Mes frères,
On vous a vendu ce reboot de Tomb Raider, cette nouvelle Lara Croft, façonnée dans les cris et la douleur, oui, on vous l'a vendu, mais comment vous l'a-t-on vendu ?
On vous a vendu un jeu rempli d'action, de QTEs mal foutus, de grottes qui s'effondrent et de couloirs de deux mètres de large !
Mais, mes frères, on vous a menti. La dure loi du marketing vous a manipulé, trompé, montré la face croupie de l'iceberg. Et ce pour mon plus grand plaisir.
Tout comme une minorité d'entre vous, j'avais perdu espoir en ce reboot, suite au matraquage intensif de Square Enix sur les cris de Lara, suite à leur amour démesuré envers tout ce qui explose et s'écroule.
Tout comme une majorité d'entre vous, je me suis néanmoins procuré le jeu à sa sortie.
Et tout comme une moitié d'entre vous, le début de l'aventure m'a rebuté. Pan, Pan, QTEs (buggués), Boum, Boum, ... Cela n'augurait rien de bon.
Mes, mes frères, après un début poussif et pas à la hauteur, Lara se délivre contre toute attente des chaînes du marketing qui retiennent prisonnier d'autres héros du jeu vidéo en ce mois de Mars.
Et alors, mes frères, le vrai Tomb Raider s'ouvre à vous. Le reboot de TR tel que l'a rêvé et réalisé Crystal Dynamics.
D'immenses zones à explorer, sans aucune contrainte la plupart du temps, des compétences incroyablement bien utilisées, un univers riche et travaillé, des énigmes faciles mais intelligentes, une épopée intéressante et prenante, bien que n'échappant pas à quelques incohérences. TR a, contre toute attente, l'âme des grands jeux. CD y a incorporé tout son savoir-faire, tout son Amour, y a mis tous ses moyens. Jamais je n'avais ressenti un tel désir de bien faire de la part de ce studio, du moins depuis Legacy of Kain.
Le jeu est néanmoins bardé de défauts qu'il est difficile de nier : des ennemis surcheatés en difficile (heashooter un type lambda au lance-grenade et le voir se relever instantanément, ça fait son petit effet), une surdose d'ennemis à certains endroits du jeu (la fuite du monastère est à vomir), sans parler des types qui semblent spawner à l'infini depuis une minuscule plate-forme suspendue au-dessus du vide, plombant totalement l'immersion. Des moments "over the top", je n'en retiendrai qu'un, vraiment bien foutu, les autres étant simplement ridicules et là "histoire de" (Lara qui trébuche sur un caillou, et toute la caverne qui se met à exploser, ok...). Enfin, la survie est complètement mise de côté (dommage car entre l'inexpérience de Lara, l'univers et le faible nombre de munitions, y'avait du potentiel), et l'infiltration est régulièrement pourrie par une IA là encore abusée (Tu tires une flèches sur un pigeon à un bout de la map, et les types postés à 200m que t'avais même pas vu te prennent en chasse et ne te lâchent plus, comme s'ils avaient ta position GPS en temps réel...). Enfin, la douce Lara devient très rapidement une machine à tuer, sans que cela ne l'émeuve plus que ça.
Mais malgré tout cela, mes frères, j'ai passé une vingtaine d'heures en compagnie de Miss Croft, dont plus des 3/4 ont été dédiées à l'exploration. Oui, j'ai tout exploré, de fond en comble, et quasiment tout trouvé. Car, bordel, le plaisir initial d'un TR se trouve dans la découverte, dans l'exploration. Et ce TR renoue avec ce plaisir-ci, peut-être des fois encore plus qu'Underworld, extraordinaire dans le domaine mais souvent assez dirigiste.
A côté de ça, on a le droit à un Jason Graves qui est à son meilleur, avec des thèmes profonds et marquants, et à des décors magnifiques sur PC, couplés à une direction artistique de haute volée.
A noter que les marketeux frappent néanmoins encore, avec un mode multi dont on se cogne sévèrement, et de futurs DLC qui nous importe tout autant.
Mes frères,
Lors de son annonce j'ai voulu aimer ce Tomb Raider.
Lors des premières vidéos de gameplay, j'ai pleuré, et j'en ai presque voulu que le projet périclite.
Lorsque je m'y suis lancé, je n'avais plus aucun espoir, et j'étais bien décidé à lui mettre 4.
Mais, mes frères, la vérité m'a explosé en plein visage au milieu de mon aventure, criante, agréable.
On m'avait menti.
Alors, mes frères, ne vous fiez pas aux marketeux. Si vous désirez vivre une belle aventure, prenante, pleine d'amour et d'exploration intelligente et jouissive, je ne peux que vous le conseiller.
Si vous en attendez un Uncharted-like, passez votre chemin, les phases reprises à Nathan Drake étant de loin les moins réussies du jeu. Celui-ci a trouvé une autre voie, qui est la sienne. Je n'ai pas du tout joué à TR comme je joue à Uncharted. Mais vous pourrez le faire, si le cœur vous en dit. A vos risques et périls. Car malgré leurs points communs, les deux jeux ont des visées totalement différentes.
Mes frères...
... J'ai rarement autant aimé avoir tort.