Désert vidéo-ludique rarement vu 1 an après le lancement d'une console, la ludothèque de la Wii U voyait en Wonderful 101 une première ligne de choc pour l'année 2013, avant le débarquement du gros des troupes prévu en 2014.
Derrière W101 se cache Platinum Games et les équipes de l'inoxidable Hideki Kamiya, Game Director au CV plus qu'impressionnant, auquel je concède vouer une certaine admiration.
De quoi donner beaucoup d'espoir aux possesseurs de la Wii U un peu curieux de sortir des sentiers battus (voir même bitumés et surfacés au polish) des licences Nintendo.
Wonderful 101 est donc un Beat'm All en vue 3D isométrique dont la particularité est de vous placer dans le rôle du leader d'une "meute" de héros (comprenez : Power Rangers), jusqu'à 100 comme son nom ne l'indique pas complètement.
C'est assez spécial et les contraintes ne sont pas aussi intolérables que ce que l'on pourrait craindre, nous y reviendrons.
Dans votre escouade vous aurez 7 Wonder principaux ( mais... pas que ;) ) pour autant de pouvoirs à invoquer en dessinant des formes sur le Gamepad ou plus traditionnellement, comme je l'ai fait personnellement, via le stick droit de la manette, déclenchant au passage un Bullet Time lors de l'avancé du tracé, évitant de se faire cogner pendant qu'on invoque.
Exemple :
- Pour invoquer le Unite Punch (Wonder Red) : Dessinez un cercle et validez avec A.
- Pour le Unite Sword (Wonder Blue) : Tracez une ligne droite.
- Pour le Unite Hammer (Wonder Yellow) : Tracez une forme de faucille (il est Russe... ça ne s'invente pas :D)
Chaque pouvoir possède des avantages, des inconvénients et des immunités (l'épée renvoie les lasers, aspire la foudre, le poing aspire les flammes, etc).
Tout est fait pour nous faire changer de forme le plus possible.
Note : Contrairement à ce que j'ai pu lire, je n'ai vraiment que peu de soucis à manier les formes à ma convenance.
Plus la forme dessinée est grande, plus l'invocation sera imposante, puissante, mais également lente.
Chaque palier de puissance nécessite à la fois plus de Wonder, et de batterie.
Il y a 2 types de Wonder :
- les membres permanents aux apparences uniques, dissimulés dans tous les niveaux du jeu et qui sont au nombre de 100.
Ces membres permanents vous seront réattribués automatiquement au début de chaque stage. Il est possible de leur faire gagner de l'expérience et même de les mettre en tant que leader de leurs pouvoir respectifs.
En gagnant des niveaux, vous bénéficierez tantôt de bonus de santé tantôt de nouvelles possibilités d'attaques.
- les membres temporaires, civiles et autres forces de l'ordre que vous recrutez juste pour la durée du niveau.
Dans les 2 cas, pour les recruter, vous devrez dessiner un cercle autour d'eux.
Les batteries n'augmentent que de manière temporaire en récoltant des piles tout au long du niveau à la manière du VFX de Viewtiful Joe.
Revenons à l'escouade et sa taille imposante à l'écran.
Le bordel ambiant est évident, si vous trouviez Bayonetta fouillis, je vous entends déjà pleurer et clairement ce jeu n'est pas fait pour vous.
W101 est très exigeant pour le joueur, il n'est pas insurmontable, mais il demande une concentration permanente pour viser le Platine en normal.
Il faut très vite se mettre en tête que seul le leader est la véritable "hitbox" de votre barre de vie.
Les autres membres que vous pouvez regrouper de manière serrée autour du leader avec la touche Y, sont simplement sonnés en cas de coup, les rendant indisponibles pour une transformation jusqu'à que vous alliez les relever (en marchant dessus :D)... ou après un long moment d'attente.
Evidemment le système de combat est très fouillé, et beaucoup de mécaniques de jeux sont empruntées tantôt à Viewtiful Joe (Ukemi, le Power Charger qui améliore la recharge de la barre), tantôt à Bayonetta (un module qui permet de ralentir le temps en esquivant une attaque quelques frames avant le coup, ou un counter à placer en appuyant sur avant lorsque l'ennemi va vous frapper).
Beaucoup de ces éléments s'achètent dans la boutique du jeu et sont à "équiper" dans des slots qui se débloquent petit à petit.
A titre personnel j'ai beaucoup poncé Bayonetta, et je ne me sens vraiment pas lésé avec ce qu'offre W101.
Car le jeu recèle de nombreuses finesses pour viser le score parfait. Globalement la plupart des combos commencent par un stun obtenu en parant une attaque clé, ou en utilisant la ruée (avec X) suffisamment longtemps.
Ensuite, c'est généralement un coup launcher qui est utilisé avant d'enchaîner les combos aériens, le tout en variant le plus les formes (le scoring apprécie cela). Il est tout à fait possible de détruire un gros monstre en un seul combo de plus de 15 secondes, cela demande juste un peu de skill et d'imagination.
Sans rentrer plus dans les détails, sachez qu'il existe un système appelé "Multi Unite Morph" qui comme son nom l'indique permet de matérialiser plusieurs Unite Morph en même temps. Pour se faire il suffit de valider la forme avec le bouton X au lieu du bouton A, et cela matérialise alors une attaque morph automatique indépendante du joueur.
Niveau contenu, vous en aurez pour votre argent, le jeu est très long et ne comporte que peu de longueurs.
Les objets cachés à collectionner sont nombreux et on passe à côté d'un tas de trucs lors du premier run, invitant le joueur ayant accroché au jeu à revenir reprendre une dose de fun avec un point de mire autre que le scoring.
Car fun, Wonderful 101 l'est assurément.
Une fois le système de combat intégré, le jeu révèle toute sa saveur et ses possibilités, tout en nous laissant ébahi devant des boss fights d'un niveau jamais atteint jusqu'à maintenant.
En effet, les Wonder dominent leur exubérante grande soeur Bayonetta dans ce domaine, et ce n'était pas une mince affaire.
Techniquement, le jeu est propre, à des années lumières de ce qui se fait de mieux, mais l'esthétique très originale et colorée fait son travail.
Musicalement, certains thèmes sont particulièrement réussis, notamment "Retournement de situation", "Wonderful Finish" et surtout "Destins croisés" de Rei Kondoh, le gars déjà responsable entre autres de "You May Call Me Father" dans Bayonetta et "Rising Sun" dans Okami.
Le doublage anglais est particulièrement sympathique, dommage que les sous-titres soient aussi approximatifs.
On regrettera quelques errances techniques dans une ou deux phases hors sujets dans le même genre que ce qui était fait dans Bayonetta (quelques niveaux de shoot'm up moyens), ou encore de rares petits bugs.
On ne pourra pas non plus s'empêcher de tiquer sur quelques caméras mal placées rendant certains passages bien plus compliqués que de raison...
Mais rien n'entache le fun procuré par ce jeu, novateur, drôle et généreux, ni l'impression d'avoir terminé quelque chose d'épique à l'arrivée du générique de fin.
Un véritable hommage aux Sentai.
Je n'arrive toujours pas à déterminer la justification des notes plus que moyennes dont a parfois hérité The Wonderful 101.
Avec le parc installé de consoles plus que réduit et le marketing de Nintendo totalement absent, cet accueil critique mitigé chez nos "amis" journalistes ne sera au final que le dernier coup porté au succès commercial PLUS qu'incertain de cette nouvelle franchise.
Seuls le temps et la pratique me diront si le dernier né de Platinum Games n'est qu'un "très bon jeu" ou un "grand jeu" mal aimé.