Chronique de la fosse septique
Je viens de finir le jeu, et je me sens très sale. Sale, parce que j'ai forcé mon esprit à aspirer autant de colique que possible durant 8 heures de jeux, simplement en double cliquant sur un .exe. Je me suis infligé une telle douleur que j'en suis venu à boire une bouteille entière de mercurochrome (le pansement des héros) histoire de bien me laver l'estomac. Et pourtant, je n'ai quasiment pas joué à la licence originale.
Car oui, il ne faut pas jouer à Thief après une soirée raclette, sauf si on a envie de repeindre son parquet à la sauce montagnarde histoire de garder un peu l'esprit cham-cham-cham-chamoix d'or à l’intérieur de chez soi.
Thief, c'est un peu le chien batard entre un Dishonored et un Tomb Raider. Vous me dites : Wow, Dishonored était chouette, Tomb Raider était pas trop mauvais, ça ne peut donner que quelque chose d’étincelant au soleil, comme une abeille à qui on aurait donné une fleur de moutarde et un coquelicot ne peut produire qu'un miel gout mayo-ketchup ?
Et bien non, ici, au lieu de mixer deux jeux qui n'ont rien à voir et d'en prendre le meilleur, Eidos Montreal a fait le choix judicieux de n'en garder que les défauts, tel une bande de personnes atteintes de troubles psychiatriques qui bouffent que la peau de l'orange quand on leur donne des fruits à la cantine, ou d'enfants qui sniffent du UHU.
On retrouvera d'ailleurs Manuel, le directeur artistique de Tomb Raider et artisan carreleur à mi temps qui a encore foutu son gros pinceau blanc sur tous les bords pouvant être escaladés, histoire de bien montrer au joueur que tu peux monter sur la caisse dont il n'a de toutes façons pas le choix étant donné qu'à droite y a un mur, à gauche y a un mur, et derrière c'est là d'ou tu viens.
Car oui, Thief nous propose l'expérience inoubliable d'une cité sans aucun charme, et dont visiblement "la grisaille" aura été une excuse toute trouvée par le directeur artistique.
Hey, mec, sans déconner, on t'a reconnu hein, t'as pas réussi à mettre de couleur dans Tomb Raider à part du gris, du vert, et du feu quand ça explose, t'as toujours pas réussi là, bah écoute tant pis hein, la prochaine fois tu t'occuperas de faire Limbo 2 comme ça tu seras à peu près pépère, tu vas pas trop utiliser autre chose que des tons de gris.
Ah ils ont repris le scénariste aussi. D'ailleurs je n'ai absolument rien compris au scénario. Le héros est aussi charismatique qu'une huître baignée dans un seau de jus moule-citronné-clafoutis, la ville est pas animée pour un sous, dès fois t'entends des conversations t'as l'impression que les mecs parlent juste à coté de toi, mais en fait non, ils sont dans leur baraque 2 étages au dessus entrain de se taper une frite. Bon j'ai pas insisté plus que çà.
Ça, c'était pour la partie Tomb Raider. Mais maintenant les mecs se sont dit : "putain, on fait un jeu d'infiltration à la première personne, dans une cité qui tombe en ruine dirigée par un baron assoiffé de sang qui se cache dans une grande tour, avec une milice oppressante, hey mais ! Vous avez entendu parler du jeu disse au norde ? C'est fait par des frenchis, c'était pas trop mal, je propose de faire pareil".
Ensuite y a SquarEnix qui est arrivé et qu'à dit "oui mais Dishonored c'était trop hardcore, vous comprenez, nos joueurs viennent de sortir de Lightning Returns, faut pas leur faire appuyer sur plus de 3 boutons à la fois."
Du coup, après cette réunion au sommet, on se rend compte que Thief c'est un peu Dishonored, mais en version "shit and burritos", version mexique quoi. Entre le level design complètement merdique sans aucune possibilité si ce n'est le chemin tout tracé, et les blinks à l'infini qui permettent de passer à 5cm des gardes sans être vu une seule seconde, nous sommes servis.
Ah tiens, en parlant des gardes, j'ai lu ici et là "Au moins, l'IA des gardes est mieux que dans Dishonored". J'ai une question pour ces gens : Avez vous bu ?
Je ne compte plus le nombre de gardes que j'ai surpris entrain de marcher dans le mur, je ne compte plus le nombre de porte que j'ai ouvert alors que le garde était à 10cm dos à cette dernière, et surtout, je ne compte plus le nombre de fois ou les gardes sont simplement aveugles et sourd une fois que vous êtes planqués dans l'ombre. Enfin, l'ombre, disons l'absence de lumière vive, car il suffit de se foutre dans l'ombre d'un poteau de 10cm de large et hop, vous êtes tranquille, invisible aux yeux du monde, même au milieu de la rue.
Et putain j'étais en mode MAÎTRE les mecs. Et vous avez réussi à faire pire que Dishonored en facile. Ça s'applaudit ? Ça s'applaudit.
Bon, je ne vais pas épiloguer plus, je ne vais pas parler du massacre de la série originale car à vrai dire je suis pas très bien placé pour le faire vu mon temps passé sur cette dernière, mais soyons clair :
Thief est devenu en un seul coup le symbole de la nullité totale du monde vidéo-ludique, trempant dans un bac à purin à l’intérieur d'une usine de renouvellement des eaux, je ne trouve même pas de points positifs à ce jeu, si ce n'est la durée de vie qui est pas trop mal (mais j'ai ptet trouvé le temps long aussi, c'est possible).
Qu'est ce qui s'est passé Eidos ? Pas le temps ? SquarEnix qui vous envoyait des DLC de Lightning en tenue oppai ? Un manque de motivation ? Une envie de partir du monde du jv pour ouvrir un stand de hot dog ? Arrêtez vous, je vous prie. Concentrez vous, et essayez de faire un truc propre avec un peu d'âme par pitié.
Et balancez votre directeur artistique aux ordures, je crois qu'il a les yeux ruinés par de la cendre de cigarette.
Et pour ceux qui ont adoré Thief, alors c'est là que dans sa vie de joueur, il faut se poser les bonnes questions : Ai-je joué à Dishonored, les anciens Thief ou Deus Ex ?
Ai-je déjà joué à des bons jeux d'infiltrations ?
Ai-je déjà joué à de bons jeux vidéo ?
Ai-je le droit d'aller voter aux municipales étant donné mon manifeste mauvais gout ?
Suis-je un être humain ?