Dire que l'excitation paroxysmique de l'éclosion de nouvelles sensations dans mes synapses ainsi stimulées par le plaisir de participer à des combats de robots titanesques lâchés sans vergogne au milieu d'arènes futuristes... serait probablement une exagération grandiloquente de la réalité digne de l'introduction d'une dissertation d'élève paresseux. Vous savez, du genre de ceux et celles qui sont certains de pouvoir s'en sortir à la seule force de leur pénible plume malgré le fait qu'ils ont catégoriquement refusé de lire le classique de Stefan Zweig d'une centaine de pages sur lequel porte l'examen. Ce n'est pas que l'idée me répugne, d'ailleurs, un jeu de tir subjectif où l'on possède un Phone susceptible de vous faire livrer un robot de combat en moins de trois minutes où que vous vous trouviez dans l'univers me semble assez intéressante. J'ignore par contre si c'est assez d'un point de vue conceptuel pour soutenir le propos d'une série entière, de ses produits dérivés, et peut-être même d'une série de films d'animation réalisés par Pixar. C'est que les goûts changent si vite ces temps-ci que le simple fait de proposer un setting futuriste plus ou moins générique ne suffit plus à s'assurer l'intérêt du public. Non, de nos jours, pour être certain que la génération YouTube apprécie le concept il faudrait sans-doute que l'on puisse construire son propre robot magique à partir de runes élémentaires glanées dans la nature en utilisant ses talents d'alchimiste cubique. Peut-être pourrait-on passer des heures à chercher les substrats de plante nécessaires à le colorer de manière criarde afin de faire mal aux yeux de ses ennemis. Certains boulons – en diamant car, après tout, pourquoi pas – pourraient être achetés sur un marché en ligne où des chinois sans scrupules pourraient vous vendre le labeur de leurs esclaves modernes. Peut-être même que cela pourrait s'inscrire dans l'univers d'Armored Core histoire de s'assurer l'aval – ce n'est pas sale – des hardcore gamers. Bref, l'idée d'un simple jeu de tir avec des robots... ça fait un peu dépassé.
Pas que l'idée soit mauvaise, hein, s'enfoncer dans une gargantuesque carcasse de métal pour faire pleuvoir le plomb sur ses ennemis garde un petit charme Métal Hurlant dont certains seront ravis. Faisons simple, dans un futur vidéoludique, deux factions se font la guerre. L'une est orange. L'autre est bleue. Pour des raisons qui m'échappent tous les grands conflits de cette époque sont résolus par le biais de combats dignes de Call of Duty où les modes se succèdent à un rythme effréné. Certaines personnes ont des grappins tandis que d'autres sont capables de se rendre invisible. Ah, et vous avez diverses pétoires de genre différents mais qui servent toutes à émettre des projectiles dans la direction générale de l'ennemi. Le but est d'accumuler des points – une sorte de ligue intergalactique s'occupe visiblement des efforts de calcul nécessaires à ce type d'inventaires – afin de pouvoir en fin de compte utiliser votre Titanphone pour vous faire livrer l'équivalent local du Combattler V à partir d'une station orbitale. Rien que ça. À ce stade tout prend place a une échelle légèrement supérieure. Les monstres de métal se taillent la part du lion de ces affrontements d'outre-espace. Mais n'imaginez pas que les petits humanoïdes qui courent entre leurs pieds soient totalement dépourvus de répondant. Non, ils peuvent soit subtiliser au péril de leur vie les cellules énergétiques nécessaires à faire fonctionner ces Titans... ou leur pourrir la vie à grands renforts de mortiers futuristes. L'on sent une attention très particulière chez les créateurs de ce titre à tenter d'offrir une forme de répondant à chacun de ses participants. Ce qui est assez remarquable, d'ailleurs, ce type de combats plus ou moins asymétriques pourraient aisément devenir l'apanage de ceux qui ont dominé dès le début pour s'offrir leur scaphandre de combat. Mais ce n'est pas le cas et mérite d'être souligné. Votre participation – et cela quelle que soit votre taille – est cruciale au bon déroulement du conflit. Ce qui n'est pas rien.
Or, en ce qui me concerne, c'est cet effort indéniable pour rendre les modes en ligne équilibrés et intéressants qui représente le substantifique suc de Titanphone 2. (Ce qui peut sembler étrange car c'est sur les forces supposées d'un mode solo pas déplaisant mais étrangement générique que l'on m'avait demandé de m'attaquer à ce titre.) Je n'irai pas prétendre que tout ceci n'a pas un fort arrière-goût de Call of Duty – pour des raisons évidentes, d'ailleurs – mais l'intégralité de l'expérience en ligne arrive à capitaliser sur l'efficacité de ses Titans pour rendre l'ensemble intéressant malgré son incessante course aux points nécessaires à customizer son loadout.