"Fedex".
A lui seul, ce mot permet de résumer grossièrement ce jeu. Ah, et "cochon" aussi.
Dans Tombi!, sorti sur Playstation en 1997, le joueur incarne le jeune Tombi (sans point d'exclamation cette fois-ci), un garçon sauvage au cœur sur la main puisqu'il ne pourra simplement pas s’empêcher d'aider la totalité des gens qu'il croisera sur sa route.
A la base bien décidé à retrouver le bracelet de son grand père volé par un des cochons venus récemment envahir son île, le garçon aux cheveux roses se verra donc chargé d'un total de 130 mini quêtes "Fedex", l'obligeant par exemple à apprendre à nager auprès d'un singe au ventre vide en échange d'un jus de bananes, bananes qu'il faudra d'abord trouver puis amener à une autre PNJ pour qu'il puisse les transformer en jus. Dans la plus part des RPG classique, ce genre de quête est souvent pénible et très vite lassant. Alors pourquoi cela fonctionne si bien dans Tombi!?
Parce que le jeu est parfaitement équilibré et très intelligent. Véritable mélange de sidescroller/plateformer teinté de quelques mécaniques de RPG pas déplaisantes, Tombi! est un Metroidvania, un de ces jeux aux zones connectées les unes avec les autres mais devenant accessibles en fonction des nouvelles capacités du personnage. De ce fait, le backtracking imposé par les quêtes est récompensé. En donnant au joueur un prétexte pour revisiter les anciennes zones avec ses nouveaux objets, l'exploration est fluide et on se surprend bien souvent à découvrir de nouvelles quêtes pendant qu'on cherche à en résoudre une autre, ce qui donne l'agréable sentiment d'avoir toujours quelque chose à faire ou quelque chose à trouver: une amélioration de point de vie, un objet ouvrant de nouvelle porte ou même une nouvelle arme (boomerang, fléau d'arme, grappin)!
Et des armes, Tombi en aura bien besoin. L'île du héros est en effet envahie par 8 "vilains cochons" magiques (le grand méchant et ses 7 sbires), ayant maudit une zone et ses habitants. Les locaux de la jungles sont devenus agressifs, les habitants du village Bacchus sont devenu des chapeaux sur pattes, le lac est asséché, ... L'univers enchanteur de Tombi!, sublimé par sa 2D qui n'a pas à rougir même en 2016 et ses musiques d'excellentes factures, est varié et semble tout droit sorti d'un compte. Le joueur côtoiera cochons volants, phoenix, nains, singe parlant, cochons fantômes et autre tribu aborigène. De plus, chaque "monde" existe en deux versions plus ou moins différentes, puisque chaque zone regagnera son état normal une fois son boss trouvé et vaincu. Les habitants retrouveront leur état normal, offriront de nouvelles quêtes et les musiques seront même ré-arrangées pour l'occasion!
Les boss d'ailleurs sont malheureusement beaucoup trop simples et expédiés en quelques dizaines de seconde, alors que la difficulté globale du jeu est pourtant bien maîtrisée. Certaines phases de plateforme demanderont toute votre attention pour ne pas perdre de vie, sans toutefois jamais se montrer injustes ou frustrantes.
Bref, Tombi! sur Playstation est un petit bijou, injustement ignoré à sa sortie (même si beaucoup ont eu droit à un CD de démo) alors qu'il fait partie des meilleurs jeux de la console.
Varié, beau, enchanteur, atypique et sans défaut majeur, ce titre n'a pas vieilli et est toujours aussi plaisant à jouer, même en 2016, entre deux quêtes Fedex lassantes de Fallout 4 :)