Je suis une petite fille mauve avec des pinces à la place des bras et je vous emmerde!
Vous avez joué à Super Meat Boy?
Vous êtes blasé devant tous les die & retry et vous vous prenez pour un pro gamer?
Essayez They Bleed Pixels.
Non parce que j'ai quasi 100% Super Meat Boy, mais ce jeu c'est quelque chose.
Brève explication.
Le scénario, d'abord. Vous êtes une petite fille qui débarque, de toute évidence, dans un nouveau pensionnat. À la bibliothèque, vous découvrez un livre étrange, et après un premier niveau qui doit être un rêve, vous réalisez que vous êtes en train de vous transformer en une sorte de monstre! Chaque jour, vous vous débarrassez du livre, mais chaque matin vous le retrouvez sur votre table de nuit. Et votre transformation continue...
Tout ça, c'est raconté sans dialogue, avec juste quelques images animées au design relativement simple qui vous mettent dans l'ambiance. Les niveaux du jeu prennent place pendant les rêves de la douce, qui semble y affronter un noir danger, représenté par une ombre noire, un homme en costume noir avec un chapeau melon en guise de coiffe. Je dirais que c'est sobre. À noter que le jeu fourmille de références aux grands classiques de littérature du fantastique, avec notamment des citations des auteurs emblématiques que sont, entre autres, Poe et Lovecraft.
Le gameplay, c'est celui d'un platformer assez classique: vous sautez, double-sautez, vous vous appuyez contre les murs à la manière d'un Super Meat Boy, vous avez un dash... Les innovations se font surtout au niveau du combat: vous utilisez les pinces qui vous tiennent lieu de bras pour vous friter avec des bestioles noires et pas du tout agréables. En appuyant sur la touche d'attaque, vous donnez un coup de pied horizontal. En laissant appuyé, vous donnez un coup de pied vertical. En appuyant+une direction, vous effectuez un dash (vous pouvez en enchainer plusieurs si vous touchez un ennemi). En appuyant+une direction en étant proche d'un ennemi, vous donnez un coup de pinces. D'autres coups existent (le piqué quand vous êtes en l'air, l'attaque accroupie, le coup de pinces vers le haut...), mais c'est l'essentiel. Et autant vous dire tout de suite que les ennemis ne sont pas des tendres.
En effet, si vous enchainez trop d'attaques au corps à corps, les ennemis finissent par les bloquer. La solution, pour la plupart des combats, est d'utiliser les projections avec les pieds et l'environnement pour embrocher vos ennemis.
Car le level design, c'est surtout des piques, des piques et encore des piques. Des disqueuses aussi. En fait, tout est pensé pour vous mettre en difficulté, sans arrêt, et vous passerez énormément de temps au-dessus du vide, à rebondir de murs en murs et à utiliser des double-sauts pour parvenir à des endroits impossibles d'accès, comme l'autre côté d'une colonne. Sans compter les sols glissants qui sont monnaie courante et qui vous interdisent l'usage du dash, et surtout d'immobiliser votre personnage, ce qui est horrible aussi bien en combat qu'en phase de plateforme.
Visuellement, le jeu est simple. L'environnement est noir et les ennemis sont noirs, les sols glissants sont couverts d'une mince surface bleuâtre, et les objets qui blessent sont en blanc. Ce dépouillement sert le gameplay: ainsi les armes des ennemis sont également en blanc, car les toucher simplement ne vous blesse pas, c'est leurs attaques qui le font. D'ailleurs les ennemis qui vous attaquent en chargeant deviennent blanc quand ils le font. D'instinct, vous cherchez donc toutes les surfaces noires, qui sont vos seules alliées. Les arrières-plans, par contre, sont assez jolis à regarder si on a rien contre le pixel.
Parlons également du système de sauvegarde. Celui-ci est très particulier, puisque vous ne pouvez sauvegarder que lorsque vous remplissez une jauge de sang, en tuant des ennemis (plus vous faites de combos, plus vous produisez de sang) et en récoltant des espèces d'objets rouges. Vous sauvegardez en vous arrêtant quelques instants, à condition de ne pas vous trouver près d'un ennemi ou d'une disqueuse, sinon vous ne pouvez pas. Autant vous dire que vous chérirez chaque zone paisible.
Niveau difficulté, on a affaire à un die & retry. C'est pas commode, et certains passages sont juste horribles. J'adore.
Côté durée de vie, vous avez quatre chapitres, chacun contenant trois niveaux, plus un niveau final. Ca semble peu, mais ils sont assez longs.. et surtout, très difficiles. Personnellement, je ne suis pas un novice, mais il m'a fallu 8 heures pour voir la fin du jeu. Ajoutez aussi des niveaux supplémentaires, au nombre de 4 pour l'instant. L'ensemble est axé performance, c'est donc tout indiqué aux joueurs qui veulent faire du time attack.
Les bande-sons sont belles, sans être remarquables, elles soutiennent bien l'action.
Que dire de They Bleed Pixels? C'est un jeu exigeant, bien pensé, difficile, agréable et vraiment rafraichissant. Un chouette jeu.