sa famille, ou celle de ses amis. Pas question ici de gérer un inventaire, de se repérer sur une carte, de surveiller sa barre de vie, et encore moins d’upgrader ses armes. TWD ne mange pas de ce pain-là. Il n’est tout simplement pas un jeu pour satisfaire le hardcore gamer de base, ou le joueur old-school. TWD est un jeu qui se vit aux travers d’une aventure émouvante, réaliste, prenante et dépressive. Peu de jeux vidéo sont arrivés à un tel degré d’implication du joueur, même si cela aura valu quelques sacrifices pour ce qui est des codes du genre Survival (se repérer sur une carte, gérer ses munitions…etc… OUBLIEZ ça !), et que les développeurs auraient pu mieux faire dans les séquences dédiées au "Point & Click ".
Un très grand jeu quoi qu’il en soit. Et des passages vraiment inoubliables !