« C’est pô juste ! » TITEUF

En 2004, Titeuf : Mega Compet sort sur PlayStation 2 et PC. Il s’agit d’un party-game qui, comme beaucoup d’adaptations de licences de bande-dessinée en jeu-vidéo, peine à se distinguer. Malgré l’univers fidèle à la bande dessinée de Zep et une direction artistique correcte, le gameplay répétitif et le manque de contenu marquent ce titre comme un jeu anecdotique. Ce n’est ni un succès critique ni un hit du genre, mais il s’inscrit dans la vague des jeux de licences qui misent sur la popularité du personnage plus que sur l’innovation ludique.

Il faut rappeler que les adaptations de Titeuf en jeu-vidéo ont toujours eu du mal à convaincre. Le seul titre qui a réellement marqué les esprits est Titeuf sorti sur Game Boy Color. Ce party-game humoristique, bien que limité par le support, avait au moins l’avantage de proposer une expérience originale et immersive.

Contre toute attente, le studio Microids décide de produire un remake de Titeuf : Mega Compet. Ce choix est surprenant, car le jeu ne mérite pas une nouvelle vie. On comprend que la popularité du personnage de Titeuf reste forte en francophonie, mais de là à faire revivre ce party-game…

Le développement de ce remake est confié à deux studios belges : VetaSoft et Balio Studio. Ce choix n’est pas rassurant. Ces studios sont spécialisés dans des party-games de seconde zone, souvent mal optimisés et peu inspirés. Leur portfolio ne contient aucune référence de qualité qui pourrait justifier leur implication dans un projet visant à moderniser un jeu déjà moyen à l’origine.

Le 21 novembre 2019, Titeuf : Mega Party est lancé sur Switch, PlayStation 4 et Xbox One. L’attente n’était pas énorme, mais ceux qui espéraient une surprise agréable risquent d’être déçus.

Quand on parle de remake, on s’attend à une refonte qui modernise l’expérience, améliore les mécaniques de jeu et tire parti des nouvelles technologies. Malheureusement, ce remake ne fait rien de tout ça. Au lieu de proposer une version retravaillée, le jeu se contente d’un simple lissage graphique (et encore…) qui ne suffit pas à masquer son âge.

Les textures sont fades, les modèles 3D rigides et les environnements tristement vides. La direction artistique, censée retranscrire l’univers coloré et expressif de la bande dessinée de Zep, échoue complètement à capturer l’essence visuelle de Titeuf. Le résultat est un jeu sans âme, qui ressemble davantage à un portage vite fait qu’à un véritable remake.

Le cœur d’un party-game, c’est évidemment ses mini-jeux. Malheureusement, le jeu échoue aussi sur ce point fondamental. Les mini-jeux sont peu inspirés, répétitifs et manquent cruellement de variété. Beaucoup reposent sur des mécaniques basiques vues mille fois ailleurs, sans la moindre touche d’originalité. De plus, certains jeux souffrent d’un équilibrage désastreux. Entre des commandes approximatives, des règles mal expliquées et une difficulté aléatoire, le fun est souvent remplacé par de la frustration.

Sorti sur Switch, PS4 et Xbox One, le jeu aurait dû tourner sans problème sur ces machines bien plus puissantes que la PS2 de l’époque. Pourtant, le jeu souffre d’une optimisation catastrophique. Temps de chargement excessifs, animations rigides, fluidité inconstante, ces problèmes techniques accentuent encore plus la sensation d’un remake bâclé, conçu sans soin ni optimisation.

L’un des rares atouts que le jeu aurait pu avoir, c’est son univers. Titeuf, c’est un ton irrévérencieux, un humour potache et des personnages hauts en couleur. Mais ici, tout tombe à plat. Si le jeu essaie de reprendre l’ambiance de la bande dessinée avec quelques références aux blagues et aux situations absurdes de Titeuf, la direction artistique vient tout gâcher. Le passage à la 3D est une catastrophe, avec des personnages qui perdent leur expressivité et leur charme. Les décors sont génériques, sans vie, et ne dégagent absolument pas l’atmosphère d’une cour de récréation pleine d’animations et de bêtises enfantines.

Titeuf : Mega Party ne réussit ni en tant que remake, ni en tant que party-game, ni même en tant qu’adaptation de Titeuf. C’est un échec sur toute la ligne, qui aurait mérité plus d’attention et de respect pour son matériel d’origine. Avec une réalisation paresseuse, des mini-jeux inintéressants, une technique décevante et une ambiance totalement ratée, Titeuf : Mega Party est l’exemple parfait de ce qu’un remake ne doit pas être. Plutôt que de donner une seconde vie à un jeu moyen, Microids et les studios impliqués l’ont enterré encore plus profondément.