Veni, Vidi, Vici

Le jeu est monstrueusement difficile - mais c'est plaisant : pas tellement dans les faits, parce qu'en mode facile, vous pouvez remporter d'éclatantes victoires mais parce que la suprématie sur un monde si vaste est extrêmement lente. Il faut faire des choix, se méfier d'alliés trop complaisants, parvenir à gérer les guerres fratricides voire civiles entre les différentes familles d'une même faction, éviter les espions, contenir les rebellions, développer les compétences des armées et en les entourant de généraux charismatiques, faire des recherches dans les bons domaines pour vous assurer suprématie militaire et confort économique, donner des orientations économiques ou sociales aux provinces que l'on contrôle, gérer la répartition des infrastructures, savoir être clément ou impitoyable avec la population; bref un grand nombre de facteurs qui nécessitent constamment de se projeter plusieurs tours en avance.

Les batailles peuvent être complexes aussi : vous pouvez complètement rater un siège si vous ne réfléchissez pas à votre plan d'action, au contraire vous pouvez tenir à 1 contre 5 si vous savez où vous positionner lorsque vous défendez vos murs. La connaissance des unités du jeu - y compris celles des ennemis est donc primordiale. Y a de quoi faire car y a des dizaines de peuples et des centaines d'unités. La diversité des terrains, des villes (gigantesques parfois, même si pas mal se ressemblent, elles varient selon les régions et les civilisations), des campagnes et la possibilité de lier batailles navals et assauts terrestres permettent une infinité d'initiatives et de stratégies en tout genre. Ajoutez à cela le mode escarmouche, où vous pouvez fondre sur l'ennemi et le massacrer à bout portant, assez jouissif !

Le top consiste à revivre les grandes batailles de l'Antiquité, ou conquérir la Gaule en marchant sur les pas de César. Mieux, on peut renverser les choses : prendre d'assaut Rome, extraordinairement défendue et armée, en plus d'être assez immense, massacrer des légions entières ou décimer des hordes de barbares sanguinaires en les poursuivant avec des chiens et une cavalerie lourde. Le jeu suit les évolutions historiques et casse les clichés, en montrant justement des peuples européens très bien organisés et armés et donc pas de simples barbares. Le jeu se permet aussi quelques blagues pour les fans, comme par exemple dans le mode "grande campagne" où Jules César est jouable en tant que général romain et où on peut choisir comme auxiliaire, Titus Pullo, le personnage de la série Rome ! - petit hommage sympathique. La possibilité de suivre une unité sur le champ de bataille permet une véritable immersion et chaque personnage est animé différemment. Vraiment excellent sur ce point.

Réaliste à l'extrême tant il y a de détails, et pourtant très ouvert le jeu offre des dizaines d'heures d'affrontement et de domination du monde. Probablement le plus abouti des Total War. Graphiquement, c'est très beau mais beaucoup trop gourmand. Quelques petits détails sont parfois agaçants : le combat de rue dans les villes n'est pas mis en avant, je trouve ça dommage, ça aurait pu être encore plus dément. Le tour-à-tour est très bien mais du fait du très grand nombre de factions, c'est long ! De plus, toutes ne sont pas jouables. On peut aussi regretter l'absence de considération diplomatiques et politiques plus fines : pourquoi ne pas proposer des mesures plus tordues comme les triumvirats, les mariages entre les différentes factions, ou encore des mises à mort, crucifixions et compagnie pour être encore plus menaçant ? Enfin, quelques beugs de textures peuvent parfois nuire au plaisir total, mais globalement Rome Total War II est un jeu de stratégie très abouti, jouissif, complexe, très sérieux et rigoureux dans sa manière de traiter le sujet sans pour autant être barbant.

Ce jeu réjouira les fans d'histoires et de stratégies.

Pour résumer : comme disait Alain Chabat dans Mission Cléopâtre : Civis Pacem Parabellum, qui veut la paix prépare la guerre !