Licence mythique pour tout fan d'infiltration poussé à l'extrême, Thief est aujourd'hui de retour dans un nouvel opus signé Eidos Montréal et édité par Square Enix. Annoncé non pas comme une suite mais comme un rédémarrage, une reformulation de la série, ce Thief édition 2014 est sorti le 25 février dernier sur PC et consoles, sauf, une fois de plus, la Wii U.
Dans Thief, vous incarnez Garrett, un voleur parmi les plus expérimentés. Vous récupérez vos ordres de missions à un certain Basso, qui se charge de faire l'intermédiaire entre vous et vos "employeurs". Le jeu démarre assez simplement, en nous mettant assez rapidement dans l'action, et en nous expliquant par la même occasion les mécaniques du jeu, ainsi que les différentes actions réalisables et leur contrôle respectif. Tout de suite, vous rencontrez Erin, elle aussi voleuse et une de vos proches, qui vous accompagne pour une mission qui semble au premier abord plutôt banale. Toutefois, arrivés sur place, les choses se gâtent et vous vous retrouvez en très mauvaise posture. Vous vous réveillez plus tard, sans trop savoir quand, et vous vous rendez compte que la ville entière souffre de la grisaille, une sorte de peste. Le centre de la cité est gardé, et les corps s'empilent. Bien évidemment, il est de votre devoir de découvrir ce qui se passe, et aussi ce qu'il vous est arrivé.
Le jeu se déroule d'une manière assez classique, qu'on avait d'ailleurs retrouvée dans Dishonored. Vous possédez une sorte de quartier général, ici le Beffroi, où vous pouvez stocker votre matériel, et partir pour vos missions que vous récupérez chez Basso, où vous pouvez acheter des flèches de tous types : incendiaires, à eau, étourdissantes, à grappins, etc. La monnaie du jeu ne va pas chercher très loin, et c'est tant mieux, puisqu'en parcourant la carte et les environnements de vos missions vous trouvez des objets de valeur plus ou moins grande, qui vous donnent des pièces d'or une fois dérobés. Comme un voleur donc. Une fois la mission récupérée, il faut vous rendre dans la zone concernée par vos propres moyens, et il apparaît déjà un souci de Thief. La ville, bien que très bien réalisée et porteuse d'une ambiance assez forte, ne fait finalement office que d'un temps de chargement camouflé. En dehors des missions, vous ne recontrez presque aucun garde, ce qui revient à courir du point A au point B. Un peu dommage. Mais ce n'est pas ici la veine de Thief, qui consiste à achever vos missions de voleur.
Mais ce qui nous déçoit le plus lorsque l'on joue à ce nouveau Thief, c'est le fait que le jeu nous laisse aller uniquement là où il veut qu'on aille. Garrett est un voleur très expérimenté et il devrait être capable de monter sur à peu près tout et n'importe quoi. Sauf que non. Ici, seuls quelques chemins sont disponibles et on se sent souvent très frustré de ne pas pouvoir passer par dessus une petite caisse de rien du tout parce que le jeu ne le veut pas. Concrètement, vous pouvez monter sur certains rebords uniquement, sur des cordes et des grilles auxquelles vous vous accrochez avec votre grappin. Du coup, la ville et son architecture extrêment propice à une liberté de mouvement poussée perdent tout leur sens. C'est ma plus grosse déception concernant le jeu, qui pourtant avait un énorme potentiel de ce côté.
Pour autant, tout n'est pas à jeter dans ce Thief. Tout d'abord, le déroulement des missions est plutôt plaisant, et les quelques phases d'énigmes et de recherches sont bien faites bien qu'assez simplistes. L'histoire en elle-même est correcte, même si on se demande parfois dans quelle direction le jeu va, alors que l'intrigue paraît assez simple. De plus, le jeu dégage une ambiance sympathique qui colle parfaitement au thème et qui est très réussie. Par contre, le jeu est plutôt décevant techniquement. Graphiquement d'abord, on a parfois droit à des textures assez baveuses ou a des animations saccadées (je pense notamment à celle des gouttes d'eau dans les flaques). De plus, la bande-son part parfois totalement en vrille, avec des dialogues qui se décalent des mouvements de personnages, ou qui s'arrêtent tout simplement. Il arrive aussi que les dialogues soient couverts par les sons de l'environnement. Il m'est aussi arrivé d'entendre deux personnages discuter avec un effet "je suis dans la pièce à côté" alors qu'ils se trouvaient juste devant moi, et l'inverse. Bref, le jeu aurait pu être un peu moins imparfait.
Conclusion : Thief était attendu par certains comme le renouveau de la série qui les a marqués. Mais non. Square Enix et Eidos Montréal signent ici un jeu très moyen, frustrant et souffrant de lacunes techniques, malgré une base qui aurait pu faire un excellent jeu. Si le but était de relancer la série pour en faire des suites, l'objectif n'est pas atteint.
