Teush Raider
Vous ai je déjà parlé de ce pote à moi ? Un vieux pote avec lequel j'ai fais les 400 coups. Un être que j'ai vu évoluer, passer les étapes petit à petit, devenir l'homme-larve qu'il est aujourd'hui...
le 20 mai 2015
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Marathomb Raider : 1/16
Comme beaucoup de gamins des années 90, une des plus grandes figures du jeu vidéo de mon enfance, c’est Lara Croft. Bien sûr, j’étais trop jeune à l’époque pour apprécier cette série, donc je me contentais de regarder mon frère y jouer. Et puis la nuit je faisais des cauchemars parce que c’était trop réaliste comparé à mes jeux Game Boy, j’avais peur que Lara sorte de l’écran et me flingue. Que de bons souvenirs !
Depuis, nos chemins se sont un peu séparés. Mon frère a déménagé et a revendu sa PS1, la belle a ralenti son rythme de production au début des années 2000, la plupart de mes consoles n’avaient pas accès à ses jeux… Mais elle est toujours restée dans un coin de ma tête, et c’est d’ailleurs avec plaisir que j’ai joué au reboot de 2013 il y a quelques années.
Bref, l’an dernier lors des soldes Steam j’ai craqué mon slip et j’ai acheté la quasi-intégralité des Tomb Raider en promotion. Puisqu’il faut bien rentabiliser l’achat, je lance ce marathon qui devrait durer toute l’année !
Tomb Raider 1 sort donc en 1996 et il s’agit d’un des tous premiers jeux d’aventure en 3D, si ce n’est le premier. On y incarne Lara Croft dans une quinzaine de niveaux, répartis dans 4 pays (Pérou, Grèce, Egypte et Atlantide) alors qu’elle tente de percer le secret du Scion, un artefact magique.
Le scénario est loin d’être le point fort du jeu, en partie à cause de la grande méchante qui est juste très conne (elle trahit Croft avant même que celle-ci n’ait eu le temps de trouver toutes les pièces du Scion, quel était l’intérêt de l’embaucher ?). Néanmoins, cette aventure arrive parfaitement à définir le personnage de Lara en à peine 15 minutes de cinématiques au total : l’aventurière est agile, expérimentée, curieuse, désintéressée par l’argent (mais vit quand même dans un immense manoir, pas folle la guêpe) et peut battre à peu près n’importe qui en duel d’armes à feu. Certaines de ses répliques achèvent de lui donner une aura badass, ce qui rend l’aventure en sa compagnie très agréable (d’autant que Lara a la gentillesse de la fermer quand elle explore des ruines au lieu de décrire tout ce qu’elle voit à voix haute, ça aide à l’immersion).
Cela dit, le vrai héros du jeu c’est plutôt le level-design. Les niveaux sont superbement construits et sont bourrés d’énigmes qui sont claires (enfin, pas toujours, on y reviendra). L’architecture des niveaux est également très variée, certains sont construits tout en hauteur tandis que d’autres s’étendent sur de larges surfaces, et chaque pays a ses petites spécificités au niveau des décors. Bref, on n’a jamais l’impression de faire deux fois la même chose, et le rythme de jeu est parfaitement soutenu tout au long de ses 15 niveaux. On en arrive presque à excuser cette incohérence flagrante : on peut trouver des munitions de Uzi dans des tombeaux péruviens inviolés depuis des siècles.
D’ailleurs, le jeu donne le ton dès l’écran-titre qui permet d’accéder à un tutoriel très bien foutu dans le Manoir Croft. Lara nous fait faire un tour du propriétaire tout en nous indiquant plus ou moins subtilement les commandes du jeu, ce qui est une idée tout simplement géniale.
On découvre ainsi le gameplay assez atypique de ce fossile vidéoludique, avec par exemple ses différents types de saut, le bouton d’action qui change constamment de fonction ou les mécaniques de natation (qui n’ont pour le coup pas du tout vieilli). Lara est beaucoup plus agile que Link dans Ocarina of Time (qui ne sera pas disponible avant 2 ans), ce qui demande un certain temps d’apprentissage mais ce sera pleinement exploité tout au court du jeu, en proposant comme je l’indiquais des énigmes bien plus verticales que dans le classique de la N64. En contrepartie, Lara est beaucoup moins souple que l’Hylien au sol, rien que faire un quart de tour vers la droite prend facilement deux secondes. On a un peu l’impression de contrôler un camion (pouët pouët), mais on s’y fait.
Toutefois, le jeu accuse son âge, et son statut de précurseur du genre n’arrange pas son cas. Graphiquement tout d’abord, il n’est pas rare que des détails paumés au milieu de textures pixellisées n’apparaissent pas clairement aux yeux du joueur. Je pense par exemple aux failles auxquelles on peut se suspendre, la première fois que cet élément de level-design apparaît il n’est pas du tout mis en valeur, et j’ai vraiment pensé qu’il s’agissait d’un simple décor. A l’inverse, certains éléments cachés comme des munitions ou des trousses de soin apparaissent parfois à travers les textures des murs, ce qui rend leur cachette tout de suite beaucoup moins secrète.
