TOEM
7.4
TOEM

Jeu de Something We Made (2021PlayStation 5)

Temps de jeu : 10 heures
Reçu dans le Humble Choice de Décembre 2022
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#85]

Développé et édité par les Suédois de Something We Made, TOEM est un jeu d’aventure paru le 17 décembre 2021 sur le Nintendo eShop. Pour un peu moins de dix-huit euros, le joueur est invité à voyager jusqu’au sommet d’une montagne légendaire pour y prendre une photo unique. Pacifique et orienté détente, cette épopée demandera de prendre de multiples clichés, histoire de remplir son petit album photo personnel, mais aussi et surtout aider les moults personnages que l’on rencontrera en chemin. Avec une direction artistique marquée et un gameplay au parti pris assumé, on espère toutefois que cette expédition « chill » et « wholesome » – comme on aime à appeler ces expériences positives de l’autre côté de l’Atlantique – soit suffisamment marquante et unique pour la recommander au plus grand nombre. Prenez votre ticket, asseyez-vous confortablement et préparez-vous à la lecture de ce test, le bus démarre. Destination : évasion.

Pic or fake

Phénomène météorologique éponyme, le TOEM est, pour beaucoup, tout aussi magnifique que magique. Dans ce monde en noir et blanc, cette aurore boréale unique perce le ciel de ses éclatantes couleurs. Pourtant, ce n’est pas tant la destination finale que le voyage en lui-même qui importe dans cette aventure, en atteste le spoiler du paysage dès les premières minutes de jeu ; dans sa jeunesse, la grand-mère a pu elle aussi photographier ledit phénomène, n’hésitant pas à montrer à son petit-fils la beauté de cette singularité. En effet, le petit personnage que contrôleront les joueurs tout au long de cette aventure, muet et sans nom, s’élance donc sans hésitation dans ce qui s’apparente davantage à une expédition initiatique qu’un objectif bien défini. Problème : sans argent en poche, on ne va jamais très loin, surtout lorsqu’on se déplace en bus. Fort heureusement pour lui, chaque ticket peut-être offert en échange de services rendus aux habitants de chaque région visitée. Avec cinq contrées inspirées des terres scandinaves, il suffit d’un peu moins de trois heures pour voir de ses propres yeux le TOEM, tout du moins en ligne droite.

S’il est bel et bien linéaire dans son tracé général, chaque région propose en revanche de réaliser ses objectifs de manière bien plus libre. Mieux encore, le joueur n’est pas obligé de tout accomplir pour avoir la possibilité de passer à la région suivante ; à la manière des Lunes de Super Mario Odyssey, seuls quelques tampons, preuves de vos haut-faits, suffiront pour obtenir un de ces fameux tickets de bus. Dans le cas d’une complétion totale du jeu, un poil plus de cinq heures seront nécessaires pour tout boucler. Armé de son appareil photo, le joueur devra discuter avec les habitants du coin, écouter leurs problèmes pour tenter de les régler et ainsi marquer son carnet de voyage de sceaux. Certains personnages non-joueurs (PNJ) demanderont des objectifs très directs, comme prendre en photo un mystérieux individu caché dans le décor. D’autres, plus tordus, demanderont de s’équiper de certains objets spécifiques (comme des lunettes donnant la capacité d’apercevoir des fantômes), ou encore de prendre en photo certains éléments avec pour seul indice, un mot vaguement lié à la cible recherchée.

TOEM la photographie, toi ?

À mi-chemin avec le jeu de réflexion et de puzzle, TOEM encourage également les joueurs à se montrer curieux et à expérimenter tout un tas de choses pour trouver solution à leurs problèmes. Les développeurs suédois n’oublient toutefois pas les buts premiers d’une photographie : les souvenirs, mais aussi l’approche artistique. À la manière d’un compendium dans un RPG, TOEM permet en effet aux joueurs de prendre des clichés de « monuments », de personnages rencontrés, ainsi que de la faune de chaque région. À vous méduses, lapins et autres influenceuses et squelettes doués de conscience ! Mignon dans son écriture, il sera également possible de décrocher un sourire ou deux face aux situations cocasses parsemant l’aventure : entre grosse rave-party avec des oursons trop choupis et utilisation d’un Pouet pour faire tomber un innocent employé à la flotte, les surprises y sont multiples et participent à ne jamais lasser le joueur qui la parcourt.

On appréciera également la direction artistique, tout en noir et blanc, et dessinée à la main. Un vrai sentiment de se balader dans une bande-dessinée se dégage alors du jeu, lequel permet à son public de se saisir de sa caméra pour en profiter pleinement. Zooms et dézooms puissants, rotations à 360°, TOEM nous surprend à ne pas rester aussi statique qu’il le laissait présager ; tout en 3D, il permet aux joueurs de faire preuve d’observation dans un titre résolument tourné vers elle. La paisible bande-son, signée Jamal Green (déjà derrière Skelattack ou encore Equilinox), colle parfaitement à l’ambiance retranscrite ; douce, reposante, elle n’hésite pas à y mêler guitare folk, synthés et bruits du quotidien (un train qui siffle, une sonnette de vélo, des rires d’enfants, etc.), toujours dans l’optique de retranscrire mélancolie, sérénité et nostalgie, à la manière d’une redécouverte d’un vieil album photo. D’un point de vue technique, qu’il s’agisse d’un jeu en mode portable ou sur téléviseur, on notera quelques soucis de performance (notamment sur sa fin).

Une dernière Basto(s)

En plus du jeu de base, un DLC gratuit est également disponible en la présence de l’île de Basto. Principale critique du titre, le courte durée de vie de TOEM se voit ici augmenter d’une bonne heure après avoir complété à 100 % cet ajout de contenu. La région, plus massive que toute autre, bénéficie également de quêtes et mécaniques de jeu plus poussées, notamment avec l’arrivée d’un cycle jour-nuit. Celui-ci influence grandement le monde parcouru, comme une faune et des PNJ changeants, mais aussi une marée montante ou descendante selon l’heure de la journée. Ainsi, certains bouts de terre et objectifs seront impossibles à rejoindre ou à accomplir et il faudra au joueur trouver un lit ou un hamac pour faire un somme et se réveiller à un moment plus propice. Sans hésitation aucune, l’île de Basto est véritablement le haut du panier de TOEM. Plus imaginatif, plus varié, mais également plus consistant, on ne peut que saluer le travail abattu, tout cela sans frais supplémentaire.

Conclusion

Absolument charmant et addictif malgré une progression qui devient très vite mécanique, TOEM est un titre adapté à tout âge, notamment grâce à ses quêtes adaptées à tous types de niveau. Qu'il s'agisse d'énigmes recherchées ou d'objectifs simples à accomplir, chacun pourra progresser à son allure et atteindre le but final du titre. Si le message du voyage et de la destination finale restent classiques et finalement peu approfondis, on apprécie tout de même l'ambiance paisible et l'univers dépeint par Something We Made, notamment à travers une galerie de personnages loufoques et de situations tout aussi surprenantes. Agréable à parcourir, à regarder et à écouter, rien ne semble échapper à notre appréciation, malgré quelques soucis techniques sur la fin de l'aventure. Le temps de quelques sessions, on se fait volontiers photographe, prêts à compléter au maximum notre album photo, malgré un prix assez élevé vis-à-vis de la durée de vie du titre. Toujours est-il que oui, Something We Made et leur TOEM ont bel et bien mérité notre tampon de recommandation.

Créée

le 17 avr. 2023

Critique lue 8 fois

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Kalimari

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