Shogun 2 ce n'est pas un, mais deux jeux.
Une partie solo d'abord : et sans grande surprise, c'est la même recette. Je sais que c'est dans les vieux pots que l'on fait le meilleur riz, mais la bouffe a tendance à rester collée au fond.
Pour les néophytes des Total War : le joueur dirige un clan japonais avec 1 ou 2 régions de départ, et son objectif sera de conquérir une partie ou toute la map par la voie diplomatique (pour les lâches) ou par le sang (pour les tarés). On gère son petit empire naissant au tour par tour sur une carte stratégique, et quand on rencontre une armée belligérante, on est projeté sur un champ de bataille pour de la grosse castagne en 3D temps réel.
Je suis bien conscient que le jeu est axé grand public et je ne souhaite aucunement l'évolution de la franchise en jeux à la Paradox (Hearts of Iron...), mais quand même je trouve qu'avec le temps on pourrait avoir des mécanismes de jeu un peu plus évolués. Il y a certes quelques bonnes idées comme la gestion des stocks de nourriture ou les bâtiments spécialisés requis pour la production d'unité ou accordant divers bonus, mais au final le jeu se résume toujours à qui aura la plus grosse armée, i.e. le plus de stacks de troupes se baladant sur la map.
Un nouveau mode de difficulté a fait son apparition : le mode légendaire. Les stats d'achievement me montrent que seulement 0.6% des joueurs en sont venus à bout, j'en avais conclu que l'IA dans ce mode devait être bien vicieuse et former des alliances dans l'ombre, opérer des coups de grosse catin ou gérer ses ressources à merveilles... que nenni. En fait le jeu lui file 10000000000000000 de dollars japonais et tu dois te démerder contre des nations qui ont chacune 3 fois le nombre de tes troupes, et des hommes boostés au moral lors des batailles, évidemment. J'en suis finalement venu à bout, mais ça m'a dégouté du mode solo. Et ce n'est pas ce système idiot du shogunat qui déclenche une coalition géante contre toi (alliés de looooongue date compris) dès que tu dépasses un certain nombre de régions qui arrange les choses. Et je rajoute que les batailles navales m'ont totalement laissé de marbre.
Bon par contre c'est beau. C'est beau sa grosse race même. Peut être un poil trop lumineux et propre (c'est la guerre bordel !) mais les animations des unités sont hallucinantes de par leur nombre et leur qualité, tout comme le sont les effets météo (pluie, neige, vent, orage, etc.) et l'ambiance sonore. Et en plus le jeu est plus stable qu'Empire et Napoléon. Bon point également pour les batailles de siège qui ont le mérite de ne plus me faire cliquer sur le bouton résolution automatique.
Du coup le solo, on oublie. Reste alors le 2° jeu : le multi. Et là c'est déjà mieux. Le système de personnalisation de notre général et de son armée (capacités et esthétique) ainsi que la gestion du coût de cette dernière (plus elle forte, plus elle est chère, logique) est une bonne idée. Tout comme le système de vassaux accordant bonus à notre armée ou malus pour l'ennemi. Comme pour Rome ou Medieval, on a un basique système de pierre-feuilles-ciseaux : épées battent piquiers, piquiers tapent chevaux, chevaux piétinnent épée. Et puis dedans y a aussi des archers qui tapent sur tout le monde (et le monde le leur rend bien) ainsi que, moins heureux, des unités armées de fusils. Ces dernières ont une légère tendance à favoriser le plantage de tente sur une colline de la part du général adverse mais bon, on fait avec.
À noter également un système de championnat de clan que j'ai la flemme de détailler (mais c'est bien foutu) et la possibilité d'une campagne en coop avec un pote (ou en adversaire). Pas mal de bugs à la sortie, on commence à être habitués, et, plus grave, un ignoble DLC (que j'ai acheté, évidemment) alors que le jeu n'était manifestement pas encore terminé.
À part ça c'est du tout bon, pour peu que l'on ferme les yeux sur un système de matchmaking codé par Gérard de la compta qui te sors des adversaires pas du tout adaptés à ton niveau (les niveaux 1 -plus faibles- versus niveaux 10 -plus forts- étant monnaie relativement courante), ainsi que des joueurs pas vraiment tous fair-play, mais ça il y en a partout.