Pour rester sur les graphismes, le jeu a une distance d’affichage assez médiocre. Tout ce qui se situe à plus de 20 mètres de Lara est noyé dans un brouillard noir, ce qui peut rendre certaines sessions d’exploration plus compliquées que prévu (difficile de se repérer dans l’espace quand on ne sait même pas ce qui nous entoure).
Mais le point qui a quand même le plus mal vieilli, ça reste les phases de combat. Fréquemment au cours de son aventure, Lara rencontrera des créatures d’espèces généralement menacées (lions, pumas, ours, dinosaures, centaures…). N’étant pas biologiste, elle préférera généralement les attaquer plutôt que les laisser tranquilles.
Sauf que ça pue quand même pas mal la merde. Si Lara vise automatiquement ses cibles (Dieu merci), celles-ci sont tout de même extrêmement agiles et rapides et auront tendance à vous sauter dessus. Seule issue : sauter dans tous les sens comme un demeuré, ce qui vous permettra de découvrir que la caméra n’est pas du tout adaptée à un déplacement aussi frénétique et elle commencera à filmer n’importe quoi, sauf votre cible. Et globalement tous les combats du jeu se ressemblent, mieux vaut donc avaler un comprimé anti-vomissements avant toute session de jeu, par sécurité.
Bref, de ce côté-là c’est quand même extrêmement brouillon. Surtout que certains ennemis font vraiment très mal, et vu le caractère un peu aléatoire de la technique de combat, vous aurez peu droit à l’erreur. Espérons que ce sera corrigé dans les suites, c’est le plus gros point noir de TR1 pour moi.
Et puis, de manière assez aléatoire, le jeu décide parfois de te balancer des énigmes incompréhensibles. A vrai dire, il n’y a qu’une seule énigme que je qualifierais comme telle, c’est celle de la tombe du Roi Midas où il faut mettre 5 leviers dans certaines positions pour ouvrir certaines portes. J’ai tourné en rond dans le niveau pendant une heure, je n’ai RIEN trouvé qui indiquait les positions des leviers, j’ai dû recourir à un guide sur le net. Si des gens ont passé cette énigme sans guide, je serais curieux de savoir où l’info était cachée.
Le jeu a quelques autres défauts, mais ceux-ci sont généralement moins graves. Certains sauts demandent une précision assez millimétrée par exemple, en particulier ceux qui se font en diagonale (dans ces cas-là il est beaucoup plus difficile d’agripper le rebord de la plate-forme, ce qui limite votre marge d’erreur). Etant donné que Lara prend des dégâts en tombant et qu’à partir d’une certaine hauteur c’est la mort assurée, ces phases pourraient être frustrantes… Mais heureusement la version PC vous laisse effectuer des sauvegardes à n’importe quel moment, vous pouvez donc faire comme moi et en abuser comme une petite catin. Sauvegarder à chaque saut vous fera peut-être perdre quelques secondes, mais ce sera toujours mieux que de revenir 2 minutes en arrière au moindre faux pas.
Notez toutefois que cette option n’est pas possible sur console, où seul un certain nombre de sauvegardes par partie peut être effectué (un peu comme dans Resident Evil).
En contrepartie, la version console a une bande-son. C’est en effet l’autre gros point noir pour moi, l’absence totale de musique sur la version PC, en-dehors d’un petit jingle quand vous trouvez un objet caché et du thème principal dans le menu. L’OST du premier Tomb Raider est légendaire, c’est vraiment un crime d’en avoir privé les joueurs PC, même si j’imagine que les contraintes techniques de l’époque ont forcé cette décision.
Transition toute trouvée pour me plaindre de l’état de cette version PC vendue sur Steam. Square Enix a fait le strict minimum en portant simplement la version de 1996 et en la faisant tourner sous DosBOX (un émulateur gratuit). Si le jeu tourne correctement, vous n’aurez donc pas de musique, les cinématiques sont dans un état absolument déplorable, les manettes ne sont pas supportées (on peut contourner cette limite avec un logiciel comme JoyToKey, heureusement) et vous n’avez même pas droit à l’extension Version Longue, sortie en 1998 et qui rajoutait 4 niveaux au jeu.
Certes, je n’ai pas payé mon jeu cher, mais c’est quand même du foutage de gueule quand on sait que le portage Android du titre corrige tous ces défauts (à l’exception des niveaux bonus, toujours absents).
Ah, et évidemment, pas de VF non plus, et même pas de sous-titres en anglais pour mieux comprendre les dialogues parfois étouffés. Il faut installer des patchs pour tout ça, et j’avoue que j’ai lâché l’affaire après 2h de messages d’erreur.
Bref, Tomb Raider c’est un bon jeu, révolutionnaire il fût un temps, mais qui accuse malheureusement son âge. Un peu moche, pas toujours très clair et parfois imprécis, ce n’est pas une expérience insurmontable pour un joueur de 2022, mais ça demande quand même un certain temps d’adaptation. Et même si le level-design est excellent, difficile de dire que le titre enterre les jeux d’aventure modernes. Ils ont certes plein de défauts, mais au moins le gameplay répond au doigt et à l’oeil.
Je reste curieux de voir la suite ! De toute façon je suis parti pour au moins 12 mois de voyages avec Miss Croft, autant y aller avec le sourire.
Remerciement spécial à TiJokentio qui a inspiré le titre de cette critique !
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Créée
le 25 janv. 2022
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