Cette petite curiosité vidéoludique nous place dans la peau de Jala, jeune Indienne bisexuelle, anarchiste en quête d’indépendance, skateuse à ses heures perdues, en guerre contre les traditions familiales et plus généralement contre la société en elle-même. De retour dans sa ville natale, elle devra y régler des comptes avec sa famille, ses amis mais aussi ses ex.
Alors oui, ça en fait des étiquettes, mais pas de celles qu’on a forcément l’habitude de voir dans le petit milieu du jeu vidéo. Ce pitch de base aux relents Pilgrimesque a pour lui de vouloir nous sortir de notre zone de confort et de nous présenter toute une galerie de personnages issus de minorités ou de culture rarement mise en avant.
Ces personnages et leurs histoires sont le moteur identifié d’un jeu qui rencontre assez vite ses limites côté gameplay. Vendu comme une aventure narrative avant tout, Thirsty Suitors ne s’en contente pas et nous propose diverses phases tenant ça et là du RPG, pour ses combats au tour par tour, de l’arcade, avec ses sessions de scoring au skate parc, et du contextuel pur jus avec ses mini-jeux à base de QTE.
Desservie par une technique aux fraises, malgré une DA colorée et rafraichissante, ainsi que par des contrôles et des animations d’une rigidité incroyable, ces boucles de gameplay ne se renouvellent pas assez pour maintenir l’intérêt du joueur. La mécanique principale des combats, qui consiste à toucher la corde sensible de son adversaire via la bonne provocation pour lui appliquer un débuff et maximiser les dégâts avec la compétence appropriée, se révèle finalement trop rudimentaire et répétitive à la longue.
Le jeu touche néanmoins au but dans ce qu’il veut nous raconter. Car il le fait plutôt bien, et avec une certaine pêche. Que ce soit au travers de leur écriture ou de leur doublage excellent, les personnages vivent et c’est bien à travers eux que le joueur va s’impliquer. On se délecte autant de la répartie insolente de Jala que de la fausse froideur de sa mère ou de la bonhomie un peu lâche de son père.
Chaque combat de boss nous offre l’occasion d’explorer, avec ce qu’il faut d’humour et de sérieux, la psyché de nos adversaires à travers de délicieuses joutes verbales. Chaque victoire, ou défaite, est une étape de plus de franchie pour tous dans leurs quêtes d’acceptation ou de rédemption.
Intérêt purement vidéo-ludique mis à part, l’histoire de Thirsty Suitors reste ce que le jeu a de mieux à offrir, et c’est bien pour elle qu’on y retourne. Une réussite narrative, et vu ce qui semblait être l’ambition du studio au départ, une belle réussite tout cours.